0 Shares 1060 Views

A 90 degrés – Les déchargeurs

27 août 2018
1060 Vues

À 90 degrés est la lettre d’adieu de Marthe, femme alcoolique, à Christophe, son compagnon et père de ses enfants. C’est le récit de son inexorable descente aux enfers, de ses luttes vaines contre l’addiction, de ses remissions, des cures, des rechutes et de leurs espoirs déçus, à elle et à sa famille, broyées par l’irrésistible désir du ” s’abimer dans l’alcool jusqu’à la mort “.

Il y a du malheur brut dans ce spectacle, mais il y a aussi et surtout l’espoir, jamais tronqué, jamais menteur, de vivre pour espérer le mieux, la vie d’avant ou celle d’après lumineuse et libérée.

NOTE D’INTENTION

On a tous, dans le périmètre de notre vie, une personne qui a basculé. On dit : péter un plomb, une durite, un boulard : c’est la machine qui s’enraye ou déraille. La dépression de l’âme est infinie. A l’intérieur, la dépendance est rageuse, à l’extérieur, c’est une mine antipersonnel qui ampute tout : les proches, la famille, le quotidien, le rapport au temps, la joie… Marthe est un de ces êtres emportés, trop fragiles, que la vie brise. Parfois ils s’en sortent. Parfois non. Pourquoi ? Personne ne le sait. La maladie de Marthe est un arbre aux mille racines et aux mille cimes. Un arbre fleuri de mystère. J’ai eu tout contre moi, une personne embarquée dans cet indicible mal à vivre, droguée d’alcool. J’ai voulu lui donner une voix, une parole qui creuse sa difficulté à vivre, l’impossibilité d’échapper à sa souffrance. J’ai ouvert ses entrailles pour y révéler la lutte incessante contre la maladie et le désespoir, l’espoir et la chute, les dommages collatéraux.

J’ai voulu partager la souffrance intime de Marthe, avec pudeur, et accompagner ce personnage femme dans ses errances. Pour cela j’ai choisi d’écrire ce texte en spirale pour amener le spectateur au cœur de la folie, créer dans le texte un mouvement qui ouvrirait sur un sentiment universel, dessinant en filigrane, le portrait d’une société faiseuse d’êtres troués, buveurs infinis des malheurs du monde.
Ce monologue décrit ce qui résonne comme un tabou sociétal : celui de la dépression des femmes, des mères alcooliques qui se détruisent en toute conscience, qu’on ignore et qu’on tait car une mère ne doit-elle pas être qu’amour ?
Elizabeth Mazev est cette Marthe là, folle d’amour et de haine, happée par le manque et la difficulté à vivre, qui semble être passée à côté de sa vie et qui regarde en arrière avec une lucidité redoutable. Par son talent et sa sensibilité, elle dessine le portrait d’une dépression, dans un long cri d’amour, d’un seul souffle.
Frédérique Keddari-Devisme

[Source texte : Communiqué de presse]

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
66 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
84 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
105 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...