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Acquisition d’ARTnews magazine : discussion avec Izabela Depczyk

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Acquisition d’ARTnews magazine : discussion avec Izabela Depczyk

Le 23 mai 2014

Le 23 mai 2014

À la suite de la récente acquisition d’ARTnews par Abbey House Group S.A, AMA a rencontré Izabela Depczyk, directrice d’exploitation du groupe, afin d’évoquer les changements au sein du monde des médias consacrés à l’art et les futures orientations de la société.

Pouvez-vous nous parler d’Abbey House Group S.A, de ses différentes fonctions et de ses actifs ?

Il s’agit d’une entreprise du secteur des médias, spécialisée dans l’art. Elle est enregistrée à la bourse de Varsovie. Elle possède un siège social dans la capitale polonaise et un à New York. Abbey House Group se consacre à la publication, à travers Art & Business magazine, qu’elle détient actuellement. C’est le plus ancien magazine dédié à l’art de Varsovie. Il est également côté à la bourse de Varsovie. En février, nous avons fait l’acquisition de Skate, fournisseur de données et de services en ligne, basé à New York. La semaine dernière, nous sommes entrés en possession d’ARTnews. Donc, nos trois actifs principaux sont : ARTnews, Art & Business magazine et Skate, filiale en propriété exclusive. Nous possédons également 9 % d’Artnet, côté à la bourse allemande.

Abbey House S.A. a fusionné avec ARTnews la semaine dernière. Pouvez-vous nous en dire plus à propos de la transaction ?

Elle a eu lieu le lundi 19 mai, quand Abbey House S.A. a effectivement fusionné avec ARTnews, pour devenir Artnews S.A. Abbey House a déboursé 2.194.500 € pour une participation de 51 %.

Quels autres changements récents se sont opérés au sein de la société ?

Jusque récemment, Abbey House Group s’occupait principalement du commerce de l’art, avec Abbey House Gallery, une galerie commerciale. Elle a été vendue la semaine dernière, à un propriétaire international de galerie, Ernst Hilger. Il en possède actuellement deux, à New York et à Vienne. Cela lui donne l’opportunité de faire son entrée sur le marché de l’Europe de l’est. C’est également l’installation de la première galerie internationale en Pologne. Nous sommes à présent sortis de toutes nos opérations commerciales. Le seul actif qui est resté le même depuis la création de la compagnie est Art & Business magazine.

Vous avez dit qu’Abbey House s’est retiré de toutes les transactions de fonds, de galeries et de maisons de ventes aux enchères. Voulez-vous éviter ce type de transactions dans le futur ?

Nous n’envisageons pas de nous investir à nouveau dans le commerce de l’art. Nous avons cédé ces activités et nous sommes à présent une entreprise de pure players.

Quelle est votre implication au sein de la société et qui sont les autres membres de l’équipe ?

Je fais partie du conseil de direction d’Abbey House Group et j’occupe la position de directrice d’exploitation. Je travaille aux côtés de Jakub Kokoszka, le CEO. Abbey House Group S.A. a un comité de surveillance de cinq membres, aux parcours dans les mondes de l’entreprise et des médias divers. Il inclut Axel Springer, Bonnier et CTC Media, côté au Nasdaq.

Êtes-vous basé principalement aux États-Unis maintenant ?

Oui. Je me concentre principalement sur nos opérations à New-York. Je retourne en Pologne toutes les deux semaines, mais je serai amenée à voyager vers des destinations européennes variées au fur et à mesure que nous construirons notre présence internationale. C’est l’un de nos plans principaux pour 2015.

Quels sont vos investisseurs ? Viennent-ils principalement des États-Unis ou d’Europe ?

Ils sont principalement polonais. Mais, dans l’ensemble, nous avons une base d’actionnaires relativement diversifiée et internationale. Les plus importants sont Elcurov Estate Limited, Serius Limited et Argovest Holdings Limited. Next Media Group et German-listed Ecommerce Alliance AG appartiennent également à la catégorie des investisseurs clé.

En tant que société cotée en bourse, combien d’actions de Abbey House sont disponibles sur le marché ?

Il y a environ 15 % de flux de liquidité à l’heure actuelle.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus à propos d’ARTnews?

ARTnews est le plus ancien des magazines spécialisés sur le marché de l’art dans le monde. Il a remporté environ quarante-cinq récompenses dédiées au journalisme. C’est le seul magazine dédié à l’art qui occupe cette position. Il a également le tirage le plus important, 60.000 copies à l’heure actuelle. Notre but est de l’augmenter pour atteindre 75.000 copies à la fin de l’année et 100.000 copies pour la première moitié de 2015.

Quelle est la position d’ARTnews, d’un point de vue financier ?

ARTnews a perdu de l’argent ces deux dernières années. Nous visons un retour à l’équilibre à la fin de 2014 et être rentable à la fin 2015.

