Angelika Markul – Domaine départemental de Chamarande
Pour l’Orangerie du Domaine de Chamarande, l’artiste réalise une installation monumentale inédite, puisant sa source dans les cabinets de curiosités, les tableaux de chasse et les gisants médiévaux.
Forte de ses récents succès, l’artiste choisit ici de célébrer l’ensemble de son processus créatif par une démarche accumulative et commémorative, qui rappelle et célèbre le caractère précaire des existences et nos tentatives pour en garder la trace.
Panthéon éphémère, l’orangerie devient l’écrin des vanités de l’artiste. Elle y exhibe les trophées d’une activité incessante, faite de réussites et d’hésitations, traces tangibles d’une voracité rabelaisienne d’expérimentation. L’artiste redéploie sa grammaire des formes et ses matériaux de prédilection que sont le plastique, le néon, le béton, le feutre et la cire. Elle les expose avec ostentation, comme autant de symboles érigés en mémoire du chemin parcouru.
Le crépuscule de la fureur
L’espace est ici entièrement investi. Un imposant drapé de plastique s’érige et surgit du mur pour venir s’écraser sur le sol. Les jeux d’ombre sont accentués par la lumière franche des néons disposés ça et là. Le béton vient se faufiler entre les plis du plastique, où la lumière ne peut pénétrer, soulignant et immortalisant l’œuvre par sa lourdeur, sa pesanteur.
Au mur, de part et d’autre, des plaques de cire et de feutre sont agencées telles une galerie de portraits. La dimension organique de ces matériaux contraste avec la stérilité de ceux qui nivellent le sol. L’œuvre se fait métaphore d’un réseau trophique où chaque élément maintient la cohérence et la stabilité de l’ensemble. Alternant entre le vertical et l’horizontal, l’ancien et le nouveau, les formes s’entremêlent pour créer un ensemble unique, sublimé par le bain de lumière ocre d’un coucher de soleil qui s’étirerait indéfiniment. Cette anticipation de la pénombre plonge le visiteur dans une intimité troublante, un cocon néanmoins bienveillant où bouillonne une fureur de vivre.
Une métaphore de la pratique artistique
Angelika Markul propose une mise en scène de son processus créatif. Les objets qu’elle investit errent entre le sommeil et l’éveil, à l’image des trésors jonchant les tombes des gisants médiévaux, gardiens éternels de leurs pouvoirs et de leurs secrets.
L’œuvre devient la collection éphémère de souvenirs et d’archives mises en scène. À l’instar de la tête du sanglier vaincu ou des photographies de famille accrochées au mur par affection ou par peur de l’oubli, elle scelle la mémoire des fortunes antérieures : elle devient la gardienne du culte de l’artiste.
La prédation, composante essentielle de la vie, interroge aussi sur la quantité de matière et de ressources détruites, transformées, perdues par l’activité humaine. Les matériaux utilisés par Angelika Markul, au cœur des problématiques environnementales liées aux ressources et à l’énergie, comme le plastique, le béton ou les néons, s’entremêlent avec des matériaux naturels transformés par la main de l’homme, le feutre et la cire, dans un dialogue sur la part destructive de la création, et sur la part morbide de toute mythification.
La programmation artistique du Domaine de Chamarande, réalisée en collaboration avec l’association COAL, s’attache à soulever les questions relatives aux nouveaux enjeux écologiques et au vivant. Ainsi l’Installation Monumentale d’Angelika Markul faitelle écho à l’exposition spécimens présentée au château jusqu’au 31 mars ; elle annonce également celle de printemps-été qui s’intéressera aux différents Milieux du Domaine départemental.
Angelika Markul (née en 1977 en Pologne, vit et travaille en France et en Pologne)
L’artiste est représentée par la galerie Suzanne Tarasieve (Paris, France) et la galerie Kewenig (Cologne, Allemagne).
Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris – dans l’atelier de Christian Boltanski, elle est aujourd’hui une artiste reconnue sur la scène internationale. Elle est la lauréate du Prix SAM pour l’art contemporain 2012 avec son projet « Bambi à Tchernobyl » qui sera exposé en décembre 2013 au Palais de Tokyo. Le Musée Sztuki à Lodz (Pologne) lui consacrera également en 2013 une importante exposition personnelle.
Le travail d’Angelika Markul a été exposé à la Labyrinth Gallery à Lublin (2012), à l’Arsenal Gallery à Białystok (2012), à l’Espace culturel Louis Vuitton aux Champs-Élysées (2011), au Mac/Val (2010), au Théâtre National de Chaillot (2009), au Centre d’Art Contemporain CSW Znaki Czasu à Toruń, Pologne (2009), à La Force de l’Art au Grand Palais (2006), à la Fondation Cartier (2005) et au musée d’Art moderne et contemporain de la Ville de Paris (2005).
Exposition d’Angelika Markul
Du 17 mars au 12 mai 2013
Mercredi, jeudi et vendredi, de 14h à 17h
Samedi, dimanche et jours fériés, de midi à 17h
Vernissage le dimanche 17 mars 2013, de 15h à 18h, en présence de l’artiste
Navette au départ de Paris. RDV Place du Châtelet, à 14h / Navette au retour de Chamarande. RDV
Grille d’honneur, à 18h / Sans réservation, dans la limite des places disponibles.
Entrée libre
Domaine départemental de Chamarande
38, rue du Commandant Arnoux
91730 Chamarande
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