François Kollar – Un ouvrier du regard – Jeu de Paume
Un ouvrier du regard Oeuvres de François Kollar Commissaires : Matthieu Rivallin, chargé de collections, Médiathèque de l‘architecture et du patrimoine, Paris et Pia Viewing, commissaire, chercheuse, Jeu de Paume, Paris Jusqu’au 22 mai 2016 Mardi de 11h à 21h Du mercredi au dimanche de 11h à 19h Plein Tarif: 11,20 € Réservation en ligne Jeu de Paume |
François Kollar (Senec, Slovaquie, 1904 (anciennement Szenc, Hongrie) — Créteil, 1979), employé des chemins de fer dans son pays natal, puis tourneur sur métaux dans les usines Renault de Boulogne-Billancourt, devient photographe professionnel à l’âge de 24 ans après avoir acquis une riche expérience de chef de studio chez l’imprimeur parisien Draeger. Sa connaissance intime du monde du travail, de la publicité à la mode en passant par l’industrie, l’artisanat et l’agriculture, lui permet d‘aborder les outils, les matériaux et les gestes avec une expertise professionnelle exceptionnelle. Cette exposition rétrospective est constituée d’un ensemble de 130 tirages d’époque dont certains inédits, et d’autres issus de la donation de la famille du photographe à l’État. Elle met en lumière le travail d‘un photographe qui a su révéler le monde du travail au XXe siècle. Découvrir les qualités documentaires, artistiques et historiques des ensembles réunis ici permet d’observer comment l’individu s’inscrivait dans la société par le biais du travail et de prendre conscience des changements profonds qui ont affecté l’industrie entre les années 1930 et les années 1960. L’année de son mariage, en 1930, François Kollar installe son propre studio à Paris. Premier modèle à ses débuts, Fernande, son épouse, sera une fidèle collaboratrice tout au long de sa vie. Travaillant pour des agences de publicité et des marques de luxe, il excelle dans la mise en valeur des modèles, des formes et des étoffes grâce à une grande sensibilité à la lumière et à la matière. François Kollar collabore avec plusieurs magazines de mode, en particulier Harper‘s Bazaar pour lequel il réalise, pendant plus de quinze ans, des séries, notamment en extérieur. En photographiant les personnalités de la mode de l‘époque (Coco Chanel, Elsa Schiaparelli, Pierre Balmain), les modèles et les publicités des grandes maisons (Hermès, Molyneux, Oméga, Christofle ou des parfums Worth et Coty…), il expérimente diverses techniques modernes de prises de vues et travaille avec une grande liberté des compositions originales : contrejour, double-exposition, surimpression, solarisation…
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=ogMyoARgNAg[/embedyt] En 1930, après avoir exposé à l’exposition internationale de photographie à Munich avec Florence Henri, André Kertész, Germaine Krull ou Ergy Landau, le photographe reçoit, de la part des éditions Horizons de France, une commande conséquente intitulée La France travaille (1931-1934), qui fait de lui l’un des plus grands reporters industriels de l‘époque. Refusant de collaborer avec le pouvoir en place pendant l‘occupation allemande, il se retire avec sa femme et ses trois enfants en Poitou-Charentes. Il ne reprend sa pratique photographique qu’en 1945 à Paris. Dans les années 1950-1960, il poursuit en France et à l’étranger ses reportages industriels. L’exposition du Jeu de Paume porte un regard contemporain sur son œuvre, à la lumière du contexte historique, et analyse la nature des commandes qu‘il reçoit tout au long de sa vie. La première partie de l’exposition dévoile la période expérimentale de Kollar : ses autoportraits réalisés dans son studio à Paris, le travail effectué pour des agences de publicité mais aussi pour la mode. Cette section est composée de photographies qui traduisent l’esprit de l‘époque moderne tout en témoignant de la volonté de François Kollar d’explorer une pratique avant-gardiste et expressive de la photographie en jouant avec ses modèles, les objets, la lumière et la composition. Une importante documentation permet de situer ses œuvres pour la publicité et la presse illustrée, alors en plein développement avec L’Illustration, VU, Voilà, Art et Médecine ou Plaisir de France. Consacrée à La France travaille (1931-1934), la partie centrale de l‘exposition réunit des tirages d‘époque, des diaporamas ainsi que des archives et des publications. Cette commande photographique constitue un document unique sur le monde du travail dans les années 1930. Kollar photographie tous les secteurs d’activité : l’industrie, l’agriculture, l’aviation, l’artisanat, les secteurs automobile, nautique et ferroviaire. La présence d‘hommes et de femmes, leurs fonctions et leurs manières d’intervenir dans les procédés de production, sont des éléments récurrents dans les images de François Kollar. Publiées sous la forme de quinze fascicules thématiques imprimés en héliogravure par les éditions Horizons de France, les photographies de Kollar illustrent des textes d’écrivains en vogue à l’époque (Paul Valéry, Pierre Hamp, Lucien Favre…) sur les métiers de l’industrie française. Dans la troisième partie de l’exposition sont présentées des œuvres de Kollar réalisées après la commande de La France Travaille : la mode et les commandes industrielles. Reconnu pour ses talents de photographe publicitaire, François Kollar est sollicité pour réaliser de nombreux portraits, notamment de Coco Chanel, Elisa Schiaparelli ou la duchesse de Windsor… Alors que sa collaboration avec Harpers’ Bazaar prend fin en 1955, Kollar poursuit sa carrière de photographe industriel. Parmi ces nombreuses séries photographiques, le Jeu de Paume présente notamment la commande passée par l‘État français en 1951, sur l’Afrique Occidentale Française (actuels Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali et Sénégal) et une série de photographies des ateliers de l’Union Aéromaritime des Transports. Ainsi l’exposition met en évidence l‘évolution de l’univers du travail au XXe siècle et la place que l‘homme et la femme y occupent, dans un monde secoué par des conflits mondiaux et en pleine reconstruction.
[Source texte: communiqué de presse // ©François Kollar, Courtesy Jeu de Paume] |
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