Gerhard Richter – Peinture 2010-2011 – Galerie Marian Goodman
La sculpture 6 Standing Glass Panes est constituée de 6 panneaux de verre assemblés parallèlement dans une structure en acier. Dès 1967, Gerhard Richter utilise le verre dans 4 Panes of Glass. Ce matériau a pris de l’importance dans son travail et, depuis 2002, l’artiste a réalisé une série de constructions en verre en trois dimensions, semblables à celle exposée à la galerie. Ces œuvres renvoient à l’idée de la peinture en tant que fenêtre sur le monde, ou en tant que miroir reflétant tout ce qui lui fait face. Ces deux aspects apparaissent métaphoriquement et visuellement dans 6 Standing Glass Panes. Reflétant à la fois l’espace de la galerie et les spectateurs, l’œuvre oscille entre architecture et peinture.
La première série de peintures, les « Perizade », est réalisée en versant de la peinture liquide de manière aléatoire sur des plaques de verre. Ici, la matière de la peinture est présente et les formes sont ondoyantes, à l’inverse des grands tirages numériques intitulés « Strip », composés d’un rigoureux système de lignes parallèles. Le point de départ des Strip est néanmoins une peinture, réalisée par l’artiste en 1990 : Abstract Painting (724-4). Aidé d’un logiciel, il a divisé verticalement cette œuvre, d’abord en 2, puis en 4, 8, 16, 32, 64, 128, 256, 512, 1024, 2048, et 4096. Ce processus a conduit à la création de 8190 bandes, de la hauteur de la peinture de départ. A chaque stade de la division, les bandes s’affinent. Elles sont répétées en miroir, ce qui produit des motifs. Plus il y a d’étapes de division, plus elles sont répétées, afin que les motifs restent visibles.
« Les Strip » exposés ici sont des tirages uniques choisis et combinés à partir de différentes bandes. Comme l’écrit Benjamin H.D. Buchloh : « Avec ces nouvelles peintures, l’artiste s’interroge sur la façon dont la crédibilité de la peinture peut être maintenue face au développement récent de la technologie des médias et de la culture numérique. Le statut de la peinture est ici extrêmement fragile, bien qu’il soit puissamment formulé dans son assimilation aux défis technologiques, comme si la peinture s’affaiblissait à nouveau au contact des innovations technologiques. Cependant, en appliquant la stratégie quasi duchampienne de réunir technologie et réflexion critique poussée sur la peinture, les œuvres étonnantes de Gerhard Richter ouvrent un nouvel horizon de questions. Elles pourraient concerner la fonction actuelle de tout projet pictural qui ne veut pas régresser par rapport à la peinture du passé, mais qui veut se confronter à la destruction de l’expérience picturale en passant par la pratique même de la peinture comme opposition radicale aux velléités totalisantes de la technologie, et comme acte manifeste de déploration des pertes que subit la peinture sous l’égide de la culture numérique ».
Un catalogue comprenant un essai de Benjamin H.D. Buchloh est publié à l’occasion de l’exposition.
Gerhard Richter
L’artiste est né à Dresde en 1932. Depuis les années 1960, il produit un œuvre vaste et complexe. Sa peinture inclut le figuratif comme l’abstraction pure, l’émotionnel comme le formel. Ses œuvres figuratives partent souvent de ses propres photographies d’éléments du quotidien. Toutes les sources documentaires de son travail (coupures de presse, photographies, esquisses…) sont réunies dans l’œuvre encyclopédique Atlas, constamment enrichie et exposée régulièrement depuis 1972.
Il est considéré par de nombreux critiques d’art comme l’un des artistes contemporains les plus importants. Son travail a été exposé internationalement et il a reçu de nombreux prix prestigieux. Il a participé aux documenta 7, 8, 9 et 10 et aux 36ème, 40ème, 47ème, et 52ème Biennales de Venise.
Sa prochaine rétrospective intitulée « Panorama » est organisée conjointement par la Tate Modern de Londres (6 octobre 2011 – 8 janvier 2012), la Neue Nationalgalerie de Berlin (12 février – 13 mai 2012), et le Centre Pompidou (6 juin- 24 septembre 2012). La rétrospective itinérante Sinopsis / Survey a été présentée en 2009 en Bolivie et au Chili, en 2010 en Argentine et en Uruguay, et en 2011 dans plusieurs villes du Brésil.
Ses expositions en 2011 incluent également « Sinbad » à la FLAG Art Foundation de New York et « Images of an Era » au Bucerius Kunst Forum de Hambourg. En 2010 : « Elbe » au Kunstmuseum Winterthur (Suisse), et « Lines which do not exist » au Drawing Center de New York. En 2009 : une rétrospective à l’Albertina de Vienne, « Portaits » à la National Portrait Gallery de Londres, « Richter en France » au Musée de Grenoble, « Abstract Paintings » au Haus der Kunst de Munich. En 2002, le MOMA de New York a présenté l’exposition majeure « 40 Years of Painting », qui a voyagé ensuite à l’Art Institute de Chicago, au SF MoMA de San Francisco, et au Hirshhorn Museum de Washington.
Gerhard Richter – Peinture 2010-2011
Du 23 septembre au 3 novembre 2011
Vernissage le vendredi 23 septembre de 18h à 20h30, en présence de l’artiste.
Nocturne le jeudi 20 octobre jusqu’à 22h.
Galerie Marian Goodman
79, rue du Temple
75003 Paris
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