Julie Mehretu – Mind Breath and Beat Drawings – galerie Marian Goodman
L’exposition est constituée de 15 dessins sur papier et 10 sur toile, tous réalisés au graphite noir, ainsi que pour la première fois une série de 5 eaux-fortes.
« Mind Breath and Beat Drawings » permet de suivre le fil du processus créatif de Julie Mehretu en proposant des œuvres sur papier qui développent un lexique personnel et spontané, genèse de ses œuvres sur toile en grand format. Si Julie Mehretu est plus connue pour ses peintures monumentales qui combinent élévations architecturales et plans de ville, faisant ainsi le lien entre abstraction et réflexion sur la mondialisation et l’identité, sa pratique est en réalité basée depuis ses débuts sur une rigoureuse exploration du dessin.
« Un des points de départ de mon travail a été d’étudier qui j’étais en tant qu’artiste: quelles étaient mes sources d’intérêts ; sur quoi allait vraiment porter mon travail. Cette recherche a évolué en un projet « auto-ethnographique » pour lequel j’ai commencé à disséquer mes origines afin de mieux comprendre la formation de ma propre identité ». (1)
L’ensemble des œuvres de l’exposition révèle un langage personnel et unique composé de traits spontanés, faisant écho à certaines pratiques telles que l’écriture et le dessin automatiques des Surréalistes, les dessins « sous mescaline » d’Henri Michaux ou encore la calligraphie chinoise. Julie Mehretu procède indistinctement par effacement, suppression et ajout, pour créer une composition originale qui laisse entrevoir la complexité de la construction spatiale et multidimensionnelle de ses grandes peintures que viennent compléter différentes strates de lignes dessinées ou peintes à l’acrylique transparente.
« Je m’intéresse au potentiel des “psychogéographies”. Cela suggère que l’individu puise dans un espace invisible, imaginaire et créatif des ressources d’autodétermination et de résistance. […] Cette impulsion est une force génératrice majeure dans mes dessins et, en tant que peintre, dans mes projets conceptuels de plus grande envergure. » (2)
Notre exposition à Paris fait suite à la première présentation l’été dernier lors de dOCUMENTA (13) d’une œuvre en quatre parties intitulée “Mogamma”.Mogamma est le nom du bâtiment emblématique du gouvernement égyptien situé sur la place Tahrir au Caire, construit dans les années 40 dans un style moderniste occidental, symbole du gouvernement centralisé. Cependant le mot mogamma fait aussi référence à un lieu œcuménique abritant à la fois une mosquée, une synagogue et une église.
« Je pense que l’architecture reflète les machinations de la politique et c’est pour cela que je m’y intéresse en tant que métaphore de ces institutions. Je ne pense pas que le langage architectural soit seulement une métaphore de l’espace. Il s’agit de l’espace mais de l’espace de pouvoir, des idées du pouvoir. » (3)
Les œuvres de Julie Mehretu conçues pour Documenta sont chacune construites autour d’un enchevêtrement complexe de dessins à l’encre représentant le bâtiment du Mogamma, avec une superposition de plusieurs couches d’acrylique transparent, rehaussées de lignes et formes en couleur. L’ensemble constitue une œuvre puissante sans précédent dans l’histoire récente de la peinture.
Julie Mehretu est née en 1970 à Addis Abeba en Ethiopie et a grandi dans le Michigan aux Etats-Unis. Elle a étudié à l’Université de Kalamazoo dans le Michigan et à l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar au Sénégal. Elle a obtenu un Master of Fine Arts en peinture et gravure à l’Ecole de design de Rhode Island en 1997.
Julie Mehretu a participé à de nombreuses expositions et biennales à travers le monde et a obtenu une reconnaissance internationale pour son œuvre, en recevant notamment en 2005 l’American Art Award du Whitney Museum of American Art de New York et le prestigieux prix Mac Arthur Fellows. En 2009 et 2010 l’artiste a exposé un cycle de grandes peintures au musée Deutsche Guggenheim à Berlin, qui a ensuite voyagé au musée Solomon R. Guggenheim à New York.
Notes :
1 «Looking back : E-mail Interview between Julie Mehretu and Olukemi Ilesanmi» in Julie Mehretu: Drawing into Painting (Minneapolis: Walker Art Center, 2003), p. 11.
2 Ibid, p. 14.
3 Agustin Pérez Rubio, «Tracing the Universe of Julie Mehretu: A Choral Text» in Julie Mehretu: Black City (Hatje Cantz, 2006), p. 29.
Du 26 janvier au 16 mars 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Vernissage le 26 janvier 2013, de 18h à 20h
Galerie Marian Goodman
79, rue du Temple
75003 Paris
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