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Théâtre Comédia

22 avril 2010
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Le théâtre Comédia

Réservations :

Guichet : 01 42 38 22 22

Administration : 01 42 38 34 60

 

4, boulevard de Strasbourg

75010 PARIS

Métro : Strasbourg St-Denis

 

Trop luxueux, trop onéreux pour devenir immédiatement l’un des hauts lieux de “la sociabilité populaire”, l’Eldorado mettra trois ans et ruinera trois Directeurs avant de trouver son directeur : Lorge (1861 à 1871).

Il supprime l’obligation de renouveler sans cesse les consommations ! Il recherche perpétuellement de nouveaux talents ! Avec son exceptionnelle audace, il va faire de l’Eldorado le premier Café Concert de Paris. Dès 1864 en effet, au mépris des interdictions, Lorge engage Mademoiselle Cornélie, transfuge du Théâtre Français, pour venir en crinoline noire, déclamer Corneille et Racine sur les planches de l’Eldorado. Un conflit survient aussitôt avec les directeurs de Théâtres qui veulent préserver leur privilège. II prendra fin le 31 Mars 1867 lorsque, grâce à l’Eldorado, sera autorisée sur la scène du Café Concert, “la présentation d’artistes travestis, le montage de petites pièces, de pantomimes, de numéros de danse ainsi que les changements de décors”. Vont alors se succéder sous la direction éclairée de Lorge de petits actes comiques, de courts vaudevilles, des imitations et sous la baguette de son chef d’Orchestre, Antoine Renard, chanteur compositeur à ses heures, de petits morceaux d’opérettes, des chansons populaires, ingénues et libertines, grivoises ou franchement équivoques ou encore tout simplement poétiques. C’est ainsi qu’Antoine Renard mettra en musique et chantera dès 1868 sur la scène de l’Eldorado un poème de Jean-Baptiste Clément, écrit deux ans plus tôt, qui deviendra, pour commémorer le souvenir de la Commune, un hymne à la Liberté, repris jusqu’à nos jours par le monde entier : “Le Temps des Cerises”. Le successeur d’Antoine Renard à la baguette de l’Eldorado sera lui aussi couvert de gloire puisqu’Hervé est l’inventeur de l’Opérette. En effet, son “Don Quichotte” qu’il avait interprété lui-même avec Joseph Kelm, est le premier essai d’Opéra-Bouffe en France et c’est son opérette “Le Compositeur Toqué” qui incitera Offenbach à quitter le Théâtre Français, dont il était le chef d’orchestre, pour ouvrir les Bouffes-Parisiens et rivaliser des années durant avec Hervé à qui l’on doit notamment “L’Oeil Crevé”, “Chilpéric”, “Le Petit Faust” et “Mam’zelle Nitouche”. Le répertoire du café concert saura tirer les leçons de cette nouvelle écriture où la facétie le dispute au burlesque, où comme à l’Eldorado, le rire est roi.
1868 voit débuter à l’Eldorado la première ingénue perverse, Anna Judic, ainsi que celui qui deviendra la star incontestée du Caf ‘Conc’, Paulus. C’est à cette date aussi que s’ouvre au 13, boulevard de Strasbourg, juste en face de l’Eldorado, le Café Concert “Au cheval blanc” qui prendra en 1876 le nom de “La Scala”. Jusqu’en 1887, date à laquelle les époux Allemand assureront leur direction commune ; les deux cafés concerts vont faire de leur rivalité un feuilleton à épisodes qui ravira Paris. Paul Renard qui avait été son secrétaire succédera à Lorge en 1871 et confiera la Direction artistique à un chansonnier : Léon Garnier. Après la trépidante gaieté du Second Empire, c’est le patriotisme, l’héroïsme des armées et le défi au vainqueur que chanteront les pensionnaires de l’Eldorado. Amiati triomphe avec les chansons de Paul Déroulède qu’il créée dans ses murs : “Le Clairon” (L’air est pur, la route est large…), “Le Maître d’Ecole alsacien”. Rosa Bordas crée “Les cuirassés de Reichshoffen” et Christienno, en septembre 1871 “Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine”. Et Paulus revient, gesticulant et gambillant.

Les débuts d’Yvette Guilbert, ceux, dans le genre gommeuse, de Mistinguett, qui restera dix ans à l’affiche de l’Eldorado. Puis s’y font applaudir Mayol, Polaire, Bérard, Dranem, pensionnaire pour vingt ans, Bach, Georgel, Sinoël, Monte qui y créée : “Elle était souriante” ! Et en 1907 — il avait alors 19 ans — Maurice Chevalier.
En 1918, soixante ans après son ouverture, alors qu’il avait donné leur chance à tant d’artistes et qu’il avait servi de pépinière à tant de théâtres du rire de la danse et de la chanson, l’Eldorado, concurrencé par le music hall importé d’Amérique, par le cinéma naissant, par la bicyclette diront certains, doit renoncer à son répertoire de Café Concert et consacrer son activité à la revue, à la comédie, au vaudeville, à l’opérette.
En 1932, le Théâtre Yiddisch sera le dernier pensionnaire de l’Eldorado avant démolition et reconstruction l’année suivante en une salle de 2000 places consacrées au cinéma, selon les plans de l’architecte Paul Dubreuil. Cependant, les cinémas, même géants, surtout géants, connaissent eux aussi un jour ou l’autre le désaveu d’une partie de leur public.
C’est donc une salle de cinéma sans film qui ouvre ses portes en 1971 à toute une gamme de spectacles musicaux, comiques ou dramatiques jusqu’à ce que Michel Galabru reprenne en 1981 “Les Rustres” de Goldoni dans une adaptation de Claude Santelli, qu’en 1982 Darry Cowl reprenne “Azaïs” de Georges Beer et Louis Verneuil, dans une mise en scène de René Clermont, que “Le Don Juan de la Creuse” de Labiche lui succède, que Georges Guétary vienne en 1984 y chanter “Hourra Papa” de Jacques Demarny dans une mise en scène de Dirk Sanders.

Jean-Claude Paulard, devenu directeur en 1990, consacra l’activité de l’Eldorado à l’opérette avec notamment le compositeur Francis Lopez.

Historique écrit par Serge Bouillon.

 

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