Nouveaux récits, nouveaux regards : notre sélection de films en septembre
“Il nous faut bâtir un nouveau récit collectif, car une stratégie de changement naît d’un autre imaginaire.” C’est ainsi que Cyril Dion, écrivain, réalisateur et militant écologiste, exprime la nécessité d’agir, tant sur le plan individuel que collectif, pour oser vivre autrement et participer à de nouvelles histoires, de nouveaux récits, de nouvelles réalités.
Changer d’histoire pour changer l’Histoire : quelle subtilité Dion nous propose dans son ouvrage ! Dans cette même logique, nous percevons septembre comme le mois des résolutions. Tout recommence. On redonne une nouvelle structure, un nouveau récit à nos vies personnelles et collectives. Et avec cela, une sélection de films qui racontent des histoires passées, des histoires à venir, et d’autres, purement contemplatives, émouvantes et souvent réfléchies.
1 – À son image de Thierry de Peretti, au cinéma le 04 septembre
Avec Clara-Maria Laredo, Marc’Antonu Mozziconacci, Louis Starace
Pays : France
“La nouveauté pour moi, c’est en effet que le point de départ est un roman. Les événements politiques qui rythment le récit sont historiques : l’affaire Bastelica-Fesch, le double homicide de la prison d’Ajaccio, la mort de Robert Sozzi, la scission au sein du Front de Libération Nationale Corse (FNLC)… mais les personnages sont de purs personnages de littérature.” Thierry De Peretti nous livre une fiction documentaire et politique, tragique et comique, forte et poétique. Une vraie plongée dans l’histoire contemporaine de la Corse !
2 – Tatami de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv, au cinéma le 04 septembre
Avec Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Ash Goldeh
Pays : Géorgie, USA
“Nous sommes convaincus que l’art est la voix de la raison dans le vacarme du monde. L’histoire que nous avons choisie de raconter dans ce film est celle de trop nombreux artistes et sportifs qui ont dû renoncer à leurs rêves, parfois contraints d’abandonner leur pays et leurs proches en raison d’un conflit entre une communauté et un gouvernement. Au bout du compte, nous espérons avoir réalisé un film qui prouvera au monde que l’humanité et la coopération triomphent toujours.” Révolte des femmes iraniennes, compromis, et résistance à un état oppresseur… Zar Amiri et Guy Nattiv propose une nouvelle vision de l’infiltration des contraintes politiques dans nos vies.
3 – Anaïs, 2 chapitres de Marion Gervais, au cinéma le 11 septembre
Pays : France
“Je l’écoutais raconter le combat passionné qu’elle commençait à mener. Celui de monter sa petite installation de plantes aromatiques coûte que coûte. Et ce malgré un monde agricole machiste, une administration kafkaïenne, un maire plus enclin à faire de son village une carte postale pour touristes qu’à donner un coup de pouce à une toute jeune femme qui veut monter sa petite exploitation agricole. Sa parole était intense et authentique, son regard sur le monde sans concession. Elle était entière, solaire, drôle, rock n roll, rebelle. Une bourrasque de fraîcheur dans un monde en demi-teinte. Une fille libre.” En intimité, impulsivité, persévérance et beaucoup d’espoir, Gervais nous fait le portrait d’une femme qui vie sa vie. À notre tour, comme vit-on la notre ?
4 – Langue étrangère de Claire Burger, au cinéma le 11 septembre
Avec Lilith Grasmug, Josefa Heinsius, Chiara Mastroianni
Pays : France, Allemagne, Belgique
“A l’adolescence, tout est plus poreux entre l’amour et l’amitié, ces sentiments se confondent souvent. C’est un moment où on essaye de construire son lien à l’autre, et où le lien à l’autre, en retour, nous constitue. Cette nouvelle génération est plus fluide que la nôtre dans ses rapports amoureux et dans le film, l’homosexualité n’est pas une question en soi, elle ne prend pas le pas sur les autres thématiques, c’est un simple désir qui traverse le film.” Burger nous lance dans une histoire d’amour, mais c’est un amour parfois platonique, parfois expérimentale, parfois politique, tout en alternant son point de vue pour évoquer l’extériorité et internalisation des rapports à l’autre et à soi.
5 – Les graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof, au cinéma le 18 septembre
Avec Misagh Zare, Soheila Golestani, Mahsa Rostami
Pays : Iran, France, Allemagne
“En IrLan, depuis la révolution de 1979, on a des récits qui élèvent l’infanticide, le fratricide, la recherche du martyre, en valeurs quasi-religieuses, mus par le fanatisme et l’asservissement à une idéologie. La soumission inconditionnelle aux institutions religieuses et politiques au pouvoir a créé de profondes divisions au sein des familles. Mais lorsque je regarde les manifestations menées par la jeune génération, il me semble qu’elle a choisi une voie différente, plus ouverte, pour affronter les oppresseurs.” Après son emprisonnement en 2022, Mohammad Rasoulof renforce son positionnement en tant que cinéaste engagé, militant, courageux, nonchalant aux oppressions gouvernementales. Un vrai chef-d’oeuvre !
