Je ne sais quoi – L’Européen
Qui est Yvette Guilbert ? À elle toute-seule, le personnage semble sortie d’un roman de Zola. Née d’un milieu populaire en 1865, « Petite main » au grand magasin Le Printemps du boulevard Haussmann, Yvette Guilbert finit par rencontrer la scène en 1885. Elle n’en descendra plus. Découverte par Freud en 1889, alors qu’elle enchaîne les petits rôles dans les théâtres, les cafés-concerts et les beuglants, elle fait forte impression au maître de la psychanalyse ; dès lors commence une correspondance suivie et passionnante entre ceux que tout oppose.
La jeune femme se révèle un terrain d’étude passionnant pour l’intellectuel, « timide à la ville et audacieuse à la scène » mais ne joue pas le rôle de la jolie potiche : ses lettres témoignent d’un esprit vif et profond. La place de l’artiste occupera également une grande part de leurs échanges, notamment concernant la chanson Dites-moi que je suis belle. Croquée par Toulouse-Lautrec, Yvette Guilbert devient une star du café-concert : drôles, futées, sexys, ses chansons défendent une vision féminine et moderne de la société, sur un ton léger, voire carrément osé, mais toujours drôle. Aujourd’hui son nom est oublié, mais la talentueuse Nathalie Joly la ressuscite avec un talent indécent. Étonnante d’authenticité, Nathalie Joly travaille autant sa coiffure, son costume, que sa voix et sa gestuelle : on se croirait brusquement transporté à l’époque du caf’conc’, où cette artiste novatrice inventait une manière de parler/chanter, transformait les codes du spectacle et choquait autant qu’elle fascinait.
Inventoriant ses amants dans j’m’embrouille, gouaillant sur les cocottes dans Madame Arthur ou dans Elle était très bien, Nathalie Joly séduit le public avec des chansons libertines comme Le Fiacre ou encore Le Cochon. Elle chante la séduction, l’amour, le sexe décomplexé.
Mais le spectacle sait aussi aborder l’aspect tragique de la chanson réaliste avec l’incroyable La Soularde ou encore La Glu, des chansons dramatiques qui transforment l’esprit de l’auditoire en un tournemain, par la magie de l’interprétation et du texte, limpide dans sa cruauté.
Pour préparer ce spectacle, à la demande de la société psychanalytique de Paris, et à l’occasion des 150 ans de Freud, Nathalie Joly a eu accès à l’intégralité de la correspondance entre la chanteuse et le grand homme, jusqu’ici inédite. Alternant chansons, extrait de lettres, jeux avec le pianiste, le spectacle est une splendide réussite, qui parvient à remettre les idées en place : nos aïeux aussi riaient, pleuraient, aimaient et le chantaient.
Mathilde de Beaune
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Je ne sais quoi – Nathalie Joly chante Yvette Guilbert
D’après les chansons d’Yvette Guilbert
Et sa correspondance avec Freud
Chant et conception : Nathalie Joly
Piano : Jean-Pierre Gesbert
Sous le regard complice de Jacques Verzier
Le mardi 18 octobre 2011 à 20h30
Durée : 1h15
Tarif normal : 21 € – Tarif réduit: 15 €*
*étudiants, – de 26 ans,+ 60 ans, groupe de 10 personnes et demandeurs d’emploi
Placement libre assis
Tél : 01 43 87 97 13
L’Européen
5, rue Biot
75017 Paris
M° Place de Clichy
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