Alberto Giacometti – L’Homme qui marche – Fort de Bard
Alberto Giacometti (1901-1966) est sans doute l’artiste qui a su le mieux interpréter les doutes, les incertitudes et les angoisses du siècle précédent. Sa transposition formelle de la condition de l’homme en une figure s’apprêtant à marcher est une image universellement connue. Giacometti, artiste italo-suisse, a laissé un témoignage fulgurant de son époque.
« Dans ce cadre inédit et fascinant, la puissance de l’œuvre d’Alberto Giacometti trouve un écrin idéal, déclare Isabelle Maeght, dans une place forte, comme à la Fondation Maeght. Dans ces pièces sobres et majestueuses, le paysage d’Aoste se dévoile par les fenêtres, créant des jeux d’ombres et de lumières. Les œuvres de Giacometti prennent toutes leurs dimensions. La confrontation des matières, sol en basalte et sculptures de bronze, crée une intensité unique. »
Autour de L’Homme qui marche, le parcours d’une vie
L’exposition présente des œuvres de jeunesse, réalisées dans la vallée de Stampa de l’autre côté des Alpes, ainsi que des oeuvres surréalistes mais surtout les sculptures de la plénitude artistique de Giacometti, telle la série des « Femme de Venise ».
Pour la première fois seront exposés ensemble sculptures et dessins préparatoires des œuvres des années 1930, Le Cube et L’Objet invisible. Les plâtres étonnent par leur présence, à la fois prenante et fragile (Femme debout avec bouquet de fleurs, Femme debout bras le long du corps). La série « Femme de Venise » est exceptionnellement présentée dans son ensemble (les 9 versions qui furent présentées à la Biennale de 1956). Dessins et peintures permettent de découvrir un Giacometti moins connu du grand public.
Le parcours de l’exposition rend hommage à l’homme Giacometti mais également à sa quête de l’âme qui, à travers toute son oeuvre, le guide. « Dans ses Grands portraits, Alberto Giacometti a véritablement trouvé l’âme de Marguerite Maeght ; ces portraits sont l’exemple même de cette quête de l’essentiel » déclare Isabelle Maeght.
La plupart des sculptures de la « Cour Giacometti » sont parmi les pièces maîtresses de l’exposition au Fort de Bard. Sont également exposés les trois portraits d’Aimé Maeght (sur papier) et deux portraits (huiles sur toiles dont la plus grande peinture réalisée par Giacometti) de Marguerite Maeght qui posa en 1961 des journées entières pour l’artiste qui déclarait : « L’aventure, la grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu chaque jour, dans le même visage – c’est plus grand que tous les voyages autour du monde. »
Le Fort de Bard propose de découvrir l’artiste sous un autre jour, dans son atelier, au travers d’un film original de Ernst Scheidegger commandé et produit en 1961 par Adrien Maeght. A cette occasion sont présentés pour la première fois une vingtaine des 72 panneaux photographiques d’Ernst Scheidegger. Ces grands panneaux d’1 mètre par 1 mètre, nés de la complicité du photographe et de l’artiste, proposent une synthèse en image de la vie et de l’oeuvre d’Alberto Giacometti. Un regard sur son environnement, son atelier, ses influences, qui aboutit à la mise en scène photographique de ses chefs d’œuvre.
- « L’objet une fois construit, j’ai tendance à y retrouver transformés et déplacés des images, des impressions, des faits qui m’ont profondément ému, des formes que je sens m’être très proches, bien que je sois souvent incapable de les identifier, ce qui me les rend toujours plus troublantes… » (1933, Le Minautaure)
- « Depuis toujours la sculpture, la peinture ou le dessin étaient pour moi des moyens pour me rendre compte de ma vision du monde extérieur et surtout du visage et de l’ensemble de l’être humain (…). » (1959, You ask me about my artistic intentions, catalogue de l’exposition « New Images of man », MOMA New York)
- « Le détail me passionne, le petit détail, comme l’œil dans un visage, ou la mousse sur un arbre. (…) Ce sont les détails mêmes qui font l’ensemble… qui font la beauté d’une forme. » (1962, extrait d’un entretien avec André Parinaud, Arts n°873)
- « C’est cela qui me fait agir, comme si on devait bel et bien arriver à comprendre le noyau de la vie. » (1962, extrait d’un entretien avec André Parinaud, Arts n°873)
- « J’ai l’illusion d’avancer tous les jours, d’être chaque soir un peu plus avancé de ce que j’étais le matin. Donc chaque jour je vois différemment, je vois plus richement, donc le monde devient à mes yeux plus extraordinaire et plus intéressant. » (1962, entretien avec Antonio Del Guercio, Rinascita)
Alberto Giacometti – L’Homme qui marche
Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Le samedi, le dimanche et les jours fériés de 10h à 19h
Plein tarif : 9 € // Tarif réduit et enfants : 6 €
Billet cumulé expositions « Giacometti » & « Marilyn. The last Sitting – Bert Stern » : 12 € et 9 €
Fort de Bard
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