Saâdane Afif – Centre Pompidou
Saâdane Afif a choisi de travailler en collaboration avec l’artisan Kudjo, au Ghana où, depuis des générations, on fabrique, sculpte et peint des cercueils qui revêtent la forme de toutes sortes d’éléments de la vie quotidienne, des voitures jusqu’aux animaux.
Le cercueil présenté par Saâdane Afif dans cette installation emprunte de la manière la plus reconnaissable les attributs architecturaux et la structure tubulaire du Centre Pompidou, geste architectural manifeste de la fin des années 1970. Il est accompagné de plusieurs bornes en fonte d’aluminium de forme cylindrique, appartenant elles aussi à l’environnement du musée, reproduites à l’identique de celles qui entourent la Piazza, devant le Centre. Chez Saâdane Afif, la recherche de la figure ou de l’objet, figurative ou abstraite, répond à une méthode dont la finalité est d’accroître la perception. Les bornes à côté du cercueil appartiennent à la sphère sociale – à l’ouverture du Centre Pompidou ; elles délimitent une sorte d’agora donnant la place à la parole.
À « Beaubourg » en 1977, comme à « l’Odéon » en 1968, la pensée et les attitudes se libéraient dans l’expression de tous. Comme il l’a orchestré précédemment à la galerie Michel Rein dans l’exposition « Vice de Forme : In Search of Melodies » (octobre 2009), l’artiste transforme l’ordre des choses en faisant appel à des collaborations ; l’interprétation libre et reconnaissable d’une sculpture de Man Ray trouve un prolongement conceptuel dans les chansons et les sonates déclamées par d’autres. Dans une exposition précédente, Saâdane Afif reprend aussi une étagère créée par le designer Ron Arad pour produire une pièce (Pirates Who’s Who, 2001). Il fait aussi réaliser des affiches qui apparaissent çà et là comme des éléments constitutifs de la représentation.
C’est au regardeur de faire l’oeuvre, comme le préconisait Duchamp. Aussi, le jour de l’inauguration, autour du cercueil, des textes seront déclamés. Le titre de cette installation, Anthologie de l’humour noir, fait penser au regard ironique et iconoclaste d’André Breton face à l’oeuvre d’art. La mise en scène de Saâdane Afif impose un renversement des rôles, une circulation des idées très singulière, un bouleversement des valeurs. C’est aussi un trait d’humour noir face à l’utopie culturelle du Centre Pompidou.
Aux mêmes dates au Centre Pompidou :
– Gabriel Orozco (du 15 septembre 2010 au 3 janvier 2011)
– Arman (du 22 septembre 2010 au 10 janvier 2011)
Saâdane Afif
Commissaire : Jean-Pierre Bordaz, conservateur au musée national d’Art moderne
Du 15 septembre 2010 au 3 janvier 2011
Tous les jours de 11h à 21h, sauf le mardi
Tarifs : 12 à 10 euros, selon période
Tarif réduit : 8 à 9 euros
Accès gratuit pour les adhérents du Centre Pompidou (porteurs du laissez-passer annuel)
Billet imprimable à domicile sur le site du Centre Pompidou
Centre Pompidou
75004 Paris
M° Hôtel de Ville, Rambuteau
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