Les Bibliothèques de l’Odéon

« Dans le temps de la moisson, quantité de travailleurs viennent se réunir ici les jours de fête, et parmi eux il s’en trouve toujours un qui sait lire, et celui-là prend un de ces livres à la main et nous nous mettons plus de trente autour de lui, et nous restons à l’écouter avec tant de plaisir qu’il nous ôte plus de mille cheveux blancs. » Miguel de Cervantes – Don Quichotte de la Mancha

Il faut revenir à Ambroise et aux mémoires de Saint Augustin pour entendre l’un des premiers silences du texte. Rompant avec la lecture à voix haute, l’évêque de Milan proposait une lecture silencieuse – in silentio – facilitant une plus grande intériorisation et une approche plus méditative. Ses visiteurs – au rang desquels Augustin – s’émerveillaient de le voir ainsi plongé dans les écritures sans que ses lèvres ne bougent.

Depuis lors, la communauté des lecteurs s’est petit à petit glissée dans cette solitude des voix intérieures qui permet à celui-ci le fracas de l’Iliade lors de son trajet en métro, à cet autre la sonate de Vinteuil à l’ombre d’un mûrier dans le bourdonnement de l’été.

La fureur de lire des salons du XVIIIe où l’on donnait à entendre Goethe, pas plus que les regrettées veillées de l’aubergiste de Cervantes n’auront su inverser ce cours.

Mais le manque n’est pas comblé. Sans doute faut-il avoir vu la grande salle de l’Odéon emplie jusqu’à son dernier balcon lors d’une rencontre-lecture consacrée à Duras, Freud, Berberova, Aristote, Platon, ou le salon Roger Blin refusant des spectateurs lors d’une soirée consacrée à Gérard Genette, Proust ou Conrad, pour en être convaincu.
Une même attente réunit ces visiteurs de littérature et de pensée : témoigner physiquement de l’existence d’une communauté de lecteurs, à la jonction entre la passion individuelle, qui isole de l’entourage et de la société, et la soif de communication à travers la lecture.

« Il résulta de “cet immense besoin de contact avec la vie derrière la page imprimée” une confiance complètement nouvelle, d’une intensité jamais atteinte auparavant et même une amitié imaginaire entre l’auteur et le lecteur, entre le producteur de littérature et son destinataire. » Ces quelques mots de Reinhard Wittmann, témoignant, dans son histoire de la librairie allemande, de l’engouement des salons littéraires vibrant à la lecture de Rousseau ou de Richardson, dressent le tableau rêvé de ce qui nous a incités à installer durablement dans nos murs Les Bibliothèques de l’Odéon.

Si la voix est au théâtre, elle l’est aussi à la radio. Et ceux-là même que l’on vient voir jouer à l’Odéon prêtent la leur aux fictions de Culture ou aux lectures de France Inter. Il était assez naturel que nous leur proposions de nous rejoindre. Ce qui fut fait l’an passé se renouvelle cette année. D’autres grands partenaires – sans oublier la fidélité des grandes maisons d’édition qui soutiennent ce projet – s’y sont associés. Ainsi du Monde des Livres, du Centre des Monuments Nationaux qui accueillera en tournée les Fantômes littéraires qui hanteront le Salon Roger Blin, ou du Musée de la Chasse et de la Nature.

Les Bibliothèques de l’Odéon, dans et hors les murs,  parce qu’« il s’en trouve toujours un qui sait lire, et que celui-là prend un de ces livres à la main ».

Programme :

Exils
En partenariat avec France Inter
Rencontres en dispositif radiophonique, animées par Paula Jacques, réalisatrice de l’émission Cosmopolitaine.

Exils revient cette saison avec une priorité donnée aux auteurs anglo-saxons, ceux, américains, qui, comme Fitzgerald, furent de passage à Paris et sur la côte, ceux qui s’installèrent définitivement en France et y moururent, comme Durrell ou Baldwin, mais aussi d’autres qui ne séjournèrent pas en France comme Doris Lessing ou I. B. Singer, et une exception à la règle anglo-saxonne avec Romain Gary.

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Voix de Femmes
En partenariat avec France Culture et le Monde des Livres.

Cette série se déroulera à chaque fois en deux temps : en première partie, la lecture par une grande comédienne d’une œuvre adaptée pour la radio et le théâtre, puis en deuxième partie un entretien mené par Jean Birnbaum.

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Le Régime des Passions
En partenariat avec France Culture.
Rencontres philosophiques préparées et animées par Raphaël Enthoven, assisté de Julien Tricard.

Raphaël Enthoven poursuit le cycle de rencontres philosophiques qu’il anime à l’Odéon depuis plusieurs années.

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Les Dix-huit heures de l’Odéon

Au salon Roger Blin, pour Les Dix-huit heures de l’Odéon, nous repenserons l’humanisme, nous continuerons d’aimer des grands textes classiques, nous avouerons notre désamour du théâtre que nous lirons ou relirons pourtant, accompagnés de nos amis éditeurs, Le Seuil, Flammarion, Gallimard et aussi Actes Sud, mais aussi avec France Culture, Le Centre des Monuments Nationaux, le Musée de la Chasse et de la Nature…

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Colloques, Événements
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