Vassily Sinaisky – Académie Philharmonique – Salle Pleyel
Retour de l’Académie Philharmonique, partenariat entre le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et l’Orchestre Philharmonique de Radio-France : des élèves stagiaires sont nommés dans près de la moitié de chaque pupitre, pour participer au concert de la Salle Pleyel.
Vassily Sinaisky, directeur musical du Théâtre du Bolchoï à Moscou, vient de se faire connaître à travers le monde en en dirigeant le concert de réouverture, après plusieurs années de travaux. Pédagogue, il est professeur de direction au Conservatoire de Saint-Petersbourg, ce qui justifie peut-être aussi sa présence devant une formation qui se compose pour moitié de musiciens encore étudiants.
Les deux partitions du concert sont des classiques de la musique russe et le chef, qui dirige sans baguette, semble les connaître du bout des doigts.
La Symphonie Classique de Prokofiev, écrite pour un petit effectif, contraste fortement avec la formation de la Septième Symphonie de Chostakovitch dont les cuivres ont par ailleurs été doublés (spécialité de ces académies philharmoniques ?), de part et d’autre de la scène, le xylophone et les caisses claires étant placées au centre.
Le mur du fond de la Salle Pleyel peut se voir couvrir de rideaux absorbants, ce qui aurait été fort utile pour l’œuvre de Prokofiev, dont les sonorités semblaient toujours quelque peu noyées. Le phrasé des cordes a donc été imprécis tout le long de l’œuvre, à moins que les nombreux traits rapides en soient la raison.
Le chef dirige la partition de façon très économe, en s’arrêtant de temps à autre une ou deux mesures, pour mieux écouter l’orchestre. La Gavotte manque de mordant, comme le thème du Final.
C’est un grand orchestre avec seize premiers violons, qui couvre l’ensemble de la scène. La doublure des cuivres, comme en stéréo, pas systématique, permet de très beaux effets d’espace sonore. Soixante-dix minutes de musique dans une acoustique idéale, et dont le public, malheureusement clairsemé, ressort comme essoré. On connaît l’histoire. Cette œuvre fut composée sous les bombardements de l’armée allemande. Le compositeur ne savait pas si lui et les siens seraient encore en vie le lendemain.
Après la très belle amplitude de l’introduction du premier mouvement, la fameuse Marche et son rythme de caisse claire : rien à dire, énorme. On note, lors de cette marche, le très beau duo hautbois et basson, également le drôle de phrasé “poussé”, en crescendo exagéré, à l’entrée des violons.
Le solo de basson, en fin de mouvement, qui s’achève dans des sonorités de clarinette basse et de contrebasson, est magnifique. Cette œuvre met en valeur cet instrument et il fut d’ailleurs très applaudi.
Le reste est à l’avenant : les cordes magnifiques du deuxième mouvement, et son très beau solo de hautbois ; l’entrée des vents dans le troisième mouvement, colossal ! suivi du tutti des trente violons sur une même ligne mélodique ; le Final, grandiose, et son tutti de cuivres.
Académie Philharmonique
Serge Prokofiev, Symphonie n°1 « classique »
Dimitri Chostakovitch, Symphonie n°7 « Leningrad »
Académie de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et du Conservatoire de Paris – CNSMDP.
Vassily Sinaisky, direction
Vendredi 17 février 2012 à 20h
Tarifs : 30, 25, 20, 15 et 10 €
Concert en direct sur France Musique
Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes
[Crédit visuel : Ulla Alderin]
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