Les médiums de prédilection de Bernard Frize sont la peinture, les résines et la laque. Depuis la fin des années 1970, Bernard Frize a créé une oeuvre considérable qui a fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde. Le musée Morsbroich de Leverkusen a récemment montré son travail.
Cette année, il est le lauréat du prix Fred Thieler en Allemagne ; la Berlinische Galerie lui consacrera une exposition en mars 2011.Ayant auparavant interrogé les processus de la création picturale, Bernard Frize a recours à différentes méthodes qui évoquent la production industrielle moderne, nous rappelant que la signification n’est pas donnée, mais qu’elle se construit. Fondés sur un principe séquentiel, ses tableaux sont autant de dispositifs explorant les conditions mêmes de leur apparition, issus de l’exécution d’une peinture en quelque sorte automatique, « sans auteur ». Telles des partitions formelles et conceptuelles, les peintures de Bernard Frize résultent de performances aux règles du jeu précises, selon une structure prédéterminée, qui autorisent pourtant le hasard.
Bernard Frize a conçu pour cette exposition un ensemble d’œuvres qui doivent être appréhendées comme un tout : quinze toiles récentes et trois inédites datant de 1993.La trame de la grande toile « panoramique », Paravent, 2010, a été réalisée par trois peintres, six mains opérant simultanément le modèle d’entrelacs de lignes et de nœuds qui a ensuite été lessivé. On peut y voir l’évocation d’une cellule de détention tout autant qu’une variation sur le thème de la grille moderniste. Dans la même salle, une autre grille noir et blanc, Armen datant de 2001, pourrait être aujourd’hui abordée sous un angle narratif. Marques de grandes brosses circulaires apposées sur la toile (aux motifs presque végétaux Mony, Mouni, Mouna, Puxo, Rondo, Tuli), traces de grattage manuel ( sur des peaux de cuir retourné Omar, Mora), empreintes de corps (Assei, Essoir, Roise, Saser, Seroi) – tous procédés et outils de fabrication du sujet.
Ces nouvelles peintures de 2011 se situent aux confins de la représentation et de l’abstraction, associant ainsi dans un même geste créatif la complexité de la trace et la fugacité de l’image. Une sensualité et une beauté évidente découlent paradoxalement d’un mode d’élaboration froid et mécanique. Bernard Frize rend ainsi visible et palpable l’économie de la peinture en posant l’idée comme préalable à toute action picturale.
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Bernard Frize – Ad Nauseam
Du 26 février au 30 avril 2011
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Galerie Perrotin
76 rue de Turenne
75003 Paris