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Guerre(s) et au-delà : notre sélection de films en mai

30 avril 2024
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Commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale le 8 mai, et l’Ascension le 9 mai, nous tournons le regard, ce mois-ci, sur les thèmes qui régissent, jusqu’à nos jours, la vie quotidienne d’une large partie de la population mondiale : la guerre. 

Notre sélection de ce mois-ci met en lumière l’idée que la guerre transcende souvent les perceptions habituelles. Au-delà des conflits militaires, elle se manifeste également sous la forme d’une violence dirigée contre la culture, les traditions et même l’identité des individus. Aujourd’hui, des territoires entiers sont touchés par la guerre. Le cinéma, avec sa capacité à capturer l’émotion et à aborder des sujets complexes, joue un rôle essentiel dans cette exploration. En réfléchissant au passé à travers le 7e art, nous sommes encouragés à examiner de manière critique les événements actuels.

1 – L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto, au cinéma le 1er mai. 
Avec Shuri, Mirai Moriyama, Oga Tsukao.
Pays : Japon

« L’Ombre du feu partage les thèmes explorés dans mes deux derniers films : Fires on the Plain et Killing. Comment la guerre affecte les gens. L’horreur abjecte d’ôter la vie. » Tsukamoto offre un éloge poignant à notre monde qui sombre dans les ruines de la violence et s’éloigne de la paix. Avec une mise en scène cinglée, un décor unique, et un jeu de lumière déstabilisant, Tsukamoto livre un récit perçant sur la perte de repère et la panique totale à la sortie immédiate d’une guerre. Un vrai film d’horreur psychologique !




2 – Même si tu vas sur la lune de Laurent Rodriguez, au cinéma le 1er mai.
Avec Sara Kontar, Ghaith Alali, Khairy Eibesh, Hasan Zahra, Emmanuel Charrier. 
Pays : France.

« Quand la France m’a donné le statut de réfugié, les vingt premières années de ma vie ont été détruites d’un coup », dira l’un des quatre réfugiés syriens suivi de près par Rodriguez. Les statuts se transforment en identités, la géopolitique se métamorphose en cause d’exil, qui à son tour devient une parenthèse, un écart, une distance par rapport à la société vers laquelle on se tourne en fuyant un pays en guerre. Cette construction narrative, centrée sur un temps et un espace de parole, témoigne d’une mutation et d’une dissociation intimes vécues par ces quatre individus.




3 – La Fleur de Buriti de João Salaviza et Renée Nader Messora, au cinéma le 1er mai. 
Avec Ilda Patpro Krahô, Francisco Hỳjnõ Krahô, Solane Tehtikwỳj Krahô. 
Pays : Brésil, Portugal

En tant qu’œuvre de fiction, ce film expose la dégradation de l’Amazonie due aux politiques capitalistes destructrices, en particulier sous le régime totalitaire de Bolsonaro et sa politique de déforestation. Il dépeint la guerre et la violence non seulement contre la Terre, mais aussi contre les peuples autochtones qui y vivent. Avec subtilité, Salaviza et Messora nous plongent dans une culture méconnue, offrant une expérience sensorielle et poétique qui sensibilise à la préservation de ces cultures ainsi qu’au militantisme pour une cause qui allie l’écologie à ses implications humaines et sociales.




4 – La Couleur dans les mains de Nora Hamdi, au cinéma le 8 mai. 
Avec Kenza Moumou, Marin Fabre, Mohammed Benazza. 
Pays : France

Yasmina, jeune artiste, femme et musulmane, se bat contre la bureaucratie française pour prendre son destin en main. À une époque où le terme « terrorisme » est souvent utilisé sans contexte, on comprend que le racisme et la logique colonialiste se manifestent désormais sous la forme d’une perte forcée d’identité. Comme le souligne Nora Hamdi dans une interview, « l’intolérance des racistes et des fanatiques religieux partage le même dénominateur : le rejet de la différence imposé par la violence ».




5 – La Mémoire éternelle de Maite Alberdi, au cinéma le 8 mai. 
Avec Augusto Gongora, Paulina Urrutia, Gustavo Cerati. 
Pays : Chili

Augusto, ancien présentateur du journal télévisé vit avec la maladie d’Alzheimer depuis plusieurs années. Journaliste et acteur de la révolution contre le régime de Pinochet, on le suit pendant son expérience de cette maladie. Ici, un grand travail sur la mémoire, la vie, et la mort est évoquée dans un récit rempli de douceur, d’humour, et de légèreté. On est rappelé que dans le combat de la vie quotidienne, malgré ses défis, peut être abordée avec une perspective différente, moins centrée sur la souffrance mais plutôt sur la résilience et l’émotion, une parallèle importante avec la psychologie des habitants d’un pays en guerre.




