Pierre Luc Bartoli, ou quand le mouvement rencontre la poésie…
Artiste perfectionniste, il confie qu’il détruit 70% de sa production, ne gardant que ce qui se révèle à lui comme une œuvre digne de ce nom : on peut donc lui faire confiance et se laisser pénétrer par ses toiles de qualité qui ne manqueront pas d’éveiller chez le spectateur, qu’il soit initié ou non, toute sorte de sentiments.
L’artiste au travail découvre lui-même, attentif, le devenir de ses tableaux. Une façon d’œuvrer rêvée par tout un chacun : opérer seul à quelque chose qui nous dépasse, créer avec son instinct, se faire confiance, et être surpris par ce que son propre travail peut engendrer.
En découle pour le spectateur une communication d’imaginaire à imaginaire, une liberté qu’il faut savoir apprivoiser. Un seul conseil, donc, face à ses œuvres : Ecoutez-les biens…
Les œuvres
Refusant la narration, Pierre-Luc Bartoli nous livre des œuvres qui heurtent nos affects pour cheminer lentement vers notre conscience et nous chuchoter mille et une histoires qui resteront entre nous-mêmes et la toile, puisque le parti pris de l’auteur est bel et bien de ne pas diriger le sentiment esthétique chez le spectateur mais de laisser ses toiles vivre leur propre vie. Pourtant, il ne s’agit pas de peinture abstraite à proprement parler, elle se rapproche plus des expressionnistes. Le peintre nous confie d’ailleurs que les artistes qui l’ont marqué sont en particulier les expressionnistes viennois, les peintres de la gestuelle tels que Daumier, Ensor ou Bacon, ou encore Cecily Brown, Philippe Pasqua, Ronan Barrot… Sans compter son artiste phare, Schiele.
Les personnages représentés paraissent tout droit sortis de contes de fées malicieux. Ils sont intemporels, et universels. Comment de tels personnages peuvent ils être créés sur ces toiles ? Pierre Luc Bartoli utilise pour la plupart des scènes de genre qu’il mentalise, puis il les reproduit, dans son atelier, de façon purement instinctive, ce qui a pour effet de reproduire, au-delà des formes, des décors, des personnages, des impressions toute particulières. Ainsi l’on assiste à des peintures vivantes, notamment grâce à une reproduction du mouvement qui est chère à l’artiste, si l’on en croit les thèmes abordés : fumée, rames de métro confondues par la foule, piles de livres gargantuesques, tous ces sujets contribuent à évoquer une ronde infernale et un baroque grimaçant. Les mouvements des personnages représentés sont tels qu’ils paraissent parfois vouloir s’échapper de la toile, et la connexion esthétique est très rapide avec eux, presque fusionnelle.
Dans les multiples thèmes évoqués, on peut citer les scènes de métro développant les mouvements de la foule mêlés à celui des wagons. On y découvre des personnages pressés, tantôt souriants, tantôt moroses, dans une ambiance confinant à l’oppression, où est révélée la folie des personnages. Les thèmes des livres et des kiosques à journaux constituent une rupture avec l’imaginaire collectif, car il est presque traité ici à la façon des portes ou des escaliers dans les cauchemars : des tourbillons de livres ou de journaux submergent les personnages représentés qui font penser à des naufragés dans cette mer de papier.
On attend donc avec impatience la prochaine exposition de Pierre-Luc Bartoli, qui travaille actuellement sur des scènes de boite de nuit et de nus.
Sophie Thirion
Expositions
Après une série de petites expositions en province où l’artiste est né et aux Antilles, PL Bartoli a exposé dans plusieurs salles parisiennes :
– Décembre 2002 : Galerie Seltzer-Lejeune XIe arrondissement
– Novembre 2003 : Grenier des Grands Augustins, siège du CNEA
– Mars 2005 : deuxième exposition au CNEA
– De 2005 à 2007 : expositions régulières à la galerie Eve Ducharme, à St Barth aux Antilles.
– Décembre 2008 : Casino de Paris
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...