Que pouvez-vous nous dire à propos des archives et des employés de l’entreprise ?

Actuellement, elle est composée de vingt-quatre membres à temps plein. Quant aux archives, elles remontent à 1902. Elles répertorient tous les textes et photographies qui ont été publiés dans le magazine. Nous possédons les droits pour la plupart des écrits. Malheureusement, la plupart des archives n’ont pas encore été numérisées. C’est l’un des projets que nous sommes en train de mener : savoir comment nous allons monétiser l’excellent contenu dont nous disposons, en créant des éditions limitées de certains textes et en mettant en œuvre d’autres stratégies.

Envisagez-vous d’autres acquisitions dans le domaine des arts ?

Étant donné qu’Abbey House Group a acquis ARTnews et possède Art & Business magazine et Skate, nous ne cherchons pas activement à investir dans d’autres médias ou à agrandir notre nombre d’actifs pour le moment. Nous sommes, néanmoins, vraiment ouverts d’esprit et, si nous trouvons une cible à fort potentiel, je ne dis pas que nous ne nous pencherons pas dessus.

Comptez-vous garder ces trois entités séparées ? Cherchez-vous à concentrer tous les efforts sur ARTnews, par exemple. Ou est-ce l’idée de créer un éventail international de marques ?

Nous cherchons à les garder toutes les trois séparées. Nous voulons rendre ARTnews encore plus global, parce que de manière évidente une partie de sa direction est actuellement aux États-Unis. Comme nous avons une production créative et un support d’impression, nous réfléchissions à produire et à distribuer les éditions internationales d’ARTnews à partir de Varsovie.

Comme vous le disiez, ARTnews est le plus distribué et le plus ancien magazine consacré au marché de l’art du monde. Quels changements aimeriez-vous apporter au magazine, en terme de contenu, de présentation et peut-être même de composition du lectorat ?

ARTnews magazine a une base de lectorat excellente. Les lecteurs sont majoritairement des collectionneurs, des connaisseurs, des professionnels, des personnes très éduquées, ayant une réelle appétence pour suivre de près le marché de l’art. Notre objectif n’est pas de tourner le dos à cette frange de nos lecteurs, mais plutôt de l’élargir à des lecteurs plus jeunes, qui ont peut-être moins de connaissances, mais qui s’intéressent néanmoins à l’art. Ils font pas encore partie de ce monde, mais qui le pourraient. Nous pensons attirer ce lectorat à partir de notre plate-forme online. Nous avons une stratégie numérique globale, que nous mettons en œuvre tout d’abord dans ce but. Actuellement, artnews.com fait partie du top 10 des plates-formes générant du trafic, parmi toutes les plates-formes internationales dédiées à l’art. Nous cherchons à atteindre le top 3 d’ici début 2015. Nous avons prévu différentes stratégies pour parvenir à ce but, pour générer un contenu web exclusif, que nous posterons quotidiennement sur artnews.com. Nous allons balayer plus d’aspects du monde de l’art, dont le droit et les marchés. Le nouveau lancement du site est programmé pour août et celui du magazine pour septembre. Ce dernier aura une nouvelle image. Mais, nous maintenons son contenu excellent, en mettant davantage l’art contemporain en valeur.

De quelle manière comptez-vous monétiser le contenu en ligne ?

Nous voulons principalement vendre de la publicité en ligne. Ce qui est bien avec ce type de plateforme, c’est que vous pouvez vérifier à quel point une publicité est efficace sur un site particulier. ARTnews se partage actuellement entre 80 % d’imprimé et 20 % en ligne. Les deux tendent à s’uniformiser et on commence vraiment à concevoir la valeur de la publicité en ligne.

Qu’est-ce qui rend Abbey House Group différente des autres entreprises ?

Je pense que ce qui nous distingue en tant que société, c’est que nous ne sommes pas régis par une personnalité éclectique qui « micro manage » tous les aspects de l’entreprise. Nous avons une structure solide, un conseil de surveillance et nous sommes vraiment transparents dans la manière où nous faisons nos rapports. Je dirais que nous avons une dimension qui est davantage internationale que celle de nos pairs aux États-Unis.

La scène des médias consacrée à l’art a subi de nombreux changements récemment. Pensez-vous que ce champ va continuer d’évoluer à une allure rapide ou envisagez-vous une stabilisation pour les prochaines années ?

Je pense que, en général, beaucoup de publications imprimées et plus spécifiquement celles du monde de l’art, passent à côté du numérique. Certaines ont derrière elles une marque très forte, mais malheureusement, à cause d’un manque de stratégie, ne peuvent plus se maintenir en tête du marché. La stratégie numérique est fondamentale pour étendre son lectorat. C’est un aspect sur lequel nous allons nous concentrer.

Art Media Agency

[Visuel: couverture 10466, septembre 2010, Art News Magazine ]

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