Michael Kenna – Rétrospective à la BNF
Centrale nucléaire, usine, mer, arbres, jardins, villes… Les photographies de Kenna démontrent avec élégance et délicatesse que la beauté est présente partout et à chaque instant. Dans cet hymne à la splendeur des paysages, la présence de l’homme n’est qu’allusive, évoquée par ses réalisations architecturales, ou par les conséquences de son activité sur la planète. Sous l’objectif de Kenna, chaque paysage semble noyé dans un silence précaire, enveloppé par une poésie sibylline qui laisse une large place à la rêverie du visiteur. Les contrastes et les jeux de lumières confèrent une sensation d’intemporalité à ces clichés sombres et mystérieux où l’homme brille par son absence.
« Géométries urbaines ». De New York à Shanghai en passant par Prague ou Paris, Kenna photographie toutes les villes du monde pour en restituer leur beauté géométrique, alchimie parfaite entre courbes langoureuses et lignes droites fuyantes.
Comme le pont de Brooklyn qui déchire le ciel ouaté de New-York pour rallier Manhattan, sous l’œil indifférent des buildings. De nuit, ces prises de vue donnent une impression de lutte entre la nuit noire qui s’étend sur la ville et la lumière des bâtiments ou des lampadaires, symbole de la présence humaine qui tente de résister à cette inéluctable obscurité.
« La mer ». C’est certainement dans la série de photos consacrée à la mer que la sensibilité artistique de Kenna s’exprime le mieux. Symbole d’une poésie simple et secrète, ces clichés sont une invitation à l’évasion. Le ciel, blanc et calme ou au contraire noir et menaçant, joue un rôle majeur dans la puissance suggestive de ces visions enchanteresses. A l’image de cette matinée chinoise, où le ciel, tiraillé entre ombre et lumière, contemple la brume océanique qui se fraye un chemin entre les rochers dans une atmosphère mystique.
« La ligne et l’étendue ». Horizons infinis et perspective profonde, les paysages photographiés par Kenna apparaissent immenses et envoutants. Que ce soit avec de grandes étendues recouvertes de neige, le désert marocain ou encore des prairies à perte de vue, l’artiste joue avec les reflets, les ombres, repoussant sans cesse la ligne d’horizon.
Au cours de ses périples, Kenna a également photographié les vestiges de civilisations ancestrales. Pyramides mayas ou égyptiennes, statues inquiétantes de l’Ile de Pâque, chaque merveille est représentée dans un décor épuré, soulignant la magnificence de ces lieux où le temps ne semble pas avoir de prise.
« Extrême-Orient ». Dans la période la plus récente de son œuvre, Kenna s’est essentiellement consacré aux pays asiatiques. De ses voyages en Chine ou au Japon, l’artiste a rapporté des clichés plus stylisés, quelques fois même abstraits, comme cette frêle palissade qui serpente sur une colline japonaise tapissée d’un manteau neigeux éclatant. De ces photos s’exhalent un sentiment de solitude et de tranquillité. Rien ne semble pouvoir venir troubler la quiétude de ces lieux, allégorie parfaite de la sérénité innée à ces contrées d’Extrême-Orient.
Sous l’œil de Michael Kenna, chaque paysage, qu’il soit naturel ou urbain, révèle aux visiteurs sa poésie silencieuse et énigmatique. La beauté exquise de ces lieux déserts fait que chaque paysage apparaît infini et immuable, tel un fragment d’éternité…
Julien Brossard
Michael Kenna – Rétrospective
Jusqu’au 24 janvier 2010
Du mardi au samedi 10h-19h
Jeudi 10h – 22h (à partir du 29 octobre 2009)
Dimanche 12h-19h
Fermé lundi et jours fériés
Renseignements et réservations : 01 53 79 49 49
Entrée : 7 euros, tarif réduit : 5 euros
BnF – Richelieu
58 rue de Richelieu, Paris 2e
Métro : Bourse, Palais Royal, Pyramides
Toutes les informations sur le site de l’exposition.
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