À la Villette, “Relative Calm” de Lucinda Childs et Robert Wilson
La première collaboration de la chorégraphe Lucinda Childs et du metteur en scène Robert Wilson remonte à 1976 avec la création de l’opéra Einstein on the beach. Depuis, les deux artistes se sont retrouvés régulièrement. Leur nouvelle pièce, présentée à la Villette dans le cadre de Chaillot nomade, est un triptyque composé de la reprise de Rise, mouvement d’un ballet de 1981 déjà intitulé Relativ calm et de deux créations sur des musiques respectivement d’Igor Stravinsky et John Adams. Elle est interprétée par le MP3 Dance project, compagnie italienne dirigée par Michele Pogliani, ancien danseur de la Lucinda Childs dance company à New York.
Il n’y a pas meilleure introduction au travail de Lucinda Childs que Rise, extrait de Relativ calm sur une musique de Jon Gibson. La phrase chorégraphique d’un duo, interprétée par 4 couples, est répétée en de multiples variantes jouant sur les directions et les décalages dans les départs. Sur le mur du fond, une vidéo trace des lignes comme une sorte de miroir conceptuel de ce qui se passe sur scène, alors qu’une boule métallique se déplace lentement mais inexorablement sur un câble au-dessus du plateau, apportant une nouvelle dimension à la pièce. L’une des caractéristiques du travail de Lucinda Childs est l’utilisation de la vidéo comme décor vivant qui structure l’espace et répond à la danse.
Dans Pulcinella, l’esthétique de Robert Wilson se fait plus présente. Le noir et blanc de Rise cède la place au rouge flamboyant et les accords minimalistes de Jon Gibbons, à la partition d’Igor Stravinsky. La pièce met en scène un personnage très théâtral au milieu de ce qui pourrait être sa cour. La danse se fait précieuse, avec des mouvements vifs, presque baroques. Sur la vidéo du fond de scène, des lignes obliques tracent l’image d’un œil, inspiré d’un dessin de Nijinsky.
L’esprit du danseur russe est présent dans Relative calm, grâce aux extraits de son journal, récités sur scène par Lucinda Childs, avant et après Pulcinella.
Dernière partie, Lumière sur l’eau, revient aux fondamentaux de la chorégraphe américaine, comme une symétrie de Rise par rapport à Pulcinella. Les enchainements répétés puis déclinés avec une rigueur diabolique sur une phrase musicale hypnotique créent un ensemble fascinant et surtout incroyablement cohérent. La boucle est bouclée.
Stéphanie Nègre
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