6 – Toxicily de François-Xavier Destors, au cinéma le 18 septembre
Pays : France, Italie
“Quand tu quittes la belle Syracuse, il est impossible de rater cette gigantesque zone industrielle qui longe la côte. Ceux qui osent s’y arrêter font face à un deuxième choc, olfactif cette fois, parce que cela devient vite irrespirable. La plupart des gens que tu rencontres ont eu un ou plusieurs cancers, les cimetières sont anormalement remplis de personnes jeunes et d’enfants. Il y a tellement de manières d’être contaminé au quotidien. L’ampleur du problème est criante, évidente, mais tous détournent le regard ou l’acceptent avec une sorte de résignation.” On parle, de manière claire et nette, d’écocide qui pose un problème autant environnemental que sociétal. Quelles actions et politiques mettre en place face à cette situation ? Cherchons-nous à éviter les causes et conséquences, ou sauver ce qu’il en reste de sain ?
7 – Megalopolis de Francis Ford Cappola, au cinéma le 25 septembre
Avec Adam Driver, Giancarlo Esposito, Nathalie Emmanuel
Pays : U.S.A
“J’ai foi en l’Amérique. Nos pères fondateurs se sont appuyés sur une constitution qu’ils ont empruntée, le droit romain et le Sénat pour leur gouvernement révolutionnaire sans roi. L’histoire des États-Unis n’aurait pu se dérouler, et le pays n’aurait pu se développer, sans l’héritage des classiques pour le guider. Je rêve que Megalopolis devienne un film traditionnel de réveillon du nouvel an et que les spectateurs discutent, après la projection, non pas de leur nouveau régime ou de leur résolution d’arrêter de fumer, mais de cette simple question : La société dans laquelle nous vivons est-elle la seule à notre disposition ?” Capolla nous éblouie, encore une fois, avec un film autant visuellement que philosophiquement enrichi. Le nouveau blockbuster à ne pas manquer !
8 – Résistances – Quartiers Lointains Saison 8 de Sameh Alaa, Ramata-Toulaye Sy, Amina Abdoulaye Mamani, au cinéma le 25 septembre
Avec Salamatou Hassane, Djaoro M’badi Youssouf, Oumarou Aboulaye Mamani
Pays : Niger, Burkina Faso, Rwanda, Ethiopie, Grande Bretagne, France, Sénégal, Egypte, Qatar, Belgique
Depuis 10 années, le programme itinérant Quartiers Lointains met en lumière les nouveaux talents du cinéma du demain. Couvrant des continents et des pays, Quartiers Lointains rend le lointain plus proche et révèle les points communs plus que les différences. Dans sa huitième saison, on est rappelé l’importance de la résistance pas seulement face à la guerre, mais aussi face à un cadre familial, politique, religieux, culturel ou sociétal qui nous est imposé. À travers trois courts-métrages, les réalisateur·ices nous montrent la ténacité et l’insoumission face à l’ordre établi.
9 – Vivre, mourir, renaître de Gaël Morel, au cinéma le 25 septembre
Avec Lou Lampros, Victor Belmondo, Théo Christine
Pays : France
“Le sida n’est pas un sujet de fiction en soi. Il est intéressant comme catalyseur ou stimulateur. Il arrive à un moment de la narration où il percute la vie de mes trois personnages. Sammy, Emma et Cyril, se sont rencontrés pour d’autres raisons que la maladie : l’amour et le désir de s’aimer. D’ailleurs, quand le personnage de Cyril parle de sa séropositivité à peu près au bout de 20 minutes du film, il l’annonce sans tambour ni trompette, de façon presque banale. C’est un film autour et avec le sida, mais encore une fois, ce n’est pas le sujet principal. Le sujet principal, c’est une histoire d’amour, modifiée et intensifiée par la maladie.” Morel nous montre une nouvelle vision de l’amour, marqué par la jeunesse à saisir, le désir à conquérir, et une maladie à franchir.
10 – Les voix croisées de Raphaël Grisey, Bouba Touré, au cinéma le 25 septembre
Pays : France, Allemagne
“Il y a d’abord l’expérience d’une génération de jeunes Africains de l’Ouest venus travailler dans les usines françaises à partir de 1960 et confrontés à des conditions de travail exécrables ainsi qu’au racisme de la société française. Ces difficultés ont entraîné une prise de conscience politique chez les futurs fondateurs de la coopérative [Somankidi Coura]. L’autre tournant, c’est une série de famines et de sécheresses dans le Sahel à partir des années 1970, très tôt analysées comme étant la conséquence de la violence coloniale faite sur les sols, au-delà de celle faite sur les humains.” Encore une fois, l’activisme politique vient s’instaurer autour de l’écocide due au colonialisme et l’exploitation des sols sur le continent Africain. Une histoire importante à raconter, et à s’en rappeler pour des questionnement autour de sujets de débats actuels.
Bon visionnage !
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