Alfred de Musset
Alfred de Musset, né en 1810 à Paris, issu d’un milieu aisé et intellectuel, se révèle un enfant précoce. Brillant à l’école, il remporte, à 17 ans, un prix en dissertation latine au Concours général. Il fréquente tout jeune les grands écrivains Sainte-Beuve ou Vigny, admis au sein du fameux cercle du Cénacle de Charles Nodier. Étudiant, il abandonne ses multiples cursus en droit, en médecine et et peintures pour se vouer à la littérature.
En 1829, Musset publie son premier recueil poétique, Contes d’Espagne et d’Italie. Ce succès retentissant révèle un talent prometteur. Le poète se forge par ailleurs une réputation sulfureuse et mondaine. Le jeune homme mène une vie de dandy et se livre à la débauche. Cet écorché vif est dévasté en 1832 par la disparition de son père.
Musset se lance dans le théâtre avec la publication de la comédie La Nuit Vénitienne. Un cuisant échec qui le décourage et le détourne de la scène. C’est aussi sous le titre Un spectacle dans un fauteuil qu’il publiera A quoi rêvent les jeunes filles ? (1832) ou Les caprices de Marianne.
De sa relation passionnée et houleuse avec George Sand naît le chef d’œuvre Lorenzaccio, en 1834. Son amante lui aurait soufflé l’idée de l’intrigue. Suivent Fantasio et On ne badine pas avec l’amour.
Rongé par le tourment, le poète exprime sa souffrance dans différents recueils, la Nuit de mai, Nuit de décembre (1835), ou La Nuit d’août (1836) et La Nuit d’octobre (1837). Il revient sur son enfance à travers son roman autobiographique La Confession d’un enfant du siècle (1836). Son théâtre et sa poésie dénotent une sensibilité extrême. L’écrivain interroge des thèmes comme la pureté et la débauche, exalte le sentiment amoureux et la souffrance, une grande source d’inspiration.
Quelques poèmes et nouvelles verront encore le jour, Tristesse, Une soirée perdue (1840), ou Souvenir (1845). Mais, happé par les affres de la dépression et de l’alcool, l’artiste ralentit son rythme de sa production. Il multiplie ses relations avec les femmes et tombe amoureux de Caroline Jaubert.
L’écrivain jouit d’une gloire sans précédent et son talent est unanimement reconnu, alors qu’il est décoré de la Légion d’honneur en 1845 et entre à l’Académie française. Napoléon III lui commande même des pièces de théâtre. Mais son état de santé se détériore de jour en jour. Ses vieux démons auront raison de son existence. Il disparaît précocement, en 1857, à l’âge de 46 ans.
Alfred de Musset est redécouvert au XXème siècle. Il figure parmi les plus grands écrivains romantiques français et demeure l’un des dramaturges les plus joués de la comédie française.
Jeanne Rolland
Bibliographie
1826 : À Mademoiselle Zoé le Douairin
1828 : Un rêve, L’Anglais mangeur d’opium
1829-1835 : Premières poésies
1830 : Contes d’Espagne et d’Italie, La Quittance du diable, Une nuit vénitienne
1831 : La Coupe et les lèvres, Namouna
1832 : Spectacle dans un fauteuil, À quoi rêvent les jeunes filles
1833 : Lorenzaccio, Les caprices de Marianne, Rolla, André del Sarto, Gamiani ou deux nuits d’excès
1834 : Fantasio, On ne badine pas avec l’amour, Perdican, Camille et Perdican
1835 : La Quenouille de Barberine, La Nuit de mai, La nuit de décembre. Le Chandelier
1836 : Il ne faut jurer de rien, Lettre à M. de Lamartine, Faire sans dire, La Nuit d’août, La Confession d’un enfant du siècle
1836-1852 : Poésies Nouvelles
1836 : Chanson de Barberine
1837 : Un caprice, La Nuit d’octobre, À la Malibran, Emmeline, Les deux maîtresses. Lettres à Dupuis et Cotonet
1838 : Le fils du Titien, Frédéric et Bernerette, L’Espoir en Dieu. Dupont et Durand. Margot
1839 : Croisilles
1840 : Les deux maîtresses, Tristesse, Une soirée perdue
1841 : Souvenir, Nouvelles (« Emmeline », « Le fils du Titien », « Croisilles », « Margot »)
1842 : Le voyage où il vous plaira, Sur la paresse, Histoire d’un merle blanc, Après une lecture
1844 : Pierre et Camille, Le secret de Javotte, Les frères Van Bruck
1845 : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, Mademoiselle Mimi Pinson
1848 : Nouvelles (« Pierre et Camille », « Le secret de Javotte »)
1849 : Louison, L’Habit vert, On ne saurait penser à tout
1850 : Poésies nouvelles, Carmosine
1851 : Bettine, Faustine
1853 : La Mouche
1854 : Contes
1855 : L’âne et le ruisseau
Les filles de Loth (date inconnue)
Citations
- « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots » (La Nuit de mai)
- « Une femme est comme votre ombre, courez après, elle vous fuit ; fuyez-la, elle vous court après ! »
- « Une femme pardonne tout, excepté qu’on ne veuille pas d’elle. »
- « L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert. » (La Nuit d’Octobre)
- « Les grands artistes n’ont pas de patrie. » (Lorenzaccio)
- « La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve, Et vous aurez vécu, si vous avez aimé. » (A quoi rêvent les jeunes filles)
- « Le mal existe, mais pas sans le bien, comme l’ombre existe, mais pas sans la lumière. » (Lorenzaccio)
- « Ne pouvant se corriger de sa folie, il tentait de lui donner l’apparence de la raison. » (Les deux maîtresses)
[Visuel : Portrait d’Alfred de Musset par Charles Landelle (1821–1908). This work is in the public domain in the United States, and those countries with a copyright term of life of the author plus 100 years or less.]
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