In Situ Art Festival 2014 : du Street Art à Aubervilliers
In Situ Art Festival 2014 Artistes : Jef Aerosol, David Walker, Jorge R. Gerada, Sixo, Benjamin Laading, OnOff, Borondo … Jusqu’au 14 juillet 2014 Entrée libre Le Fort d’Aubervilliers |
Jusqu’au 14 juillet 2014
L’In Situ Art Festival rassemble les œuvres de 40 artistes urbains, réunis en secret pendant plusieurs semaines dans le Fort d’Aubervilliers. Leur mission : transfigurer cette friche industrielle mystérieuse et méconnue pour l’ouvrir au public. Situé aux portes de Paris, à moins de 2km du Périphérique sur les communes d’Aubervilliers et de Pantin, desservi par la ligne 7 et prochainement par une gare du nouveau métro Grand paris Express, le Fort est voué à occuper une position stratégique dans la future métropole, au nord-est de la capitale. Le site est maintenant appelé à muter, à l’initiative de son aménageur l’AFTRP (Etablissement public industriel et commercial), maître d’ouvrage de l’opération en partenariat avec l’Etat et les collectivités locales. Construit entre 1843 et 1846 pour renforcer la défense de Paris, le Fort d’Aubervilliers a été successivement un site militaire, un point de rassemblement interlope pour les contre-cultures (du punk au hip-hop) dans les années 1980, le site d’une fourrière et d’une casse-auto et un lieu de création et d’expérimentation artistique. Dans cette perspective, l’AFTRP accueille l’association Art en Ville (artenville.fr) qui organise l’Insitu Art Festival et propose d’ouvrir au public un lieu mythique et méconnu. En écho à l’histoire du site et à son actualité, elle invite une quarantaine d’artistes urbains français et internationaux, de photographes et de résidents du Fort à y intervenir dans le secret pendant 5 semaines autour du thème de la transition. Ils investiront aussi bien les façades des bâtiments voués à la démolition que les 25 carcasses des voitures (certaines calcinées) mises à disposition par les propriétaires du Casse Center. Sur le sol du parking, où l’artiste cubain Jorge Rodriguez-Guerada réalisera également une fresque monumentale de 1400 m2.
Pour mettre en valeur le Fort d’Aubervilliers, l’Association Art en Ville a choisi de faire intervenir en résidence une cinquantaine d’artistes urbains autour d’un même thème : la transition. Idéal pour rendre compte de la reconversion du site, ce dernier permet tout autant d’évoquer la pratique du graffiti et du street art. Dès son émergence dans les années 1960, l’art urbain affectionne en effet les espaces en transformation : qu’il s’agisse de dénoncer la violence de l’aménagement urbain ou de souligner le caractère transitoire de tout, les pionniers du mouvement investissent volontiers friches, chantiers, bâtiments désaffectés et immeubles voués à la démolition. Lorsqu’il déferle sur Paris au début des années 1980, le graffiti ne change pas vraiment la donne. Parmi les lieux mythiques investis par les premières générations de graffeurs, on trouve notamment le chantier de la Pyramide du Louvre et ses palissades ou les terrains vagues de la Chapelle. Situés à l’abri des regards, ces délaissés urbains offrent aux artistes autant d’espaces où développer leur pratique en toute tranquillité. Voués à la transformation, ils sont à l’image d’un art éphémère en mouvement permanent. Et aujourd’hui ? À mesure que l’art urbain s’institutionnalise, les acteurs de la fabrique de la ville (maîtres d’ouvrage, aménageurs, urbanistes, municipalités…) sont de plus en plus tentés d’associer les artistes urbains aux transformations du territoire, que ce soit à l’échelle de la parcelle ou celle du bâtiment. La résidence aux Bains Douches ou la Tour 13 en sont autant d’exemples. Dans le sillage de ces deux expériences, l’ambition de l’In Situ Art Festival est de contextualiser les interventions artistiques pour mettre au jour le passé du Fort et préfigurer son avenir. Art en Ville a communiqué aux artistes l’histoire si particulière du Fort, depuis son époque militaire, son occupation automobile, les divers projets inaboutis qui l’ont concerné… Le fort d’Aubervilliers n’en est pas à sa première transformation : tour à tour caserne militaire, casse auto ou espace d’expression artistique, les lieux n’ont au contraire cessé d’évoluer depuis leur construction. Pourtant, l’aménagement prochain d’un écoquartier sur le site marque dans son histoire un tournant inédit. Pour la première fois, le fort s’ouvrira à la mixité : mixité des usages (le futur quartier comprendra aussi bien des logements que des bureaux et des équipements scolaires ou culturels), mixité sociale et surtout mixité des genres. Aux univers virils (armée, automobile, etc.) qui en ont composé la fréquentation quasi exclusive depuis sa construction, promet ainsi de succéder un lieu ouvert à tous. C’est cette transition que reflètent la plupart des œuvres créées dans le cadre du festival InSitu. Si les carcasses de voitures disséminées sur le site en évoquent les usages passés, la variété des médiums retenus (graffiti, pochoir, affiche, etc.) et les nombreux portraits – de femmes, d’enfants et de couples, mais aussi d’animaux – peints par les artistes en résidence esquissent le devenir du Fort et le préfigurent comme un écosystème tirant sa richesse de sa diversité. [Visuels: Dan 23 ; Kenor ; Jeff Aérosol ; David Walker ; Levalet : © Lionel Belluteau] |
Articles liés
“Si tu t’en vas” : un huis clos haletant entre chien et loup
Dans la petite salle de la Scala, Kelly Rivière et son metteur en scène Philippe Baronnet, accompagnés du jeune acteur Pierre Bidard, nous plongent au cœur d’un huis-clos haletant : celui qui réunit, dans une salle de classe, une...
Le spectacle musical “Miam” au Centre Jacques Bravo
MIAM est un spectacle pop qui nous plonge dans le monde du goût et des aliments, une traversée gustative en chansons pour toute la famille. MIAM est un spectacle musical qui fera rugir de plaisir toute la famille grâce à...
“Aimons-nous les uns loin des autres” au théâtre de L’Ile Saint-Louis
Monsieur Denis, pressé de connaître la date de la fin de la pandémie, téléphone à ” Adieu Covid “. Pendant sa mise en attente, il croise d’autres confinés aux caractères bien trempés. Les textes en vers et les dialogues...