Architecture : un futur plus durable pour 2015 ?
Architecture : un futur plus durable pour 2015
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De l’envoûtante Fondation Louis Vuitton créée dans le Bois de Boulogne au damier de bois de l’Aspen Art Museum, l’année 2014 est riche en bâtiments novateurs et esthétiques. AMA s’est intéressé cette semaine au futur de l’architecture, qui passe par des constructions durables et respectant l’environnement, et aux nouvelles propositions qui verront le jour en 2015.
Les projets fleurissent à travers le monde Cette année a vu les stars de la discipline — Renzo Piano, Frank Gehry, Zaha Hadid — et les cabinets de premier plan —Diller Scofidio + Renfro, OMA Office for Metropolitan Architecture, BIG (Bjarke Ingels Group) — poursuivre leur domination. Les festivals, foires et biennales dédiés à l’architecture sont en plein essor, leur nombre augmente et ces événements attirent un public toujours plus nombreux. La Biennale d’Architecture de Venise, qui a cette année pour curateur Rem Koolhaas, a ouvert ses portes il y a quatre mois et réunit 65 pays. Les projets architecturaux, toujours influencés par l’organisation d’événements culturels, ont fleuri à Rio de Janeiro. La ville a en effet été la destination mondiale numéro un en 2014 — avec la Coupe du Monde de football — et le sera à nouveau en 2016 pour les Jeux Olympiques d’été, pour lesquels de nombreux bâtiments ont été conçus. Le Museum of Image and Design, réalisé par Diller Scofidio + Renfro, niché dans la colline, surplombant la plage de Cocopabana, illustre parfaitement la manière dont les architectes utilisent à leur avantage l’environnement. Parmi les autres projets menés actuellement par le cabinet, le Broad Museum à Los Angeles, l’expansion du MoMA à New York, et le Culture Shed, une construction de six étages jouxtant la High Line de New York et qui accueillera diverses activités culturelles. De l’autre côté de l’Atlantique, la firme britannique Assemble a été choisie pour réaliser la nouvelle Goldsmiths art gallery de Londres ; le cabinet OMA de Rem Koolhaas a en charge la réalisation de la Fondation Galeries Lafayette tandis que Renzo Piano a dévoilé la structure de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé dans le XIIIe arrondissement de Paris, décrite comme « un énorme tatou doté d’une carapace ». Autre projet d’envergure, celui du nouveau Nobel Prize Center de Stockholm, un projet pour lequel David Chipperfield Architects a été choisi dans une compétition opposant le cabinet à deux firmes suédoises. Au Moyen-Orient, Abu Dhabi continue à être le théâtre de projets de premier plan, réalisés dans le cadre du développement de la Saadiyat Island. L’antenne du Louvre sera achevée l’an prochain tandis que le Guggenheim — dessiné par Frank Gehry — attendra une année supplémentaire, et ouvrira ses portes en 2017. Ailleurs à travers le monde, en Chine, la Shanghai Tower — actuellement second building le plus haut du monde, culminant à 632 mètres — devrait être ouverte au public en 2015. Les prouesses réalisées dans la construction de ces différents bâtiments, notamment lorsque l’espace disponible n’est que vertical, portent aujourd’hui sur l’impact de ces réalisations dans des villes déjà très développées, incitant fortement les architectes à consacrer une place croissante de leurs recherches à la dimension durable de leurs bâtiments, et à proposer des alternatives plus soutenables pour l’environnement. Les architectes sont constamment rappelés à leur responsabilité de créer des bâtiments qui tout en conservant les mêmes caractéristiques pratiques, sont respectueux de l’environnement. Des solutions durables Afin de promouvoir et de sensibiliser à des formes d’architectures durables, de nombreux événements (conférences, foires, etc.) à travers le monde sont aujourd’hui dédiés à ces problématiques, nous rappelant constamment notre responsabilité de créer des bâtiments respectueux de l’environnement. Rio+20 to 2015: a New Architecture for a Sustainable New World (une Nouvelle Architecture pour un Nouveau Monde Durable) — a été organisée en 2013, en collaboration avec le National Defence Resources Council (NRDC) et l’Université de Yale, dans le cadre du plan Rio + 20. Parmi les objectifs de la manifestation, œuvrer pour « favoriser le développement d’une nouvelle architecture qui puisse être un moteur des changements profonds que nous avons besoin de mettre en place afin de nous assurer un avenir durable. » Alors que le développement des villes était autrefois considéré comme l’obstacle majeur à la lutte contre la pollution, aujourd’hui, tandis que la part de la population mondiale vivant dans des centres urbains ne montre aucun signe de diminution (en 2050, 7 personnes sur 10 vivront dans