Vinyl à la maison rouge
L’exposition Vinyl fonctionne sur la logique de l’inventaire. Une démarche qui révèle un sens maniaque de la classification et de l’ordre dont nous pouvons extraire deux avantages.
Valeur historique
Nous y trouvons tout d’abord un avantage historique. Guy Schraeanen a commencé sa collection dans les années soixante sensible à l’émergence de formes d’arts ne dépendant plus de la production d’un objet qui puisse se conserver. Il cherche alors les moyens de garder des traces en collectionnant les cartons d’invitation, les affiches, les catalogues et se découvre un intérêt particulier pour le travail sonore et les pochettes de disques. Aujourd’hui, sa collection dessine l’inventaire non exhaustif des relations entre les artistes plasticiens et le support vinyl, que ces artistes soient eux-mêmes auteurs des productions sonores ou au service de musiciens.
L’exposition brosse ainsi le visage sonore du XXe siècle entre les années vingt et quatre-vingts. On y remarque tout particulièrement la présence de Beuys, des mouvements Dada et Fluxus, de Warhol, Valie Export ou encore Opalka… Nous regrettons cependant l’absence presque totale de textes accompagnant l’exposition afin d’aider le visiteur non spécialiste à identifier les événements.
Valeur psychanalytique
L’avantage de l’exposition est ensuite plus d’ordre psychanalytique. Celle-ci nous confronte non seulement aux images et objets, mais aussi aux sons, à leurs relations possibles et surtout au besoin maniaque de les organiser par regroupements logiques. Bien au-delà d’une simple mise en ordre pour rendre la scénographie cohérente, Vinyl montre la tendance presque compulsive dont l’humain fait preuve dans sa volonté de garder une certaine maîtrise du monde qui l’entoure et de retenir le temps qui lui échappe. Cette démarche et confirmée et prolongée par la dernière partie de l’exposition au sous-sol.
Cette exposition intitulée marco D.Schizomètres – une fiction d’art brut –, presque indépendante, présente le travail d’un certain Marco Decorpeliada. Si ce nom ne vous dit rien, vous êtes chaleureusement invités à venir trouver la clé de son identité dans la toute dernière salle de l’exposition, car en dire plus ici reviendrait à raconter la fin d’un thriller à ceux qui n’ont pas encore vu le film.
Vinyl est une exposition qui se voit sous deux angles. Le premier, assez classique, repose sur une rencontre avec les images et les sons. Le deuxième, repose sur le besoin de refaire le tour de l’exposition sous l’éclairage nouveau de l’analyse critique de Marco D. C’est ainsi qu’après avoir fait l’inventaire du sujet proposé, nous approfondissons notre visite d’un œil plus critique permettant l’analyse des enjeux de l’obsession que représente notre cher sens de la classification.
Lorraine Alexandre
Lire aussi sur Artistik Rezo, marco D.Schizomètres à la Maison rouge.
Vinyl, disques et pochettes d’artistes – La collection Guy Schraeanen
Du 19 février au 23 mai 2010
Du mercredi au dimanche de 11h à 19h
Jeudi nocturne jusqu’à 21h
7 euros, 5 euros tarif réduit
Informations : 01 40 01 08 81
La maison rouge
Fondation Antoine de Galbert
10 bd de la Bastille
75012 Paris
Métro Quai de la Rapée et Bastille
RER Gare de Lyon
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