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Barton Fink – en copie neuve – Le Champo

4 octobre 2011
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Barton Fink - en copie neuve - Le Champo

Le vertige de la page blanche

En 1941, Barton Fink est un jeune auteur timide et effacé de pièces de théâtre, dont la dernière pièce est encensée par la critique à New York. Son agent le pousse à tenter sa chance à Hollywood comme scénariste sous contrat pour le studio de cinéma Capitol Pictures . Arrivé à Hollywood, le patron du studio, Jack Lipnick, lui demande de scénariser un film de série B sur le monde des lutteurs. Barton Fink accepte alors qu’il ne connait pas du tout cet univers sportif. L’auteur s’installe dans un grand hôtel suranné quasi désert et bien étrange. Dès les premières heures, l’angoisse de la page blanche envahit Barton Fink. C’est à ce moment que le jeune auteur rencontre Charlie Meadows, un étrange voisin…

Le 4e film des Frères Coen

En 1991, quand Joel et Ethan Coen présentent à Cannes “Barton Fink” , les deux frères sont déjà considérés comme de véritables auteurs. Ils viennent de sortir quelques mois auparavant leur troisième film “Miller’s Crossing” qui a fait l’unanimité de la presse. Ils ont précédemment écrit et réalisé “Blood Simple” (1984) et “Arizona junior” (1987).

Sous la présidence de Roman Polanski qui adore le film, le jury du 44e Festival de Cannes 1991, couronne à l’unanimité “Barton Fink” de la Palme d’Or , du Prix de la meilleure mise en scène ainsi que du Prix d’interprétation masculine pour John Turturro. C’est le premier film de l’histoire du Festival de Cannes a remporter les trois distinctions majeures. Une razzia de prix qui poussera Gilles Jacob, le responsable du Festival, à interdire, ensuite, de décerner les principaux prix au même film.

“Barton Fink” propose un univers iconoclaste dépouillé, qui se déroule entièrement ou presque dans une chambre d’un hôtel moite et gluant où les personnages transpirent en permanence. Les réalisateurs donnent au film un ton d’une originalité indiscutable où noirceur et humour juif new yorkais se conjuguent dans une sombre affaire de meurtre. C’est la descente aux enfers d’un auteur juif, confronté au mal emblématique symbolisé par un tueur psychopathe. Le genre du “film noir” est récurrent chez les frères Coen mais “Barton Fink” s’en distingue par son ton et son style visuel. Si “Miller’s Crossing” reprend l’ambiance des romans de Dashiel Hammett, “Barton Fink” n’a pas d’étiquette car il présente des éléments de comédie, de films noir, d’horreur, de réflexion, d’humour et d’exubérance.

La presse de l’époque reconnait les qualités du film. Ainsi on peut lire dans Libération à la sortie du film : « Chaque virgule du scénario est une trouvaille déroutante, chaque détail chiadé de l’image affole l’imagination, le moindre second rôle a la consistance d’un premier plan et quand surgissent ses acteurs principaux on a envie de se lever de son fauteuil pour serrer la main au film. » et dans le Monde: « Impitoyablement intelligents, Ethan et Joel Coen ne se soucient pas de donner une quelconque “morale” à leurs histoires. Ils font peur, ils font rire surtout.”

Une équipe gagnante

Depuis leurs débuts, les frères Coen travaillent en duo à chaque étape de l’élaboration de leur film. Ils écrivent le scénario, choisissent les acteurs, réalisent et produisent ensemble leurs oeuvres. Uniquement sur le plateau, l’un ou l’autre des frères prend la direction d’une scène quand il se sent le plus concerné.

L’une des qualités de “Barton Fink” provient de son casting. C’est l’occasion de retrouver des figures essentielles de l’univers cinématographique des deux réalisateurs. Ils demandent à John Goodmann et John Turturro de jouer les premiers rôles. Ce dernier vient de jouer dans “Miller’s Crossing”. Il reçoit pour son interprétation de Barton Fink le prix de la meilleure interprétation à Cannes. Il enchainera les rôles dans d’autres films des deux réalisateurs: “The Big Lebowski ” (1988) et “O’Brother”(2000). Quant à l’acteur John Goodmann, il a déja joué dans “Arizona Junior”, “The Big Lebowski” et “O’Brother” ainsi qu’une apparition dans “Le Grand Saut”. D’autres acteurs de “Barton Fink” comme Steve Buscemi, John Mahoney et Jon Polito apparaitront dans les autres films des frères Coen.

Fidèles, les frères Coen emploient la même équipe de technicien de film en film. Sur “Barton fink”, le compositeur Cartel Burwell est le même compositeur que sur “Blood Simple”, “Arizona Junior” et “Miller’s Crossing”. Idem pour le décorateur Dennis Glassner qui reproduit la même ambiance “noire” du polar qu’il a déjà sur transcrit sur “Miller’s Crossing”. Même chose pour le costumier Richard Hornung. Pour la photo, “Barton Fink” est le 1er film des frères Coen sur lequel ils ne collaborent pas avec leur directeur de la photographie habituel : Barry Sonnenfeld. On le retrouve néanmoins au début du film, dans une petite apparition clin d’oeil, dans la scène du restaurant. Les frères Coen, qui souhaitaient une atmosphère étrange pour la chambre de Barton Fink, demande à Roger Deakins de se charger de la photo. C’est le début d’une fabuleuse collaboration puisque Roger Deakins est le chef opérateur de tous les autres films des frères Coen dont “Fargo”, “O’Brother”, “The Barber : l’homme qui n’était pas là” et “No Country for Old Men” pour lesquels il reçoit à chaque fois l’Oscar de la meilleure photographie.

Festival de Cannes 1991 :
– Palme d’Or
– Prix d’interprétation masculine
– Prix de la meilleure mise en scène

Barton Fink

Réalisateur : Joel Coen
Scénario et montage : Ethan Coen et Joël Coen

Avec John Turturro, John Goodman

Photo : Roger Deakins

États-Unis – 1990- 1h56-vostf

Le Champo
51, rue des Ecoles
75005 Paris
M° Odéon ou Cluny

www.mission-distribution.com

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