Lou Olmos Arsenne, un artiste contemPOPrain
J’ai eu le plaisir d’échanger un temps avec Lou Olmos Arsenne, artiste peintre originaire d’une station de sports d’hiver dans les Alpes et résidant à Paris depuis maintenant huit ans. Très intriguée par sa peinture, j’ai découvert ses tableaux sur Instagram et me suis prise d’un intérêt fort pour ses dernières séries.
Avant les Beaux-Arts : lycée, université puis prépa arts appliqués
Lou était lycéen à Grenoble dans une section “Arts de la scène” et pratiquait régulièrement le théâtre. Une fois le bac obtenu, c’est la capitale qui l’appelle et il s’y rend dans l’optique d’y effectuer une licence de Lettres Modernes. Le système de l’université ne lui convient pas et il décide d’arrêter.
Fort de sa personnalité unique, d’un travail de collage et d’un oral particulier, il est pris à Glacière, une classe préparatoire d’Arts Appliqués de la Mairie de Paris.
Il n’a pas commencé à peindre de suite. Bien que déjà intéressé par la couleur, le design, la scénographie – il pratique surtout le collage comme “un touriste artistique” me dit-il, qui a “la flemme” de commencer un autre médium.
C’est un exercice donné par sa professeur Florence Reymond dans lequel il doit faire la peinture d’un paysage français, qui le met sur le chemin de la peinture qu’il n’a pas quitté depuis. Tout lui plait.
“C‘était hyper sensoriel, mettre les choses les unes à côté des autres, les aplats, les mouvements. C’est vraiment la facilité, le truc super simple.”
Une fois la prépa finie, Lou entre aux Beaux-Arts de Paris pour approfondir son apprentissage de la peinture. Son portfolio regroupe surtout des peintures faites sur carton, comme celle ci-dessous.
Les Beaux-Arts de Paris
Lou commence auprès des peintres Bernard Piffaretti, Sylvie Fanchon et Dominique Figarella (atelier P2F) qui ont tous une peinture très conceptuelle.
Les sujets de ses toiles sont des compositions de mondes imaginés. La volonté de changer de technique et “d’apprendre à vraiment peindre” émerge chez notre peintre. Ainsi, il change d’atelier lors de sa seconde année. Nous verrons d’ailleurs qu’il ne s’est jamais conforté dans une technique ou un médium ; sa pratique est constamment en train d’évoluer dans l’objectif de se dépasser.
Ci-dessous, une toile qui représente cette période au sein de l’atelier P2F.
C’est Nina Childress qui sera mentor de notre peintre pendant les quatre années suivantes. Son iconographie l’intrigue ; il apprécie particulièrement son choix de couleurs qui lui rappellent les années 80 et ses sujets tranchés.
La figuration commence à apparaître dans son œuvre ; par exemple avec la série de dessins ci-dessous, réalisée en 2020.
La mine de ces personnages ressort de ces espaces “flous” dans lesquels ils se trouvent. Plus tard, Lou me dira qu’il n’a jamais trop su où il devait être – comme ses personnages. Cette composition rappelle un collage : les angles sont nets et les strates comme superposés.
Il commence doucement à s’inspirer de photos, mais “sans toucher au réalisme qui m’ennuie trop”.
Sortir de l’atelier
Lou déambule dans les Beaux-Arts à la rencontre d’autres professeurs. Il commence à travailler les grands formats, d’un geste plus lent, à se confronter à d’autres compositions picturales. Le sens n’est pas prioritaire dans son travail à cette époque.
La peinture est vue comme un exercice physique ; la méthode de Lou est de coller la toile à son mur pour la travailler avec force. La légèreté du trait, de la couleur ne laisse pourtant pas transparaître le moindre effort. On croirait presque une aquarelle tant les couleurs se fondent ensemble.
Au même moment où ce geste émerge, Lou peint des scènes du quotidien qu’on pourrait qualifier de “non-sujet”. Il tente d’animer les objets avec ces palettes de couleurs chaudes et ces reliefs presque poétiques.
Pré-Saint-Gervais et diplôme de 5e année
Afin de préparer son diplôme de master, Lou loue un atelier au Pré-Saint-Gervais. Ce portrait grand format voit le jour, inspiré d’une photographie.
Quand il m’en parle, Lou me confie qu’il y trouve quelque chose de “vulgaire”, presque caricatural qui lui déplaisait au début. Le travail du fond est flou, intentionnellement, dans la même démarche d’aplats proches de la réalité sans en délivrer le secret.
Ces tâches de couleur sont là pour tenter de maitriser une perspective que Lou dit ne pas avoir. C’est surement le côté surréaliste de son travail. Comme dans un rêve, le fond est là mais on ne le discerne pas clairement.
Deux jours avant l’installation de son diplôme, Lou peint Souvenir, le tableau que j’ai choisi pour ouvrir cet article. Il le peint en deux nuits, presque d’une traite : “Ce tableau était facile” me dit-il. Cela représente son frère et lui, adolescents, skieurs. Au moment de tourner une page importante de sa vie, Lou peint une page de sa vie révolue qui lui apportait beaucoup de joie. C’est comme s’il peignait avec contre-coup, comme nous le verrons avec ses tableaux à Hambourg.
Ce que j’aime avec ce tableau est le détail peint au premier plan comme si la mise au point était sur ce premier skieur – qui est en fait le peintre.
C’était “la peinture la plus importante” du diplôme de fin d’études de Lou. On ne le voit pas sur la photo ci-dessus mais il utilise des pigments argentés réfléchissants la lumière : “j’ai envie que mes personnages soient des stars pop américaines, qu’ils fassent tous le Super Bowl”.
Résidence à Hambourg
“Je ne vais jamais vraiment m’inspirer de là où je suis”.
Arrivé à Hambourg, Lou peint Paris et ses photos prises en soirée. Cela relève presque d’une démarche de monteur cinématographique : l’artiste va chercher ses plans pour leur redonner une place.
La nostalgie n’est pas exclue de ces moments d’analyse où Lou se remémore des moments révolus. Le tableau ci-dessous est inspiré d’une photo prise en soirée dans un atelier luxueux de la Mairie de Paris.
L’émergence de la figure du skieur
Lors de la deuxième partie de sa résidence à Hambourg, Lou change d’espace de travail. Lui vient alors l’idée de travailler une série de portraits de skieurs de façon très rigoureuse : “Je me dis, ok, là il faut que j’en fasse cent”. À nouveau, dans la personnalité de l’artiste, l’empreinte de la compétition se fait sentir ; s’imposer une discipline de travail fait la différence.
“Tous les jours il fallait en faire un… il faut pas que je perde… C’est inconfortable d’être artiste des fois. C’est pas : je me lève, je prends mon thé dans mon atelier puis je réfléchis deux heures à ce que je vais peindre. C’est plus ça quand tu sors de l’école, c’est fini tout ça.”
Certains skieurs sourient, d’autres non. Lou parle de “photosensibilité” qui est un terme dont l’usage peut être apprécié ici ; la lumière étant le courant qui émane de l’artiste au moment du geste même de peindre.
Et pour la suite ?
Lou songe à quitter Paris. Il est affilié à la galerie Regala à Arles. Il ne vit pas suffisamment de son art et bien qu’ils vendent régulièrement des dessins, cela ne lui permet pas forcément de rester à Paris.
Toujours dans une démarche de perfectionnement, il travaille sur au moins une peinture par jour. Ce que j’aime tout particulièrement avec Lou, c’est la possibilité de suivre son trait sur ses réseaux notamment : vous pouvez retrouver ses œuvres quotidiennement sur son compte Instagram.
Gaïa Tourpe
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