“Tehachapi” : JR revient avec “un manifeste du pouvoir de l’art” qui sort au MK2 le 12 juin
“Dans un monde de plus en plus divisé, où chacun possède sa propre vérité, et où le dialogue semble parfois impossible, comment l’art peut-il changer les choses ? Je me suis rendu pour la première fois dans la prison de haute sécurité de Tehachapi, en Californie, en octobre 2019 pour y mener un projet artistique.
La rencontre avec les détenus m’a profondément marquée. Dans chacun de mes projets, que ce soit dans les favelas, dans des pays en révolution, en zone de guerre, ou dans des communautés isolées, j’essaie toujours de créer des ponts entre les gens. Je me suis donc demandé comment créer un lien entre ces hommes incarcérés et le monde extérieur. L’idée de faire un film m’est apparue comme une évidence pour pouvoir partager leur résilience au plus grand nombre, et souligner l’importance des programmes de réhabilitation en milieu carcéral.
Au cours des trois années passées à travailler sur le projet, j’ai été témoin de l’impact qu’il avait eu sur les participants, et j’ai vu les barrières tomber peu à peu entre les détenus et le personnel de la prison, mais aussi entre les détenus eux-mêmes, issus de gangs ou d’origines ethniques différents. Ça m’a donné beaucoup d’espoir. Il y a quelques années, j’ai rencontré Agnès Varda. Elle m’a appris à gagner la confiance d’anonymes afin qu’ils se livrent et me suivent dans ma démarche artistique. C’est la première fois que je réalise un film depuis Visages, Villages, le documentaire que nous avions réalisé ensemble.
J’applique dans Tehachapi tout ce que j’ai appris d’elle. Évidemment, rien ne peut remplacer la relation que nous avions pendant la création de notre film, mais j’ai toujours gardé à l’esprit son approche, et j’ai porté une attention particulière à un point essentiel pour elle : l’écoute de l’autre.
Tehachapi est un manifeste du pouvoir de l’art. Comment peut-on imaginer avoir de la compassion pour un homme avec une croix gammée tatouée sur le visage ? Pourtant, Kevin est aujourd’hui un homme libre, qui a prouvé à tous qu’il avait changé et méritait sa seconde chance. Si la plupart des détenus avaient déjà entamé leur chemin vers la rédemption avant que nous les rencontrions, rien dans le système ne permettait de le valoriser.
Grâce aux réseaux sociaux, le projet a permis à des personnes du monde entier d’en être les témoins privilégiés. Ainsi, sur les 28 détenus ayant participé au premier collage, seuls trois restent aujourd’hui incarcérés au niveau de sécurité maximal. Parmi les autres, la moitié a été transférée dans des niveaux inférieurs, et l’autre moitié a été libérée, alors même que certains d’entre eux avaient été condamnés à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. L’art ne peut peut-être pas changer le monde, mais j’ai compris que l’art pouvait changer des vies.
Pour moi, l’art est vecteur d’espoir, et à Tehachapi, il en a apporté dans un lieu pourtant
généralement considéré comme en étant dépourvu. Les personnages du film ont réellement changé. Je suis moi-même désormais convaincu que tout le monde peut changer.” – JR
Synopsis :
Les Etats-Unis représentent 4,2% de la population mondiale et 20% des détenus dans le monde. En octobre 2019, l’artiste JR obtient l’autorisation sans précédent d’intervenir dans l’une des prisons de haute sécurité les plus violentes de Californie : Tehachapi. Certains détenus y purgent des peines à perpétuité pour des crimes commis alors qu’ils n’étaient que mineurs. À travers son projet de fresque, JR rassemble les portraits et les histoires de ces hommes, offrant un regard différent sur le milieu carcéral et apportant un message d’espoir et de rédemption possible.
[Source : communiqué de presse]
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