Nathalie Kosciusko-Morizet – Une autre politique culturelle pour Paris
« Paris perd sa singularité sur le plan culturel. Il ne s’y passe plus grand-chose de nouveau ou d’original : elle fascine moins, elle n’étonne plus. En matière d’urbanisme, la plupart des réalisations récentes comme les Batignolles ou la nouvelle place de la République ne portent plus l’identité de la capitale : elles auraient pu être réalisées n’importe où ailleurs, à Francfort ou à Milan. En matière de création, les artistes lui préfèrent depuis plusieurs années Londres ou Berlin. Il en va de même pour les nuits parisiennes dont l’éclat n’en finit pas de se ternir.
A cette situation, je vois notamment une explication : la politique culturelle menée ces dernières années à Paris a privilégié une approche désincarnée, trop institutionnelle, hors sol, accompagnée d’un goût immodéré de l’équipe sortante pour l’événementiel, certes sympathique mais sans lendemain.
Ce n’est pas dans le bureau du maire que doivent se décréter les nouveaux mouvements artistiques, les nouvelles tendances.
Je veux changer d’approche et donner l’initiative aux Parisiens. C’est vrai de façon générale, mais c’est particulièrement le cas en matière de culture. La culture, ce sont les gens qui la font. Les artistes, bien sûr. Mais aussi vous et moi, tous ceux qui ont une pratique culturelle et/ou artistique. La nuit parisienne a perdu sa folie. La encore, c’est aux Parisiens de s’en emparer. Mais c’est au maire de permettre que le cœur de Paris continue a battre jusqu’au bout de la nuit.
Historiquement, la culture à Paris a toujours été d’abord « populaire », liée à l’intensité de la vie intellectuelle et artistique de la commune libre de Montmartre, du quartier latin, de Ménilmontant, de Montparnasse… Le rôle du maire est de stimuler l’effervescence de la création, non de s’y substituer.
Je souhaite également que la culture et la vie nocturne deviennent le moteur de la conquête de nouveaux territoires. C’est tout l’esprit du projet d’aménagement des portes de Paris, qui a vocation à repousser les frontières de la capitale en dépassant la barrière artificielle du périphérique, ou encore de l’aménagement des stations de métro fantômes.
Je propose notamment :
- de créer des « zones franches culturelles » pour tous les Parisiens, par l’ouverture nouveaux espaces de création et de liberté ;
- d’instaurer un système de soutien à la création transparent et exigeant ;
- de privilégier enfin l’accès de tous les Parisiens à la culture, aux enseignements et à la pratique artistique. »
Nathalie Kosciusko-Morizet
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