Christian Lacroix
Né à Arles en 1951, Christian Lacroix grandit dans une famille très élégante. L’univers de l’esthétique l’inspire, et il entreprend des études d’Histoire de l’art à la faculté de Montpellier en 1969, dans le but de devenir conservateur de musée. En 1971, il s’installe à Paris et continue ses études à la Sorbonne, avant de rejoindre l’Ecole du Louvre.
Si Christian Lacroix a choisi le monde de l’art, c’est celui de la mode qui va lui ouvrir les bras, lorsqu’il est introduit chez Hermès en 1978 par Jean-Jacques Picart, que lui a présenté sa future femme, Françoise. Il affirme son statut de créateur avec sa nommination au poste de directeur artistique chez le grand couturier Jean Patou en 1981. Couronné de prix, il se lance dans l’inconnu et ouvre en 1987 sa propre maison de couture à Paris, chose que personne n’avait faite depuis Courrèges en 1965.
L’inspiration du couturier ? Barcelone, Venise, Londres, les couleurs chaudes, les traditions gitanes, les contes de fée que lui lisait sa grand-mère. Celui dont le mémoire eut pour sujet « Le costume à travers la peinture au XVIIème siècle » se sert de tout ce qu’il a appris et le retranscrit dans ses robes. Aux siècles passés, il emprunte rubans, nœuds, crinolines et corsets que l’on peut voir chez Fragonard, Boucher ou Nattier, il récupère plumes et volants des tableaux de Toulouse-Lautrec et des gitans de Provence. Sa passion pour la peinture vient également s’imprimer sur les tissus, où l’on retrouve des airs de Goya, de Whistler, voire parfois de Matisse. Et toujours, l’attrait pour les costumes : « quand je créais une robe de mariée ou une robe de cocktail, j’imaginais que la cliente était une héroïne de cinéma » explique celui qui mit en scène les costumes des femmes orientales au Quai Branly en 2011, lors de l’exposition « L’Orient des Femmes », comme s’il s’agissait d’œuvres d’art.
La renommée du créateur devient internationale, et il est nommé directeur artistique de la maison Pucci, bien connue pour ses imprimés, de 2002 à 2005. Le « fashion dream » s’arrête toutefois lorsque le patron de LVMH revend la maison Lacroix à un groupe américain, pour montrer son désaccord avec les folles audaces du créateur ; la crise de 2008 aura raison de la maison, qui fait faillite et doit fermer ses portes en 2009.
Christian Lacroix ne se retire pas complètement du monde de la mode, encore moins de celui de l’art. Celui qui crée des costumes depuis ses débuts, notamment pour des opéras (Don Pasquale en 2012) ou des pièces de théâtre, est également président du conseil d’administration du Centre National du Costume de scène. En 2009, au National Museum de Singapour, une rétrospective est consacrée à son parcours de costumier.
Ami de Chantal Thomass, il témoigne tout comme elle d’un fort attrait pour le design et la décoration : outre les hôtels parisiens et les wagons des TGV qu’il a redécoré, Christian Lacroix a très récemment dessiné une collection de meubles en association avec la maison italienne de mosaïques Sicis.
Mais c’est surtout dans la ville de ses racines, à Arles, que Lacroix montre le plus son attachement au monde de l’art. Grand collaborateur du Musée Réattu, il y organise fréquemment des expositions, notamment en 2008 où le musée lui a offert carte blanche : Christian Lacroix revisite ainsi quelques unes de ses créations tout en invitant Jean-Michel Othoniel, Guillaume Janot et bien d’autres, dans le « laboratoire de ses rêves d’artiste ». La même année, il est le commissaire et le directeur artistique de la 39ème édition des Rencontres Photographiques d’Arles, mettant en scène plus de 30 expositions photographiques regroupées autour du thème « Impressions photographiques ».
Si la maison Lacroix commence à sortir peu à peu la tête de l’eau, le créateur a continué est retourné à ses premiers amours, « le costume et le quotidien », qu’il met en valeur avec sa vision toujours artistique et excentrique.
Macha Paquis
- « En mode, j’ai toujours cherché à faire un folklore contemporain, une sorte d’arts et de traditions populaires d’aujourd’hui. »
- « J’ai toujours aimé ce qui est surchargé, presque de mauvais goût, et je ne sais pas faire du minimalisme. »
- « J’ai toujours oscillé entre la pureté structurale et l’extase ornementale. »
- « Au milieu des années 1950, mes parents m’ont emmené voir ma première exposition, Picasso. De ce jour, j’ai su que l’art appartenait à la vie. »
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[Visuel : Rétrospective Lacroix. Théatre antique d’Arles Rencontres Internationales de la photo. Juillet 2008. Travail personnel de Florian Vincent. sous licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported, 2.5 Générique, 2.0 Générique et 1.0 Générique]
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