Anaïs – A l’eau de javel – Le Trianon
La faute à un père mélomane qui glissait dans l’auto-radio de la voiture familiale les airs les plus improbables. Attentive, la petite Anaïs s’est imprégnée de chanson réaliste et de music-hall. Elle a nourri son imaginaire de textes à la fois tristes et drôles. « En les écoutant, je me disais qu’on pouvait raconter des bêtises, mais toujours avec un bel orchestre. Aujourd’hui, c’est soit très rigolo, soit très musical mais jamais les deux. »
Il ne faut pas chercher plus loin l’origine du « Cheap Show », son premier disque, cet OVNI qui enthousiasma les foules il y a une poignée d’années. Et de son « Love album » qui, lui, impressionnait par son travail sur le son, avec la complicité du brillantissime producteur américain Dan The Automator. Pour faire court, vous mélangez les deux et vous obtenez ce troisième album.
« A l’eau de javel » peut s’entendre comme un hommage aux formidables chanteuses françaises qui remplissaient les salles dans la première moitié du XXe siècle. Elles s’appelaient Marie Dubas, Mistinguett, Edith Piaf bien sûr, Rina Ketty, Eliane Embrun, Denise Provence… Et elles inventaient un style. « Elles se créaient leur personnage, ce qui faisait qu’après, elles pouvaient tout se permettre. Et elles se permettaient tout. Moi aussi, j’ai besoin de sortir des sentiers battus. Je voulais garder leur folie pour leur rendre hommage mais sur des musiques d’aujourd’hui. »
Car le plus fou dans l’histoire, c’est qu’à moins d’être un féru de music-hall, vous n’y voyez que du feu, vous n’y entendez que du Anaïs. Parce qu’elle vous a enveloppé ça de rock, de folk, de swing, de pop, d’électro-dub, voire même de scratches, d’une espagnolade et de diverses fantaisies.
Dans ce troisième album, Anaïs a fait de la chanson fantaisiste, cousine de la chanson réaliste, non pas un souvenir d’hier mais un emballement d’aujourd’hui. Elle a choisi à la fois des chansons d’amour – qui n’ont pas vieilli d’une larme – et des histoires de dérives où drogues en tous genres et pauvreté chronique se rejoignent avec un côté « trash » que ne renierait pas le plus dur des rappeurs. C’est dire la modernité de ces textes. Loin des paroles passe-partout qu’on nous sert trop souvent aujourd’hui, ils sont incisifs et sombres, pétillants et insouciants.
Elles déménageaient sévères nos chanteuses d’hier. Elles méritaient bien de connaître cette seconde vie sous le chant soul d’Anaïs. Sûr qu’elles auraient apprécié.
Anaïs – A l’eau de javel
Le 9 mai 2012 à 20h
Ouverture des portes à 18h
Placement libre
Tarifs : de 30€ à 38€
Réservation en ligne
Théâtre le Trianon
80, boulevard Rochechouart
75018 Paris
M° Anvers
Articles liés
“Cantilène” : un single inédit de Marion Rampal avec la flûtiste Naïssam Jalal
Après une Victoire du Jazz pour son album “Tissé” et la sortie du singulier “Oizel”, la songwriter du jazz francophone n’en finit plus de prendre le large et les tangentes poétiques. Dans “Cantilène”, elle invite la flûtiste Naïssam Jalal...
“in tension – ex tension” : une exposition collaborative de Julie Gauthron x Yuta Arima à l’espace CO42
L’exposition “in tension – ex tension” est une rencontre artistique exceptionnelle entre la plasticienne Julie Gauthron et le vidéaste japonais Yuta Arima, présentée du 8 novembre 2024 au 18 janvier 2025 à l’espace CO42espace CO42 à Clichy. Cet événement...
Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...