Larry Clark – polémique
« Que pensez-vous de la polémique sur l’exposition Larry Clark ? » Voici une question de la plus grande importance à l’ouverture de Kiss the past Hello au musée d’Art moderne de la ville de Paris. La première interdiction en date depuis la création de la loi en 2007 sur la défense des mineurs à la vue d’images à caractères violents ou pornographiques, s’abat sur les photographies de Larry Clark. La mairie de Bertrand Delanoë a donc pris la décision d’interdire au moins de 18 ans l’exposition, jugeant pornographiques certaines photos montrant des adolescents nus, se droguant et ayant des relations sexuelles.
Le scandale ne s’arrête pas aux clichés mais s’empare de l’artiste et de son œil voyeuriste vis-à-vis des prises de vue sur ces adolescents nus. De ce point de vue, il est certes délicat de savoir jusqu’où peut-on aller dans l’art sans dépasser la limite. Mais l’exemple de cette exposition remet à nouveau au grand jour ce type de questions : qu’est-ce qui choque ? Qu’est-ce qui peut être vu ? L’exemple 60 ans plus tôt de la sortie controversée de l’ouvrage Lolita de Wladimir Nabokov traitait de ce même problème de pédophilie. Reconnu comme grand chef-d’œuvre aujourd’hui, il continuera encore pendant de longues années à révolter certaines personnes.
Ce qui est incohérent dans cette censure, c’est que les photos de Larry Clark ont déjà été exposées à la maison Européenne de la photographie à Paris. Qu’est-ce qui a changé en si peu de temps ? La polémique captive la presse qui, comme le quotidien Libération ouvre son édition la veille de l’exposition avec en première page une photo lascive de l’artiste, s’indignant sur la censure établie. Au fin fond de ce débat interminable sur l’ébranlement de certaines photos qui constituent une petite partie de l’exposition, on ne parle pas du reste de l’exposition que l’artiste dévoile : les bas-fonds d’une jeunesse américaine qui vit dans la violence et la drogue… qui semblerait être un sujet plus grave que la découverte de leur sexualité. La fonction médiatrice du musée est alors précieuse pour montrer certains sujets au public inabordable ailleurs, sur l’évolution de la société, le monde dans lequel nous vivons perçu par le regard d’un artiste. Que ce monde soit bon ou mauvais.
Elise Besnier
Lire aussi sur Artistik Rezo, Larry Clark, une leçon de cinéma.
Kiss the past hello
Du 8 octobre 2010 au 8 janvier 2011
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Informations : 01 53 67 40 00
Tarifs : 5 euros, réduit : 3,50/2,50 euros ; Interdit au moins de 18 ans
Musée d’art Moderne de la ville de Paris
11 avenue du Président Wilson
75116 Paris
Métro Alma-Marceau ou Iéna
Articles liés
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...