les villes), des stratégies sont en train de prendre forme pour faire de ces métropoles denses la solution. À l’avant-garde de ce plan se trouve la Communitas Coalition — en partenariat avec le Programme de développement des Nations Unies —, une organisation qui vise à « faire progresser l’urbanisation durable », et amener les villes à mettre en place des objectifs de développement durable (SGD). Les sept étapes de ce dispositif comprennent des objectifs visant à améliorer les « conditions de vie et de travail des habitants des zones rurales et urbaines en favorisant les synergies sociales environnementales et économiques entre ces différents espaces » et propose de « réduire les impacts environnementaux des villes et à améliorer les conditions environnementales urbaines ». Évidemment, les stratégies proposées par ces organisations sont à portée internationale. Les foires du futur Les foires faisant la promotion de l’architecture durable sont maintenant aussi nombreuses et prospères que les événements traditionnels. Ecobuild — le plus grand salon au monde dédié à la durabilité — accueille chaque année une manifestation qui aborde tous les aspects du green-building, où les architectes et les différents experts se réunissent afin de faire un point sur les dernières innovations. La prochaine édition, organisée du 3 au 5 mars 2015 – devrait attirer deux fois plus de participants que l’édition 2014, selon Alison Jackson, Directrice d’Ecobuild en charge de la durabilité et de la construction : « Au cours des dix dernières années, Ecobuild a renforcé sa position dans le marché de la conception durable pour la construction, la rénovation, aussi bien pour les bâtiments commerciaux que les habitations. » L’année 2015 sera également marquée par l’organisation de l’Exposition Universelle à Milan, qui se tiendra du 1er mai au 31 octobre 2015. Le thème, « Feeding the Planet, Energy for Life » (« Nourrir la planète, énergie pour la vie ») a vu quelques-uns des pavillons spécialement conçus pour l’événement intégrer cette philosophie basée sur l’efficacité énergétique. Un premier exemple est le pavillon de l’Italie, conçu par le Studio Nemesi & Partners Srl, qui dispose d’une « peau en treillis » réalisée par « i.active BIODYNAMIC», capable de capturer les polluants et de les transformer en sels. Le pavillon autrichien favorise également un lien sain entre l’environnement urbain et naturel. Intitulé « respirer », l’espace clos accueillera une abondante végétation originaire d’Autriche, permettant de produire assez d’oxygène pour subvenir aux besoins de 18.000 personnes. En incorporant une dimension écologique à des designs incorporant les dernières avancées technologiques, ces projets — vus par des millions de personnes — permettent de poursuivre le débat sur une architecture durable, en dehors du cercle des professionnels. Mettre ces objectifs en pratique En mettant en application ces innovations, de nombreux cabinets d’architectes proposent des réalisations de plus en plus durables. Le 3 septembre 2014, le cabinet Foster + Partners — en collaboration avec FR-EE (Fernando Romero Enterprise) et NACO NACO (Netherlands Airport Consultants) —, a remporté l’appel d’offres pour la conception du nouvel aéroport international de Mexico. Ce projet de 470.000 m2 vise à être plus grand aéroport, et le plus durable au monde. Plutôt qu’une structure classique, faite de plusieurs bâtiments, l’ensemble est composé d’une structure de voiles légères transparentes — ce qui permettra une économie en matériaux et en énergie — grâce à l’exploitation de l’énergie solaire et la collecte des eaux pluviales. En outre, la conception est certifiée « Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) » un système nord-américain de standardisation de bâtiments à haute qualité environnementale permettant de maintenir une température auto-régulée une grande partie de l’année. S’exprimant dans un communiqué de presse, Lord Norman Foster a expliqué à propos de ce projet : « La réinvention du terminal classique apparue dans les années 1990 avec l’aéroport de Stansted a été imitée dans le monde entier — c’est une première rupture avec ce modèle. Il s’agit d’une réalisation pionnière d’une grande portée, avec une seule enceinte dans l’aéroport, ce qui permettra d’atteindre de nouveaux niveaux d’efficacité et de flexibilité – et il sera beau. L’expérience des passagers sera unique. Sa conception permet à l’enceinte de s’adapter aux changements internes et permet une augmentation de la capacité. Le Mexique a vraiment pris l’initiative d’investir dans son aéroport national, et a compris son importance sociale et économique, en anticipant l’avenir. Il n’y aura rien de comparable dans le monde. » Cependant, loin d’être une tendance passagère, la