6 – Là où Dieu n’est pas de Mehran Tamadon, au cinéma le 15 mai. 
Avec Taghi Rahmani, Homa Kalhori et Mazyar Ebrahimi. 
Pays : France, Suisse.

Le réalisateur franco-iranien Mehran Tamadon, installé en France depuis les années 80, a réalisé plusieurs films en Iran, dont “Bassidji” (2009) et “Iranien” (2014), où il a confronté les partisans du régime islamique. Depuis 2014, menacé de ne plus pouvoir quitter l’Iran, il est interdit de retourner dans son pays. En 2023, il a invité trois compatriotes exilés en France, Taghi Rahmani, Homa Kalhori et Mayzar Ebrahimi, à témoigner devant sa caméra des tortures subies en Iran. Ici, les douleurs des corps et les traumatismes des esprits sont mis à l’épreuve pour contester un régime totalitaire qui privilégie la violence envers ses propres.




7 – Chien blanc de Anaïs Barbeau-Lavalette, au cinéma le 22 mai. 
Avec Denis Ménochet, Kacey Rohl, K.C. Collins. 
Pays : Canada

Dans “Chien blanc”, Anaïs Barbeau-Lavalette revisite le récit autobiographique de Romain Gary, sans pour autant offrir une transposition littérale. Les protagonistes du film sont le propre écrivain et Jean Seberg, incarnant une réflexion profonde sur le racisme et le privilège blanc, tout en interrogeant sur le rôle de chacun dans la lutte contre ces injustices. Alors que les tensions raciales se font sentir après la mort de Martin Luther King, le récit se concentre sur le sort d’un chien dressé pour attaquer les Noirs, mettant en lumière les efforts de réhabilitation de Gary et les actions militantes de Seberg. Le film, ponctué d’archives historiques, offre une narration poétique et émouvante, marquant les esprits et suscitant des discussions profondes sur ces thématiques toujours actuelles.




8 – Heroico de David Zonana, au cinéma le 22 mai.
Avec Santiago Sandoval Carbajal, Monica Del Carmen, Fernando Cuautle. 
Pays : Mexique.

Dans “Heroico”, le réalisateur mexicain David Zonana plonge les spectateurs dans l’univers oppressant et ambigu d’une école militaire réputée pour sa rigueur. Le film débute par un interrogatoire intense de Luis, le protagoniste, qui souhaite intégrer cette institution. Les questions de l’examinateur, sans réponses attendues, deviennent de plus en plus étranges. À l’intérieur de l’école, Luis est confronté à un traitement de faveur énigmatique de la part de ses supérieurs, tandis que ses camarades subissent des humiliations. Zonana maîtrise habilement la tension de cet environnement autoritaire, utilisant des codes visuels efficaces et bénéficiant d’un décor impressionnant. Le film captive en nous plongeant dans la beauté vénéneuse de l’école, tout en explorant les dynamiques de pouvoir et de soumission qui la régissent.




9 – Une Autre vie que la mienne de Malgorzata Szumowska et Michal Englert, au cinéma le 29 mai. 
Avec Malgorzata Hajewska, Joanna Kulig, Jacek Braciak. 
Pays : Pologne, Suède

Les films de Malgorzata Szumowska se caractérisent par leur regard scrutateur sur la société polonaise, souvent à travers des personnages marginaux. Dans “Une autre vie que la mienne”, l’histoire d’Aniela, une femme trans, est utilisée comme un prisme pour explorer les transformations de la Pologne post-communiste. Bien que le film soulève des questions légitimes sur la représentation et la légitimité des créateurs non trans à raconter cette histoire, il est salué pour son engagement en employant plus de cent personnes trans, un acte rare dans le contexte cinématographique polonais. Malgré ses imperfections, le film brille par son ambition poétique, sa mise en scène soignée et sa richesse visuelle, offrant un portrait intense et révélateur.




10 – La Belle de Gaza de Yolande Zauberman, au cinéma le 29 mai. 
Avec Talleen Abu Hanna, Israela, Nadine, Danielle, Nathalie. 
Pays : France, Palestine

“La Belle de Gaza”, dirigé par Yolande Zauberman, offre une immersion fascinante dans le monde méconnu des femmes transgenres à la Palestine occupée. Avec une intuition remarquable, la réalisatrice capture des portraits humains authentiques, révélant une quête profonde d’identité et de sens au milieu d’un contexte de conflit et de marginalisation. Filmant le conflit par l’intime, le film aborde des thèmes universels tels que l’amour et la résistance, en les ancrant dans la réalité spécifique du Moyen-Orient.

© Yolande Zauberman


Bon visionnage ! 

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