JonOne : l’ambition de la peinture à l’huile
« JonOne. Evolution to oils » Du 22 mars au 28 juin 2014 Entrée libre Galerie Rabouan Moussion |
Artiste autodidacte boulimique, adulé et critiqué, JonOne vient de franchir une étape dans sa carrière. À 50 ans, il se lance dans la peinture à l’huile, média représentant pour lui la « vraie » peinture : une consécration de son parcours de peintre. Passionné, « addict » à son travail, il ne lâchera pas son pinceau pendant toute la durée de l’entretien qu’il nous a accordé. Plongée dans l’antre d’un « vrai » peintre.
Comment expliquez-vous ce passage à la peinture à l’huile ? Cela vient d’une envie de faire évoluer mon travail, car peindre à l’huile représentait pour moi l’idée du vrai artiste complet. C’est une réelle obsession que devenir peintre pour vous, il n’y a pas de limite ! Du coup, le passage à l’huile est-il une façon d’être reconnu réellement comme peintre ? J’ai toujours été peintre, mais là je suis dans une phase transitoire. Je viens d’avoir 50 ans, je tourne une page et prends un nouveau cap. Les couleurs à l’huile vibrent différemment par rapport à l’acrylique, renvoient la luminosité différemment et ça m’excite car je vais amener ma peinture dans une autre dimension. Vous êtes passé de la rue et de la bombe à la reconnaissance du marché de l’art. Aujourd’hui, avec l’huile, c’est une façon de couronner votre carrière ? Oui. Des gens me demandent si je peins toujours dans la rue à la bombe. Ils me renvoient 30 ans en arrière. Je ne peins plus dans la rue, je n’ai plus de bombes, il faut que les gens ne restent pas bloqués avec des a priori de street artist. J’utilise des pinceaux, des toiles. Le résultat est plus institutionnel, oui. Pour moi, être artiste, c’est un style de vie, une manière de réfléchir, d’avoir un rapport avec moi-même et les choses qui m’entourent. Il n’y a pas de retraite, il n’y a pas de fin. Pour moi, il est important de rendre les gens heureux et de laisser une trace, de marquer l’histoire. C’est une obsession, pour le meilleur et pour le pire ! Je suis là, j’espère pour le meilleur ! Mon église, c’est mon atelier, c’est aussi simple que cela ! Je suis tout le temps ici, c’est ici que je grandis et pas dans les dîners mondains. Ma vie est très limitée en fait, c’est comme ça que je garde les pieds sur terre. Il faut que je reste passionné et plus passionné que les autres car c’est moi qui porte ma croix. C’est bien si les gens peuvent m’accompagner pendant un moment mais c’est moi qui suis engagé pour le meilleur et pour le pire. Est-ce qu’on se sent seul ? Une de mes idées est que la peinture conduit toujours à la solitude, il faut aimer cela. Cela fait partie du jeu. Je ne peux pas vivre sans la peinture, je n’ai pas grand-chose à dire sinon. Vous travaillez avec beaucoup de galeries. Comment les choisissez-vous ? Je suis très sollicité et je suis beaucoup critiqué parce que mes toiles sont un peu partout. Je produis beaucoup, donc une seule galerie ne peut pas absorber toute ma production. Je suis boulimique, je fais tellement de choses ! Mais j’essaie de sélectionner : par exemple, je présente les sculptures à la galerie Rabouan Moussion, à qui j’ai donné l’exclusivité pour les peintures à l’huile. Il y a ensuite beaucoup de galeries qui ne vendent pas ou alors qui paient difficilement, et d’autres qui sont marchandes et qui paient facilement. Il ne faut pas oublier que j’ai une famille, des loyers à payer, des gens qui travaillent pour moi : il faut que je reste dans la réalité de la vie. Parfois, le choix des galeries se fait par nécessité. J’ai des responsabilités, ce n’est pas un jeu. Dans un sens oui, mais ce n’est pas une entreprise classique, je ne produis pas quelque chose qui est essentiel à tout le monde comme la nourriture ! C’est un délire. Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été artiste ? Junkie, drogué, clochard dans la rue ou en prison. Tout cela n’aurait cependant pas été un choix ! Plus une conséquence de votre vie. Il n’y avait pas une envie particulière avant de rencontrer tous ces problèmes ? J’étais dans une spirale. C’est pour cela aussi que, pour moi, la peinture c’est un style de vie. J’étais comme un artiste raté qui ne gagnait pas d’argent. Ce n’est pas la réussite qui m’a construit [rires]. J’ai fini par apprivoiser les échecs. J’étais accroché à ce que je voyais dans mon travail. Tout le monde peignait dans la rue, les gens voyaient ça comme un acte dégradant, et moi je voyais cela comme une réelle beauté. Propos recueillis par Stéphanie Pioda |
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