Anas Aremeyaw Anas, Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen, lauréats de la 13e édition du Prix Carmignac du photojournalisme
La 13e édition du Prix Carmignac du photojournalisme est consacrée au Ghana et aux défis écologiques et humains liés aux flux transfrontaliers des déchets électroniques. Le Prix a été attribué à une équipe composée du journaliste d’investigation anti-corruption et activiste Anas Aremeyaw Anas et des photojournalistes Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen (NOOR).
En 2019, 53,6 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques, communément appelés « e-waste », on t été générées dans le monde, marquant une augmentation de 20 % en cinq ans. Cela fait des smartphones, montres connectées, écrans plats, ordinateurs et tablettes non seulement l’une des principales sources de déchets au monde, mais aussi la plus précieuse (contenant des métaux précieux tels que l’or, l’argent et les métaux du groupe du platine). Si cette tendance persiste et faute de solutions durables, de recyclage ou de réparation, les rebuts électroniques mondiaux représenteront 74 millions de tonnes d’ici 2030. En 2019, sur les 62 millions de tonnes d’e-waste, seulement 17,4 % ont été collectées et recyclées dans une filière dédiée.
Après avoir longtemps envahi l’Asie (Russie, Inde, Chine…), l’e-waste venu d’Europe et des États-Unis se déverse aujourd’hui en quantités industrielles et en violation des traités internationaux dans les ports de pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Ghana. Exemplaire pour sa stabilité politique et son respect du multipartisme, le Ghana fait ainsi face à la prolifération de décharges informelles à ciel ouvert, plus proches encore des habitations que la grande déchetterie d’Agbogbloshie, démantelée en juillet 2021.
C’est dans ce contexte qu’a démarré l’enquête d’Anas Aremeyaw Anas, Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen, lauréats de la 13e édition du Prix Carmignac du photojournalisme, qui mêle photographie, vidéo, enregistrements audios et reportage écrit. S’éloignant du traitement dramatique souvent employé par les médias pour dépeindre le Ghana comme “la poubelle du monde”, ils ont documenté pendant six mois un écosystème terriblement ambigu et complexe. Combinant une approche nationale et internationale, le trio a étudié les ramifications du trafic d’e-waste entre l’Europe et le Ghana, révélant l’opacité de ce circuit mondialisé.
En explorant le monde complexe des produits électroniques d’occasion au Ghana et en Europe, Bénédicte Kurzen a documenté les flux de déchets électroniques et les communautés qui les activent, remettant en question les stéréotypes négatifs sur les exportateurs et mettant en évidence l’inefficacité de la bureaucratie européenne en matière de déchets électroniques. À l’autre bout de la chaîne, à Accra, capitale du Ghana, le chercheur et photographe documentaire Muntaka Chasant s’est plongé dans une étude sociologique de cette économie, dont dépendent de nombreuses communautés. Il analyse avec précision les groupes sociaux associés à l’exploitation d’e-waste, dévoilant une organisation hiérarchisée et les mécanismes d’un flux migratoire venu du nord-est du Ghana. Avec son équipe, Anas Aremeyaw Anas s’est quant à lui infiltré dans les ports d’Accra pour pister les flux légaux et illégaux d’e-waste. Opérant clandestinement, et à l’aide de traqueurs implantés dans des déchets illégaux, il éclaire les stratégies et la corruption organisée pour contourner les lois, en Europe comme au Ghana.
Le reportage collaboratif d’Anas Aremeyaw Anas, Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen, lauréat du 13e Prix Carmignac du photojournalisme, sera exposé à Paris et New York en 2023-2024 et fera l’objet d’une monographie, copubliée par la Fondation Carmignac et Reliefs Éditions.
Les dates d’exposition :
PARIS – Du 16 mai au 16 juin 2024, en partenariat avec la Ville de Paris
Port de Solférino, Quai Anatole France (face au musée d’Orsay), 75007 Paris
Entrée gratuite
Une journée de rencontres consacrée aux déchets électroniques sera organisée conjointement avec l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR).
ARLES – Du 1er juillet au 29 septembre 2024
Fondation Manuel Rivera-Ortiz (MRO), 18 rue de la Calade, 13200 Arles
Entrée gratuite avec le Pass Rencontres d’Arles – Tarif plein 6 €
NEW YORK – Été 2024, en partenariat avec l’UNITAR
Siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU)
Accès gratuit
[Source : communiqué de presse]
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