Michael Haneke
Mickael Haneke nait en Autriche dans une famille d’artistes — sa mère est une actrice catholique et son père, un metteur en scène protestant. Il étudie énormément et longuement dans les domaines qui le passionnent : philosophie, psychologie et art dramatique. De 1967 à 1970, il s’intéresse au cinéma et devient critique pour une chaîne de télévision allemande. Puis, il s’essaye à la mise en scène de pièces classiques allemandes, suédoises et autres pays de l’Est.
En 1973, il se lance dans la réalisation pour la télévision. Il souhaite alors y pporter une certaine qualité et originalité en proposant notamment un film de quatre heures, ayant pour thème la génération des années 1950 : Les Lemmings.
C’est finalement grâce à la télévision qu’il sort son premier long-métrage au cinéma en 1989, car les chaînes ne souhaitent pas le diffuser. Le Septième continent est le premier opus d’une trilogie ayant pour réflexion la « glaciation émotionnelle », les deux autres films voyant le jour également au cinéma en 1992 pour Benny’s Video et en 1994 pour 71 fragments d’une chronologie du hasard. Il traite trois sujets différents : la destruction de tous biens de consommation d’une famille la menant au suicide collectif, un adolescent devenant meurtrier par hasard et dont les parents effacent le crime, et enfin la vie ordinaire de personnes avant leur assassinat lors d’un braquage de banque. Mickael Haneke aime dépeindre une certaine réalité de façon parsemée proposant au spectateur une interprétation subjective du film. « C’est un thème central de mon travail de nourrir le doute sur la réalité du cinéma », explique-t-il. Cette trilogie est très applaudit à la Quinzaine des Réalisateurs et lui permet de se faire connaître en France et ailleurs en Europe.
Globalement, chacun de ses films est désarticulé, tant dans l’image que dans le son afin de transposer, par exemple, une violence ordinaire banalisée par la culture du divertissement et du spectacle (télévision, jeux vidéo), une désagrégation de la cellule familiale, les médias de masse ou tout ce qui peut être dénoncé au sein de notre société moderne.
Vient ensuite le choc du film présenté en compétition à Cannes en 1997, Funny Games. L’histoire d’une famille séquestrée par deux ados sadiques met très mal à l’aise plusieurs spectateurs. Haneke répond à un journaliste de Télérama de façon très posée et austère : « Je trouve cela normal. Quand on vous donne une gifle, vous réagissez. » Cela le révèle comme un auteur classé dans la « cinéphilosophie » par une partie de la critique. Reconnu et apprécié par ses compères européens, il érige un style percutant de clinicien auscultant toute barbarie, mal-être ou anxiété du mode de vie occidental. Il cherche à préciser le message de dénonciation pour ne pas perturber une jeunesse avare de films d’horreur qui peut apprécier particulièrement ce film pour ses images-choc.
Cette même année, il réalise une adaptation remarquée du Château de Franz Kafka pour la télévision. Trois ans plus tard, il montre son amour pour la France en réalisant Code inconnu avec pour actrice principale Juliette Binoche.
En 2001, il conait la consécration avec son film La Pianiste, recevant un fort succès auprès de grand public et de la critique même s’il provoque également le chahut. En effet, les scènes sexuellement trash et d’une extrême brutalité valent tout de même le prix d’interprétation à Isabelle Huppert et Benoît Magimel. Le film remporte le grand prix du Jury à Cannes et permet d’offrir un César à Annie Girardot. Son film suivant, Le temps du loup, pose quant à lui la question d’une apocalypse de l’humanité. Puis, il change de registre avec un regard porté sur la guerre d’Algérie dans Caché, en 2005.
En 2008, Mickael Haneke souhaite proposer ses films et ses réflexions au-delà des frontières Outre-Atlantique, en adaptant lui-même son film Funny Games avec d’autres acteurs américains cette fois. Il revient à son pays d’origine en tournant le film Le Ruban blanc, ce qui lui permet d’être enfin récompensé d’une Palme d’Or au Festival de Cannes de 2009. Il ose le noir et blanc et dénonce sous une toute nouvelle forme subtile le nazisme et ses origines. Trois ans plus tard, Mickael Haneke devient l’un des rares réalisateurs à être doublement primés à Cannes avec Amour, film sur la fin de vie d’un couple octogénaire incarné par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva.
Ombeline Laurent
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Filmographie :
1989 : Le Septième Continent
1992 : Benny’s Video
1994 : 71 Fragments d’une chronologie du hasard
1995 : Lumière et Compagnie (réalisateur de la séquence Vienne) court-métrage
1997 : Funny Games
2000 : Code inconnu
2001 : La Pianiste
2003 : Le Temps du loup
2005 : Caché
2007 : Funny Games U.S.
2009 : Le Ruban blanc
2012 : Amour
[Visuel : Michael Haneke au festival de Cannes en 2009. Auteur : Georges Biard. This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license]
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