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Angela Laurier – Silvia Monfort

19 mai 2010
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Angela_laurier

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Déversoir

C’est ma condition, de quarantenaire, l’obsession pressante d’une famille et la peur d’enfanter, de transmettre ma violence retournée. Mon métier de contorsionniste est mon exutoire aliénant. Ma famille, je la porte en moi, c’est d’abord mon père et mon frère, que je filme pour reprendre un rapport et rester objective. Mon père parle de sa relation difficile avec son père et son fils. Il se raconte en jeune homme dépressif, subit des électrochocs qui, dit-il, « l’ont sauvé » et par la suite rencontre ma mère et fonde une famille de neuf enfants. Mon frère, fils aîné, au même âge, est étiqueté schizophrène, mon père recommande alors des séances d’électrochocs et signe l’autorisation. Mes visites régulières à mon frère Dominique en hôpital psychiatrique, ont exercé une influence profonde sur ma condition et mon travail de contorsion, des images fortes me reviennent de mon frère sanglé à une chaise ou à son lit.

Dominique relate son sort de « malade mental ». Son mariage avec Eva, connue à l’hôpital psychiatrique, ce fils qu’on leur enlèvera à la naissance pour le placer en famille d’accueil. Depuis décembre 2005, son fils Maximilien, accepte de faire sa connaissance par visites accompagnées, il a aujourd’hui 13 ans. Sa famille d’accueil m’a autorisée à le filmer chez lui et plus tard avec son père.

« À travers eux, par la contorsion et ses simulacres d’animalité, je questionne notre mal être, cette violence instinctuelle et aliénante transmise, et mon impuissance à me définir. La répétition d’exercices qui me cassent et les sons du corps qui s’en échappent sont liés aux discours du père et de mon frère, formant une même enveloppe rythmique. Ce projet est une tentative de démystification de la folie. »

Angela Laurier


J’aimerais pouvoir rire

En février 2007, j’invite mon frère à Cherbourg pour la présentation d’une étape de travail, d’une forme courte de Déversoir avec un échange public à l’issue de la représentation. La présence au salut, et le témoignage de Dominique a marqué fortement les esprits. Sa présence s’impose pour la suite.

Depuis 26 ans, Dominique se partageait entre le milieu psychiatrique et la famille au Québec. C’est une tentative. Sortir mon frère de son milieu. Le faire témoigner en tenant compte que la représentation est effective sans lui, s’il ne se sent pas en mesure d’assumer, ce qui n’est jamais arrivé jusqu’à présent lors des représentations de Déversoir. Ce nouveau projet est une suite qui s’intitule J’aimerais Pouvoir Rire (Phrase fétiche de mon père).

Je veux brasser l’histoire familiale, me débattre avec elle. La folie… Nous avons tous dans la famille une fragilité qui nous tend vers elle, pourquoi certains ont basculé ?

Il sera sur scène toute la durée de la représentation : Avec Christèle Lefebvre, Dominique s’est remis à peindre et avec la complicité des musiciens, danse et slam des bribes de sa vie avec une rage de vivre, comme une jeunesse retrouvée.

C’est mon frère Dominique qui se raconte. Il peint aussi. Je lui sers de modèle, illustrant ses hallucinations et ses paranoïas passées. Depuis juillet 2008, j’entraîne régulièrement Dominique à une préparation physique à base d’étirements, de musculation et d’improvisations dansées. Pour ma part, je sors de la confusion, trouve un sens à la famille et panse mes plaies.

Angela Laurier

Déversoir
Danse, contorsion
Durée 1h
Du 17 au 19 mai à 20h30

J’aimerais pouvoir rire
Création 2010
Durée 1h
Les 21, 22 et 24 mai à 20h30, le dimanche 23 mai à 16h

Tarif : 23 €, réduit : 16 € (- 26 ans, + 65 ans, chômeurs, intermittents, personnes handicapées, collectivités, groupes à partir de 8 personnes)

Le Monfort Théâtre – Etablissement culturel de la Ville de Paris
Parc Georges Brassens
106 rue Brancion
75015 Paris
Métro Porte de Vanves

www.lemonfort.fr

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