Ali Bougheraba – Comédie de Paris
Il fouille sa mémoire comme on fouille une vieille malle enfouie dans un grenier et s’extasie de redécouvrir avec nous les caractères et les travers de personnages plus atypiques et truculents les uns que les autres, ceux qui ont marqué son enfance…
Ce pays où les cultures et les dialectes se croisent et se mélangent, où les odeurs des épices orientales côtoient celles des sauces tomates italiennes, ce pays où dans le même quart d’heure on se fâche à mort puis on se réconcilie autour d’un verre, ce pays c’est son quartier, Le Panier à Marseille.
Dans les souvenirs d’Ali, ce quartier composé de ruelles étroites et d’immeubles rongés par le sel ressemble à un bateau. Fait de terre et de pierres, il se serait amarré à la pointe de Marseille avec à son bord des centaines de migrants venus chercher fortune et qui se sont installés là pour toujours, tentant tant bien que mal au fil des générations de s’adapter à cet endroit qui est devenu par la force des choses leur seul point commun, l’unique lien entre toutes leurs différences, leur repère, leur univers, leur pays.
« Ali… aux pays des Merveilles » nous raconte surtout la peur de l’immigré de dépasser les frontières du repère qu’il s’est créé en arrivant, sorte de refuge rassurant, rempli de semblables pétris d’un même vécu. Mais peur aussi de se réaliser et de s’épanouir pleinement dans un pays qui n’est pas le sien. Alors souvent, quand on décide de ne plus bouger, on appréhende son périmètre comme on le peut, on y prospère, on le subit, ou bien on regorge de projets pour le quitter sans jamais vraiment passer à l’acte et on finit par développer un sentiment d’appartenance très fort au lieu, curieux mélange d’amour et de haine comme s’il s’agissait d’une personne.
En effet, au même titre qu’un individu, le quartier a une âme, il est presque palpable, on le rend responsable de tous les maux, on lui en veut, puis on l’adore. Pareil à un être humain, le quartier est multiple, il dévoile selon le temps et selon son humeur ses différentes facettes; il a de la mémoire, la mémoire de la pierre. Comme des éponges, ses murs ont capté les vies des différentes vagues d’immigration, ont conservé les traces de l’histoire, pour façonner son caractère.
Bien sûr ce brassage d’âmes, de tempéraments et de cultures, donnera lieu à des situations épiques, rocambolesques, farfelues, qu’Ali nous dépeint avec tendresse, humour et poésie. Le regard qu’il porte sur ces personnes est respectueux, tendre et sans jugement car c’est à travers eux qu’Ali s’est construit.
Showcase d’Ali Bougheraba
Egalement au Festival d’Avignon au Théâtre des 3 lunes du 8 au 31 juillet 2010.
Lundi 10 Mai 2010
Informations et réservations : 01 42 81 00 11
Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Métro Blanche (ligne 2) ou Pigalle (ligne 2, 12)
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