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“La Révolution Française”, le premier opéra rock français de retour sur scène

© Angélique Le Goupil / AWcreation

Il y a cinquante ans, en 1974, Claude Michel Schönberg, Raymond Jeannot, Alain Boublil et Jean-Max Rivière composent le premier opéra rock français, quelques années avant “Starmania” et “Les Misérables”. Aujourd’hui, le producteur Pierre-Ammar Chalal, tombé amoureux très jeune de cette œuvre, décide de remonter cette production avec le metteur en scène Ned Grujic et 25 chanteurs comédiens sur le plateau du 13e Art. Un pari modernisé et féminisé très réussi !

Parisiens, réveillez-vous !

© Angélique Le Goupil / AWcreation

Un vent de folie, de révolte et de liberté souffle dans la grande salle du 13e Art ! Une bande de jeunes gens en bleu et rouge déboule des portes et des coursives pour unir leurs voix puissantes et monter en choeur sur le plateau : ce sont les paysans et les artisans, les jeunes femmes et les enfants, les boulangers et les lingères, affamés, à bout de nerf, le cœur brûlant, qui réclament la fin des privilèges et l’égalité de droits pour tous. De la réunion des Etats Généraux à la prise de la Bastille, en passant par l’exil de la noblesse et la fuite à Varennes, on croise Marie-Antoinette et Louis XVI empourprés d’inconscience, Danton et Robespierre enfiévrés, Marat et Charlotte Corday, Fouquier-Tinville et Talleyrand. À travers la succession de moments historiques déterminants, on y retrouve un couple d’amoureux, Isabelle de Montmorency la jeune noble romantique et Charles Gautier le révolutionnaire, qui s’aiment et s’attirent en dépit de tout dans un Paris à feu et à sang.

Talent et fougue

© Angélique Le Goupil / AWcreation

De ce succès des années 70, immortalisé sur disque mais tombé depuis dans l’oubli, Raphaël Sanchez, musicien et directeur musical, en a retravaillé la partition comme un orfèvre. Entouré de jeunes musiciens polyvalents, il dirige cet opéra qu’il a recomposé, en direct, soutenant avec une fureur révolutionnaire l’action des tableaux qui se succèdent. A l’époque, Daniel Balavoine et Alain Bashung faisaient partie de la troupe, comme le chanteur Antoine dans le rôle de Napoléon. Aujourd’hui, les jeunes interprètes au talent solaire incarnent avec beaucoup d’engagement et de sincérité les protagonistes de cette période libératoire et sanglante de notre histoire, où la liesse de l’égalité et de la revanche précédent la rigueur terrible des Tribunaux révolutionnaires. Les chorégraphies d’Amélie Foubert réjouissent l’œil, les voix oscillent entre le jazz, le rock et le bel canto classique, en un camaïeu harmonique, Marianne apparaît dans une véritable scène coiffée de son bonnet phrygien et les lumières d’Alexandre Delabie balaient l’espace en rythme. 

Un jeune général nommé Bonaparte

© Angélique Le Goupil / AWcreation

Face aux sans-culotte, Bonaparte bat la campagne tandis que gronde la révolte des Chouans. Il faudrait tous les citer, les vingt cinq jeunes artistes qui composent cette troupe survoltée d’énergie, tant ils sont talentueux et engagés. Si le Robespierre de Sébastien Duchange, bassiste et comédien, ressemble trop à Lucifer en personne, un géant à la figure d’Atlas qui dévore des yeux tout ce qui bouge, Pierre Etienne (Charles) et Marion Perronnet (Isabelle) forment un couple d’un romanesque achevé et d’un charme captivant. Diane Fourès, violoniste et soprano au timbre éclatant dans Charlotte Corday, Julie Denn (Marie-Antoinette) et Henri Pauliat (Marat) composent avec Clara Poirieux (Marianne) un groupe de personnages hauts en couleurs et en émotions. Un spectacle vivant et libertaire, romantique et fougueux, qui respecte parfaitement les étapes chronologiques de cette période, et qui peut être apprécié par un public jeune et désireux de saisir une histoire vivante. Bravo les artistes !

Hélène Kuttner 

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