Milonga – Sidi Larbi Cherkaoui – Grande Halle de la Villette
Et voilà que le scénario du spectacle était tout trouvé. Nul besoin de chercher plus loin. Six couples se retrouvent pour danser, dans un bar de Buenos Aires. L’orchestre est sur scène, au fond, côté jardin, et enchaîne les classiques du genre. Au centre de la scène, les pas de deux les plus audacieux sont applaudis par les autres couples. On se dispute une femme, on joue des scènes de jalousie ou se promène à travers des vidéos tournées dans les rues de la capitale argentine. La carte postale est impeccable. De toute évidence, les bases du Milonga viennent des couples argentins.
La question qu’on se pose immédiatement en regardant cette revue est de savoir comment les deux pôles ont pu travailler ensemble. Ici Cherkaoui le silencieux aux accents spirituels et là, les Argentins extrovertis à la sensualité exubérante. Et pourtant le chorégraphe bruxellois se dit enchanté par cette collaboration. Il s’est par ailleurs penché sur le tango de manière bien plus intime qu’on ne le soupçonnerait, pour réaliser ici un projet qu’il couvait depuis plusieurs années. Reste que Milonga ne ressemble en rien aux autres projets de Cherkaoui, basés sur la rencontre de cultures et traditions diverses. Ici, le tango rencontre le tango.
Comment un chorégraphe contemporain peut-il donc intervenir sur cette danse de couple, basée sur la connaissance profonde du partenaire? Cherkaoui est ici bien plus le metteur en scène que le chorégraphe. On ne rafistole pas le matériau chorégraphique de milongueros aussi chevronnés, et Cherkaoui fait bien de ne pas créer artificiellement une version « contemporaine ». Le public lui en sait gré et ovationne les danseurs.
Si innovation il y a, on la trouve dans la scénographie d’Eugenio Szwarcer, qui emploie des méthodes de projection de pointe comme le mapping, pour faire naître, sur des silhouettes blanches, des doubles des personnages ou leurs ombres. La mystérieuse animation ainsi produite est une belle réponse à l’exaltation sensuelle.
Thomas Hahn
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M¡longa
Chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui et des danseurs
Consultante Tango et directrice de répétition : Nelida Rodriguez de Aure
Mise en scène de Sidi Larbi Cherkaoui
Danseurs de tango : Sebastian Acosta, Melina Brufman, Cristian Cisneros, Germán Cornejo “Nikito”, Martin Epherra, Gisela Galeassi, Esther Garabali, Maricel Giacomini, Claudio Gonzalez et Valentina Villarroel
Danseurs contemporains Silvina Cortés et Damien Fournier
Directeur musical et pianiste : Fernando Marzan
Musiciens :
Violon, Ahram Kim
Guitare, Alejandro Sancho
Bandonéon, Federico Santisteban
Basse, Roberto Santocono
Scénographie et vidéo : Eugenio Szwarcer
Compositeurs : Fernando Marzan, Szymon Brzóska
Du 27 novembre au 7 décembre 2013 à 20h
Le jeudi à 19h30 // Relâche le 1er décembre
Durée : 1h30
Grande Halle de La Villette
211, avenue Jean-Jaurès
75019 Paris
M° Porte de Pantin
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