Adrien Moignard et Diego Imbert présentent leur nouvel album “Django’s Songs” au Sunset le 19 mai
Frères en musique et en vibrations, Adrien Moignard et Diego Imbert viennent à point nommé questionner l’ombre tutélaire de Django Reinhardt à l’occasion du 70e anniversaire de sa disparition. À travers douze songs dus à la plume du maître, brillamment revisités par nos duettistes, Diego et Adrien portent très haut l’art de la conversation, fidèles à l’esprit de leur inspirateur comme à la flamme éternelle du jazz.
Les deux complices ont évidemment quelques raisons de voir leurs deux noms associés ici à l’affiche. Pour s’être frottés individuellement à tout un tas de personnalités musicales et avoir expérimenté ensemble d’insignes situations où ils formaient à eux seuls l’ossature de l’orchestre (en trio avec le violoniste Didier Lockwood, la chanteuse Anne Ducros, ou plus récemment l’accordéoniste Richard Galliano), ils collectionnent titres et atouts. Si l’un peut évidemment s’honorer d’avoir été l’un des piliers de la grande épopée du Gipsy Project de Biréli Lagrène, l’autre est aujourd’hui reconnu comme un représentant majeur de l’école de guitare jazz française issue de Django Reinhardt.
De la richesse de ces parcours comme de cette large expérience commune, émerge notamment une assise rythmique singulièrement naturelle et une maîtrise du tempo à toute épreuve. Car, il faut le souligner, Diego et Adrien ont fait le choix de s’exprimer sans le soutien d’une guitare d’accompagnement, assumant à eux seuls le rythme et l’harmonie, démarche peu courante dans l’univers djangoïste. “Le duo a cette particularité de nous sortir de notre fonction”, avoue Diego. Par la pertinence de la sélection (balayant toute la carrière du célèbre Manouche, sans en occulter aucun recoin stratégique), tout autant que par l’acuité des relectures – finement ciselées –, leur proposition artistique s’impose avec force, via un protocole sans cesse renouvelé, adapté au matériau et à l’instant : walking bass au groove imparable (Lentement Mademoiselle), contrepoint (Douce Ambiance), jeu aux doigts (Pêche à la mouche), à l’unisson, en question/réponse… Ne sont exclus ni les thèmes les plus aventureux (Flèche d’Or), ni les grands classiques (Manoir de mes rêves, Belleville, Nuages), ni les grandes odes au lyrisme bouleversant et aux attendus harmoniques constamment réinventés (Tears, Anouman, Troublant Boléro…).
Dans Manoir de mes rêves, Adrien reprend note à note, comme une seconde mélodie, l’un des plus inoubliables chorus de Django, celui de 1953, à valeur prémonitoire, enregistré quelque temps avant sa mort. Une belle manière de saluer la mémoire de ce génie de la six-cordes doublé d’un maître de l’improvisation. Le choix par Adrien de la corde nylon pour la guitare se justifie donc pleinement, profondeur et longueur de note tutoyant plus avant l’intime, pour mieux caresser au passage la rondeur galbée et l’embonpoint majestueux de la “grand-mère” (i.e. la contrebasse). Ombre indissociable de la trame, Django aurait-il toujours le dernier mot ? “C’est toujours une émotion pour moi de jouer la musique de Django Reinhardt”, conclut notre guitariste. Pour clore – gracieusement –, et relancer, le débat.
Adrien Moignard (guitare)
Adrien Moignard s’impose aujourd’hui comme un guitariste majeur de la scène jazz. Issu du style manouche, dans lequel il s’est illustré comme un des plus brillants solistes de sa génération (avec le collectif Selmer #607 ainsi qu’à la tête de son propre trio ou quartet), Adrien s’est exprimé au sein de nombreux projets, aux côtés d’artistes tels que Didier Lockwood, Biréli Lagrène, Richard Galliano, Cyrille Aimée, Sanseverino, avec le quatuor Loco Cello ou plus récemment les chanteuses Anne Ducros et Paloma Pradal, ainsi qu’en trio avec Diego Imbert et André Ceccarelli pour l’album Bright Up (Label Ouest, 2021), chaleureusement accueilli par la critique (4 étoiles Jazz Magazine et Must TSF Jazz). Héritier de la musique de Django Reinhardt, son attrait pour les musiques actuelles crée un savant mélange des genres, fait de virtuosité et de lyrisme.
Diego Imbert (contrebasse)
Diego Imbert commence la musique par le violon à l’âge de six ans, avant de se mettre à la basse électrique à 15 ans. Il aborde ensuite la contrebasse et remporte la médaille d’argent au Concours International de Contrebasse de Capbreton à l’été 1999. Dès lors, il participe à de nombreuses formations (Paris Jazz Big Band, Orchestre Colonne…) et se produit régulièrement en Allemagne, Italie, Norvège, Pologne, aux USA et au Canada, notamment au sein du Gipsy Project et du trio de Biréli Lagrène. En 2008, Diego monte son propre quartet (avec David El-Malek, Alex Tassel et Franck Agulhon), s’imposant rapidement comme leader et compositeur (albums À l’ombre du saule pleureur, en 2009 et Next Move, en 2011). Sidemen recherché, Diego Imbert a été récompensé en 2020 par l’Académie du Jazz (prix du disque français) pour son album en duo avec le pianiste Alain Jean-Marie (Interplay – The Music of Bill Evans).
[Source : communiqué de presse]
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