Lucien Clergue, entre nus et nature – musée Marmottan Monet
Le cadre est exceptionnel pour Lucien Clergue. Ses clichés côtoient les plus beaux tableaux de Claude Monet, alors qu’il considère le peintre comme « une source d’inspiration ». La série « Le marais d’Arles, étang de Sassi », réalisée en 1959, s’accorde effectivement à merveille – malgré le noir et blanc – avec les Nymphéas de Claude Monet. Dans le travail de Lucien Clergue, la même sérénité, la même plénitude, entourent les bois morts pris dans les eaux stagnantes et vaseuses. Les tirages argentiques confèrent en plus à l’onde une apparence mystique.
Le grand format de la photographie « Soleil sur l’eau » atteint l’apogée du parallèle avec Monet. Alors que les flots limpides laissent deviner un lit de rochers lisses et froids, les rayons de l’astre solaire dansent sur la surface tels des filaments incandescents, frétillants, ivres, libres de dessiner sur l’eau l’expression de leurs désirs. Plus que jamais, ces effets renvoient les tressaillements et les entrelacement picturaux de Claude Monet. La folie flamboyante des reflets griffant l’espace liquide s’approche également d’un thème cher au peintre.
Poète photographe
Lucien Clergue expose une autre série au musée Marmottan Monet. Des clichés prodigieux de « nus » s’étalent aux pans d’une salle rectangulaire : sur la plage ou dans la mer, les vagues assaillent les corps féminins étendus, avant de s’éclater contre ces falaises sensuelles. L’eau valse, s’envole, recouvre la grâce impassible des Vénus pour la préciser comme le ferait une loupe. Relevant le grain de la peau et fluidifiant le galbe des silhouettes.
Plus paisiblement, une nymphe s’étend dans une crique peu profonde. Les scintillements du soleil sur l’eau semblent dresser pour elle un lit de mille carats éblouissants. Osant même la coquetterie jusqu’à placer un diamant au creux de ses reins. Jean Cocteau intervient alors par le biais d’un document de 1960, pour célébrer Lucien Clergue, le « poète photographe ».
Lucien Clergue parvient effectivement par sa sensibilité à exposer le lyrisme des paysages de son enfance. Ses puissants « nus » de la mer accentuent de leur côté les épanchements luxurieux du corps humain.
Cyril Masurel
Lucien Clergue, Yann Arthus-Bertrand, deux photographes académiciens
Jusqu’au 20 septembre 2009
Tous les jours de 11h à 18h
Nocturne le mardi jusqu’à 20h30
Fermé le lundi
Plein tarif : 9 euros // Tarif réduit : 5 euros
Gratuit pour les moins de 8 ans
Musée Marmottan Monet
2, rue Louis-Boilly, Paris 16e
M° Muette // RER Boulainvilliers
[Visuel : travail personnel de Sailko. Licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée)]
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