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Art Paris s’affirme : Entretien avec son commissaire général Guillaume Piens

25 mars 2014
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Art Paris s’affirme : Entretien avec son commissaire général Guillaume Piens

Le 25 mars 2014

Art Paris s’affirme : Entretien avec son commissaire général Guillaume Piens. Après avoir dédié la précédente édition à la Russie, Art Paris Art Fair met cette année la Chine à l’honneur, et accueille 140 galeries internationales originaires de vingt pays. À quelques heures du lancement de l’édition 2014 Art Media Agency s’est entretenu avec le commissaire général Guillaume Piens.

Pouvez-vous nous présenter la sélection d’Art Paris Art Fair 2014, le comité de sélection est-il le même que lors de la précédente édition ?

Nous avons cette année été rejoints par Diane Lahumière, que nous sommes ravis d’accueillir pour la partie Moderne. En termes de sélection, nous avons cette année 43 % de nouvelles galeries, avec un nombre d’exposants étrangers toujours en croissance, qui est aujourd’hui de 50 %.

L’évènement s’internationalise avec une géographie différente, qui regarde vers l’Est, en choisissant des projets qui nous semblent cohérents. Face à la démultiplication des foires, nous devons revendiquer cette différence. Plus que jamais, le fait d’être local et régional est primordial car, à la fois c’est important de regarder ce qui se passe à l’international, mais, si l’on fait plusieurs heures d’avion pour venir à Paris, il faut sentir qu’il y a une scène française. Beaucoup de foires veulent s’alimenter avec les mêmes artistes et les mêmes galeries. Il y a beaucoup de suivisme, et nous revendiquons notre différence. Celle-ci se retrouve à plusieurs niveaux.

Nous axons notre travail sur des thématiques, nous aimons approfondir un sujet, affirmer des directions qui sont complémentaires et non supplémentaires. Cela se concrétise par la mise en avant du design contemporain, par de jeunes galeries de moins de cinq ans auxquelles nous donnons une chance d’être au Grand Palais — nous finançons 50 % du prix de leurs stands —, par une section qui concerne le livre et l’édition d’art et évidemment un pays invité. Et il ne s’agit pas uniquement des galeries de ce pays, puisque cette année nous présentons une collection d’art contemporain française qui dévoile sa collection d’artistes chinois, une installation de Zhang Ding, qui est une pièce majeure, une pièce de biennale — et une conférence avec Karen Smith et Uli Sigg, des intervenants très importants sur la scène chinoise et qui viennent à Paris. Il y a également des performances, dont celles de Li Wei, Wang Kai Cheng et Yigal Ozeri avec la Galerie Dukan. La pièce majeure de Liu Bolin accueillera quant à elle les visiteurs devant le Grand Palais.

Comment s’est passée l’organisation avec la Chine ?

Cela a été un long voyage de préparation, nous y travaillons depuis longtemps. Ce n’est pas un projet opportuniste, et ce n’était au départ pas lié aux célébrations des cinquante ans de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine. C’est dans l’air du temps de parler de la Chine,  l’Armory Show a fait un focus sur la Chine —, mais ce choix fait partie de notre stratégie qui nous amène vers l’Est. Nous avons commencé avec la Russie l’an dernier et il est évident qu’il fallait mettre en avant la scène asiatique. Il y a une réévaluation de la scène chinoise, dont notre vision est souvent datée. C’est donc intéressant de parler des nouvelles générations nées dans les années 1960-1970, qui n’ont rien à voir avec la génération née dans les années 1950 et qui a développé cet art qui est maintenant qualifié de « chinois », un mélange d’images de propagande, de slogans politiques, mixés à une esthétique pop. Aujourd’hui nous sommes dans quelque chose de totalement différent.