durabilité est l’un des critères principaux de réalisation de certains bâtiments depuis de nombreuses années maintenant. L’American Institute of Architects Top Ten Green Projects scheme, récompense depuis 17 ans des bâtiments proposant une utilisation exceptionnelle de l’architecture durable. Parmi la dizaine de projets sélectionnés cette année ; le Sustainability Treehouse – une installation interactive et pédagogique conçue par la firme Mithun, basée à Seattle. Commissionné par les Boy Scouts of America, le bâtiment est situé dans la forêt de Summit Bechtel Reserve, en Virginie-Occidentale, et permet d’allier l’éducation environnementale avec un cadre fantastique pour ses occupants. La structure qui propose un niveau inférieur de 85 % à la National Median Energy Use Intensity (EUI), utilise des panneaux photovoltaïques, des éoliennes, et un grand système de citernes et de recyclage de l’eau, ainsi que la lumière naturelle grâce à une verrière. Les projets à suivre Qui sont les prochains pionniers de l’architecture durable ? Frank Murk, Doyen du New York Institute of Technology, a dévoilé à AMA les innovations clés à venir en 2015. Ancien élève de Rem Koolhaas et fondateur de sa propre firme, FR-EE, Fernando Romero est un architecte mexicain, internationalement reconnu pour le Soumaya Museum. Une tour de 46 mètres de haut recouverte de 16.000 carreaux d’aluminium, qui offre un design challengeant l’espace muséal classique. L’architecte a cette année collaboré au projet d’aéroport durable à Mexico — évoqué précédemment — avec Foster + Partners. FR-EE a également été à l’origine de diverses initiatives visant à promouvoir l’architecture mexicaine, dont une bourse d’étude – FR-EE Time. Dédiée aux architectes mexicains émergents âgés de moins de 35 ans, le programme offre l’opportunité de voyager et finance les recherches des lauréats. Parmi les autres architectes à suivre, Brooks + Scarpa. Considérés comme pionnier dans l’architecture durable, leur Colorado Court project à Santa Monica fut le premier projet « Multifamily » aux États-Unis à être certifié par le label LEED. La Solar Umbrella House en California, — la résidence du couple au design aujourd’hui célèbre — était une « version contemporaine du auvent solaire », dont les panneaux photovoltaïques permettent de fournir 100 % de l’énergie utilisée par le bâtiment. Sa conception globale et la dimension environnementale du projet lui ont permis de recevoir son second AIA Top Green Project award en 2006, une récompense parmi les autres reçues par le bâtiment. Cette année le projet a en effet reçu le Smithsonian Cooper Hewitt National Design Museum Award, tandis que le cabinet poursuit ses efforts dans la recherche de procédés architecturaux durables avec le SIX — un ensemble de logements abordables pour les vétérans qui sera construit au sein du MacArthur Park de Los Angeles. Permettant une économie d’énergie de l’ordre de 50 % en comparaison aux bâtiments du même type, le SIX sera achevé l’an prochain. Michael Loverich, diplomé de l’UCLA, a co-fondé une ferme aux designs expérimentaux — Bittertang — aux côtés de l’architecte Antonio Torres. Avec pour objectif d’apporter du sens de l’humour à l’environnement urbain, leur travail explore « la matière biologique, la condition animale, et les bébés ».Leurs projets inventifs et provoquants comprennent un Captive Bird’s Microcosm (un microcosme d’oiseaux en captivités) — une cage réalisée avec deux « U » dont l’intérieur est un habitat pour les oiseaux en captivité, et dont l’extérieur attire des oiseaux sauvages, Bucky Puff — une structure gonflable —, et une maison en cire pour un pop-up store de designers à New York. Avant de lancer Bittertang, Michael Loverich a travaillé pour Reiser + Umemoto et Snohetta. Comme le montrent ces divers exemples, le secteur est en pleine ébullition, grâce à des architectes dynamiques et modernes, prêts à ouvrir la voie à une révolution durable. Le nombre de projets est en forte croissance, et ceux-ci peuvent être réalisés très rapidement ; d’une part, grâce aux capitaux qui sont aujourd’hui alloués à ces projets innovants, et aux progrès technologiques. La demande mondiale en projets architecturaux — dédiés à la culture, au logement ou à l’industrie — ne montre aucun signe de ralentissement. La prise en compte de la pression exercée sur les ressources naturelles et les contraintes liées à l’urbanisation est alors primordiale, rend crucial que les architectes continuent à proposer des réalisations semblables à celles présentées dans cet article. Mais ce vœu devrait se réaliser dans l’avenir, l’architecture durable n’étant plus considérée comme une alternative, mais plutôt comme une attente… AMA – Art Media Agency |
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