David d’Angers – BnF Richelieu
Pierre-Jean David, dit David d’Angers (1788-1856) étudie les beaux-arts à Paris, où il obtient le prix de Rome en 1811 après avoir travaillé dans l’atelier du peintre Jacques-Louis David, son homonyme.
Après un séjour en Italie où il découvre Michel-Ange, il fréquente les hauts lieux du mouvement romantique, notamment le salon de Charles Nodier à la bibliothèque de l’Arsenal, et se lie d’amitié avec Victor Hugo et les frères Devéria. Tout au long de sa carrière, il produit une oeuvre immense faite de statues, médaillons, bustes et bas-reliefs comme celui du fronton du Panthéon en 1837.
Dans les années 1830, le sculpteur entreprend de préserver les traits des « grands hommes » contemporains en une vaste galerie de médaillons. Défile ainsi toute la société de la Monarchie de Juillet : Chateaubriand, Benjamin Constant, Lamartine, Alexandre Dumas, Géricault, Goethe rencontré à Weimar, Hugo et sa fille Adèle, l’historien Jules Michelet, l’anatomiste Cuvier, le chimiste Chevreul, Alfred de Musset, George Sand… Parmi eux, quelques portraits rétrospectifs, comme le Bonaparte échevelé qui modèle autant qu’il illustre la légende napoléonienne.
Chez ce portraitiste, le renouveau des sciences du corps suscita un vif intérêt et il appliqua les dernières théories à la mode dans son oeuvre sculpté. Inaugurée au début du XIXe siècle par les travaux de l’anatomiste Franz-Josef Gall, la phrénologie voyait une corrélation entre les capacités et les penchants des individus et leurs protubérances crâniennes. David d’Angers en fut un des adeptes les plus convaincus par le parti expressif qu’il pouvait en tirer. L’application de ces théories au portrait impliquait qu’une bosse, un creux bien placés, devenaient signifiants en eux-mêmes, traduisant les dispositions du modèle, son sens du coloris, son talent poétique ou la fameuse « bosse des maths ». La phrénologie offrait dès lors à l’artiste les bases d’une idéalisation moderne tempérant le naturalisme tout en s’écartant des canons classiques.
Soucieux de transmettre ses médaillons à la postérité, David d’Angers en commença la publication sous forme d’un recueil de planches et, en 1844, fit don au Musée des médailles de ses originaux en plâtre, « brillants de vie et de génie ». Restaurés depuis peu, les voici à nouveau présentés selon ses voeux, pour « en faire jouir le public qui visite nos galeries ».
En regard, l’exposition présentera une série de ses bronzes provenant de la collection de l’illustrateur Achille Devéria, des estampes et des ouvrages théoriques (traités de physiognomonie, de phrénologie, de physiologie) qui figuraient dans la bibliothèque du sculpteur.
David d’Angers, les visages du romantisme
Commissariat :
– Inès Villela-Petit, conservateur, département des Monnaies, médailles et antiques
– Thierry Laugée, maître de conférences, Université Paris IV
Du 22 novembre 2011 au 25 mars 2012
Du lundi au vendredi, de 13h à 17h45
Samedi, de 13h à 16h45
Dimanche, de midi à 18h
Fermeture les jours fériés
Entrée libre
BNF Richelieu
Musée des Monnaies, médailles et antiques
5, rue Vivienne – 75002 Paris
A (re)découvrir sur Artistik Rezo :
– David d’Angers – dessins des musées d’Angers au musée du Louvre (fév. à mai 2013)
[Visuel : David d’Angers, Portrait de Napoléon Bonaparte, moule en plâtre, 1838, BnF, département des Monnaies, médailles et antiques]
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