Izis – Paris des rêves – Hôtel de ville de Paris
Jusqu’au 29 mai 2010
L’œuvre d’Izis, photographe appartenant au mouvement humaniste, est injustement méconnue. Sélectionné en 1951 aux cotés de Brassaï, Doisneau, Cartier-Bresson et Ronis pour l’exposition « Five French Photographers » au musée d’art moderne de New York, Izis est un véritable poète de l’image. Amour, tristesse, nostalgie, ironie… les photos d’Izis débordent de sentiments aussi variés que son travail est riche et original.
« On me dit souvent que mes photos ne sont pas réalistes. Elles ne sont peut-être pas réalistes, mais c’est ma réalité ». Izis Bidermanas, né en Lituanie, a utilisé la photographie pour se créer son propre monde, cocon ou le rêve et la poésie s’enchevêtrent harmonieusement pour s’ériger en barrage contre la triste réalité.
Un monde dans lequel ceux qu’il photographiait — amoureux, enfants ou miséreux — se substituaient à sa véritable famille, victime du massacre antisémite lors de la Seconde Guerre mondiale. Ses premiers clichés artistiques furent d’ailleurs ceux de maquisards, après la libération de Limoges en août 1944. Des portraits bruts, d’une éclatante simplicité, qui marquent la naissance d’Izis en tant qu’artiste.
Ce travail de portraitiste, Izis va le poursuivre tel un fil d’Ariane tout au long de sa vie. Reporter à Paris Match, il devient rapidement le spécialiste du portrait de personnalités : Camus, Aragon, Eluard, Chagall… Izis photographie tout le milieu artistique parisien pour en tirer des clichés à la puissance évocatrice éloquente. Comme ce portrait de Roland Petit, habité par la concentration, qui mime son métier de chorégraphe avec ses doigts…
Exilé à Paris, « ce paradis européen », depuis 1930, Izis va attendre l’après-guerre pour immortaliser son Paris des rêves. Déambulant dans les rues des quartiers populaires, arpentant les quais de Seine, l’artiste va photographier l’amour autant que la misère. De ces deux amoureux prisonniers de leurs sentiments s’embrassant sous le pont des Arts à ce vagabond recouvert de feuilles aussi mortes que ses songes passés, Izis photographie la vie avec pudeur et justesse. La joie et l’insouciance de l’enfance ou la détresse des hommes abîmés par le temps.
Chaque photo, à la fois grave et touchante, est baignée d’un romantisme candide. Rêveur, Izis livre une vision beaucoup plus poétique que réaliste de sa ville d’adoption, lui conférant une beauté rare et émouvante.
Parcourant les rues de Londres avec son ami Jacques Prévert, Izis photographie l’envers du décor d’une ville encore traumatisée par la guerre. Ambiance brumeuse et obscure quand un homme attend le bus enserré par le brouillard nocturne, ou au contraire joyeuse et animée à la veille du couronnement de la reine Elisabeth II, Londres est une ville à deux visages : entre douloureux souvenirs et futur prometteur…
En 1952, Izis est envoyé en Israël pour Paris Match. De ce pays qui le fascine, le photographe rapportera des clichés plus humanistes, mais aussi plus mélancoliques. A l’image de ce jeune garçon, pieds nus, attifé d’une veste en lambeaux, les cheveux hirsutes et le sourire rayonnant, portant son petit frère devant une étendue désertique…
« Paris des rêves » est une exposition complète qui rend un hommage mérité à Izis, photographe rêveur dont l’œuvre, esthétique, sensible et poétique, est d’une diversité et d’une qualité qui mérite d’être connue.
Julien Brossard
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Izis – Paris des rêves
Jusqu’au 29 mai 2010
Tous les jours de 10h à 19h sauf dimanches et jours fériés (dernière entrée : 18h15)
L’exposition Izis n’ouvrira qu’à partir de 13h30 les mardis 2 et 30 mars.
Entrée libre
Hôtel de Ville – Salle St-Jean
5, rue Lobau
75004 Paris
M° Hôtel de ville
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