“NO FUTURE, comme disaient les punks” : l’expo inaugurale des Jardiniers, le nouveau lieu culturel hybride à Montrouge !
Le 27 avril dernier, s’est ouvert au public à Montrouge aux portes de Paris, un
nouveau lieu culturel hybride : les Jardiniers. Dans une ancienne usine d’hélices d’avion, devenue par la suite l’atelier des jardiniers de la ville de Montrouge, les Jardiniers est un lieu ouvert à tous, engagé socialement et écologiquement, dédié à l’art contemporain et à l’écologie. Lieu hybride, entre art contemporain et restauration engagée, cet espace réhabilité de 600 m2 lie espace d’exposition, activités culturelles et moments culinaires en un lieu convivial et ouvert. Jusqu’au 21 juillet 2024, découvrez l’exposition collective inaugurale : “NO FUTURE, comme disaient les punks”.
“J’ai connu un fou qui croyait que la fin du monde était arrivée. Il faisait de la peinture. Je l’aimais bien.” Samuel Beckett, Fin de Partie, 1957.
Le paysage qui se dresse devant nous aujourd’hui, celui qu’on s’imagine pour demain, est le tableau d’un monde abîmé et bouleversé. Les dérèglements climatiques et sociaux marquent nos environnements. NO FUTURE, comme disaient les punks donne à voir ce paysage, les perspectives de ce que nous sommes, étions et espérions être.
L’exposition inaugurale de la Galerie des Jardiniers s’intéresse à ce rapport esthétique et critique qu’entretiennent les artistes avec les enjeux écologiques. La penseuse contemporaine McKenzie Wark propose ceci dans sa conférence Blue Ruins – Spectacle of disintegration : “L’art peut devenir une contemplation non pas des origines mais des fins. (…) Le paysage de la fin du monde, comme le produit fini de l’esthétique moderniste.” Quels constats dressent-ils par leurs regards et leurs gestes en observant ce monde ?
Le titre NO FUTURE, comme disaient les punks est tiré de l’ouvrage Esthétique des ruines : poïétique de la destruction, où il est soulevé l’inscription d’un passé (par les ruines, par les contestations) dans notre réalité présente; en quoi cela est le signe du “temps à l’œuvre”. Ce slogan “NO FUTURE”, caractéristique du mouvement punk, rappelle à une forme d’urgence, parfois enclin au nihilisme mais aussi à leur inventivité dans le désordre. La formule complète “no future .. for you!” s’adresse à la bourgeoisie, en s’opposant fermement à sa morale et ses mœurs. Par un renversement de l’ordre dominant, l’idée du beau convenu est questionné – ainsi le propose Paul B. Preciado dans son article Après la beauté.
Du 27 avril au 21 juillet 2024, cette exposition collective réunit et met en dialogue onze artistes qui ensemble forment un prisme complexe – par les formes et la pensée – pour observer, comprendre autrement nos relations au monde et à la création artistique contemporaine. Les trois axes majeurs de l’exposition sont : les fragments contemporains de ce qu’il reste de nous, les images stratifiées ou ouvertures des récits par le trouble et l’abstraction et enfin, les paysages abandonnés dans nos tristes regards. Entre document d’archives et vidéo 3D, photographie et peinture (parfois dans le trouble NO FUTURE, comme disaient les punks du médium), les artistes, toutes générations confondues, remarquent les désastres et la désolation en anticipation des fins. Notre réalité s’est élargie dans ce présent sans fin ni futur. Il est aujourd’hui question de décomposer et recomposer avec les strates infinies de réalité et de virtualité.
Les artistes invités, ces romantiques de notre siècle, de cette “ère de la perte” ne se contentent peut-être pas de constater dans l’urgence un état du monde. Ils explorent sensiblement ces ruines affectives et ces fragments contemporains, contemplent d’un triste regard les paysages abandonnés, étudient la stratification des images troublées. NO FUTURE comme disaient les punks revient avec une certaine mélancolie sur les récits que l’on se fait de la fin, pour mieux les consoler, les vivre et déjà esquisser des réponses.
Un second volet de l’exposition envisagera les formes que peuvent prendre les résolutions de nos présents. Il y a sûrement des questions sans réponse, peut-être existe-t-il déjà des réponses qui n’ont pas trouvé la bonne question. L’exposition présentera une suite à ces paysages ; donnera place aux voix contestataires, remarquera avec quelle joie et amusement, avec quel cri, les artistes contemporains imaginent et pansent les lendemains.
Avec : Pauline Bazignan, Jean-Baptiste Boyer, Sacha Cambier de Montravel, Bruno Gadenne, Louis Le Kim, Anita Molinero, Eva Nielsen, Lucy Ivanova, HA Schult, Julie Vacher et Gaspar Willmann
Commissariat : Titi M. Cerina, Adrien van Melle–Nehama, Henri van Mell
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[Source : communiqué de presse]
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