Luchini : l’acteur le plus bankable de France
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Roi de la promo et roi des salles, Fabrice Luchini est devenu l’un des acteurs français les plus bankables de ce début de siècle. Un parcours étonnant pour celui qui, il y a encore vingt ans, ne semblait fait que pour illuminer un cinéma d’auteur moyennement populaire.
C’est une sorte de record : bien parti pour réaliser un joli score au box-office français, Gemma Bovery devrait être pour Fabrice Luchini le sixième film consécutif à franchir la barre du million d’entrées. Cela ne peut relever du hasard : le nom de Luchini, qui remplit également les salles de théâtre, est devenu pour les spectateurs français un gage de qualité France, de films mêlant tendresse, humour et culture, au gré de scénarios souvent bâtis sur la personnalité hors normes de ce comédien unique. Potiche (2,3 millions), Les Femmes du 6e étage (2,2 millions), Dans la maison (1,2 million), Astérix & Obélix au service de sa majesté (3,8 millions), Alceste à bicyclette (1,1 million) et bientôt Gemma Bovery : l’acteur découvert chez Rohmer n’en finit plus de cartonner, parvenant à monter certains projets sur son seul nom, ce qui n’est pas le cas de tant d’acteurs en France. Un parcours étonnant si l’on remonte aux origines de sa carrière : jeune coiffeur devenu acteur, il signe des débuts chez Philippe Labro (Tout peut arriver) avant de devenir l’un des chouchous d’Éric Rohmer, qui le fait jouer dans Le Genou de Claire, Vincent mit l’âne dans un pré, L’Arbre, le maire et la médiathèque… Rien ne prédispose alors Luchini à jouer les têtes d’affiche dans des films à succès. Fantaisiste, rêveur, aérien, il erre de second rôle en second rôle, se faisant de moins en moins dicret sans pour autant casser la baraque. La donne a sans doute changé dès 1991, avec le triomphe inattendu de La Discrète, délicate comédie réalisée par Christian Vincent, dans laquelle Luchini se jure de séduire Judith Henry. Par la suite, d’envolées Lelouchiennes (Tout ça… pour ça ! et ses dialogues improvisés) en escapades Klapischiennes (le charmant Riens du tout, situé au cœur d’un grand magasin parisien), Luchini commence à se faire un nom auprès du grand public, qui bientôt prend connaissance de son penchant pour Céline, Flaubert, La Fontaine et tant d’autres. Le théâtre aura aidé le comédien à asseoir sa popularité : chacune de ses lectures est un carton absolu et le public en redemande. Étonnamment, ce sont les années 2010 qui marquent les sommets de la carrière d’un Luchini qu’on aurait pu imaginer s’émousser avant la soixantaine. Il n’en est rien, et le voici qui continue à remplir salles de cinéma et salles de théâtre, brodant une filmographie atypique mais charmante sans jamais renier ses amours : les beaux textes des siècles passés, qu’il cite avec délice et pour notre plus grand bonheur dès que lui en vient l’occasion. Lucile Bellan
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