Nous avons des galeries historiques, Xin Dong Cheng Gallery (Pékin), 10 Chancery Lane Gallery (Hong Kong), ifa gallery (Bruxelles, Shanghai), mais également deux galeries de photos qui sont les meilleures, M97 Gallery (Shanghai) et Blindspot Gallery (Hong Kong), ce qui est un moyen de mettre en lumière le rôle des nouveaux médias dans la scène chinoise. Nous sommes également ravis de faire découvrir pour la première fois sur la scène internationale la Red Bridge Gallery (Shanghai), qui est une très grosse enseigne en Chine. Nous voulions montrer une variété de structures. Dans la partie promesse nous avons ON/gallery (Pékin) et Jiali Gallery (Pékin) qui sont de toutes nouvelles galeries. Nous accueillons également la Feizi Gallery Shanghai I Brussels (Bruxelles) , qui est une des galeries les plus pointues sur la scène chinoise au niveau de la performance. Il y a une énergie, un essor qui est incroyable, les galeries sont d’immenses structures, c’est une scène qui rivalise avec New York.

Il y a eu un long travail de liaison, de communication, beaucoup de gens vont se déplacer. Il y a un lien entre la Chine et Paris qui est très fort. Il y a un lien historique, une relation franco-chinoise très importante. Nous avons fait un important travail de liaison sur la Chine à Paris. Le musée Cernuschi a invité des artistes chinois à investir ses collections pendant Art Paris. Il y a beaucoup de résonnances. L’on peut également penser à « Modernités Plurielles », l’accrochage du Centre Pompidou, qui parle du legs de ces artistes chinois qui sont arrivés à Paris après 1911, après la révolution chinoise, pour s’initier au modernisme occidental. Depuis il y a eu ces vagues successives d’artistes chinois qui sont venus s’installer à Paris. Je pense qu’il y a une véritable histoire à raconter à ce niveau-là. Ce n’est pas projet opportuniste.

Vous avez d’ores et déjà décidé vers quel pays vous vous tournerez l’an prochain ?

Nous avons toujours beaucoup d’idées, je ne peux en dire plus aujourd’hui, mais ce sera toujours vers l’Est. Nous sommes une foire européenne qui regarde vers l’Est. Nous avons un socle européen et il y a des territoires qui nous plaisent davantage que d’autres. Nous aimons parler des Balkans, d’Europe Centrale, de la Russie. Il y a ce fond européen qui est important, et nous sommes une foire d’art Moderne, donc il y a cette année l’ensemble des courants de l’Abstraction, géométrique, l’art concert, l’art cinétique. Cette année nous sentirons un fond russo-chinois, avec une dizaine de galeries russes qui reviennent. Il y a un lien qui s’est créé avec la Russie, qui va se faire avec la Chine et qui se fera avec d’autres pays. Nous voulons créer une histoire qui nous est propre, être complémentaires et non supplémentaires.

Quelles sont vos attentes en termes de fréquentation ?

Nous espérons plus de 50.000 personnes, mais nous avons plus de groupes de musées. Il y a un travail qualitatif qui a été fait à cet égard. Une Vip manager s’est déplacée à travers le monde, et le travail qui a été fait dans le cadre du parcours « Au Printemps à Paris » porte ses fruits. L’ensemble des visites sont complètes et nous faisons bénéficier à nos collectionneurs de visites de la foire, à raison de quatre par jour, qui sont également presque toutes complètes.

La présence des foires de Dessin en parallèle vous aide à créer une émulation ?

Absolument ! Je pense que sur un plan global, il est impératif de se fédérer de pouvoir proposer un programme riche aux gens qui se déplacent à Paris depuis l’étranger. Les gens sont limités en temps et en moyen et nous nous devons de proposer de plus en plus de choses. Le fait que l’on soit une foire généraliste, entourée de trois foires niches, spécialisées, est un plus pour Paris. Nous devrions même aller plus loin, créer plus de synergie !

Quelles sont les tendances que vous observez cette année ?

Parmi les tendances marquantes il y a ce réexamen, ce retour à l’abstraction géométrique, avec un ensemble de variantes, l’Optical art le Cinétique, et cette relation avec les jeunes artistes. Beaucoup réexaminent ces courants. L’art Brut est également très présent, trois galeries en présentent, c’est un courant qui s’est fortement institutionnalisé. Il y a également un réexamen des années 1980, un retour à la peinture, tous les mouvements néo-expressionnistes, la nouvelle école de Rome avec Pizzi Cannella ou Gianni Dessi. Enfin il y aura par ailleurs une grande présence de la photographie.

Art Média Agency

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