Zoom sur le travail du peintre chinois T’ang Haywen
La calligraphie et la peinture chinoise utilisent les mêmes outils : pinceaux ronds sur papier ou soie, encre et eau, cela est très similaire à l’aquarelle. En ce sens, les œuvres du peintre T’ang Haywen sont très impressionnantes. Son travail artistique est axé principalement autour de la calligraphie abstraite. Combinant les principes esthétiques et spirituels chinois, ainsi qu’une forme d’expressionnisme abstrait d’origine occidentale.
L’œuvre de T’ang Haywen
T’ang Haywen est un peintre chinois né en 1927 à Xiamen. Il a vécu à Paris à partir de 1948 jusqu’à sa mort en 1991. T’ang Haywen est considéré comme l’un des plus grands peintres français d’origine chinoise et fait partie de la seconde génération d’artistes chinois arrivés en France après la Seconde Guerre mondiale. L’art de T’ang Haywen se caractérise par une forte influence de la calligraphie et des principes du taoïsme. De ce fait, au sein de ses oeuvres se mêlent des influences à la fois orientales et occidentales, associant des principes esthétiques et spirituels chinois à une forme expressionniste abstraite. Une exposition consacrée à l’artiste s’est déroulée en 2002 au musée Guimet à Paris.
Philosophie de l’artiste
T’ang Haywen considère la peinture à l’encre de Chine comme un moyen de s’exprimer avec liberté.
“Mes peintures ne sont ni figuratives, ni abstraites, et elles n’appartiennent pas non plus à l’école néo-figurative. Cette classification est trop restrictive pour moi. Je recherche un art sans entraves, un art qui naît sans contraintes”.
Ses peintures illustrent la recherche de l’équilibre. Dans ces dernières œuvres il explore notamment la relation entre l’Homme, la nature et l’univers.
“La sagesse n’existe pas seulement chez les humains, mais dans tout ce qui existe dans l’univers”.
L’influence du Taoïsme et de la métaphysique
La pensée taoïste et la métaphysique ont fortement influencé la philosophie de T’ang Haywen. Ainsi que l’esthétique de son travail. Les cercles présentés dans ses peintures à l’encre sont comme la source d’énergie au centre de l’univers, libérant une puissance infinie. Le cercle est un reflet de la philosophie taoïste, de l’unité du ciel, de l’homme, et de l’unité des choses. Comme le dit la métaphysique taoïste : “le Tao engendre l’un, l’un engendre le deux et le deux engendre le trois”. Cela signifie que l’absolu provient du Tao, l’absolu donne à son tour deux autres éléments, le Yin et le Yang. Ils donnent quant à eux trois choses : l’Homme, le Ciel et la Terre. Ainsi, le Tao crée toutes les choses, et toutes les choses proviennent de l’un. Au travers de ses diptyques, T’ang Haywen souhaitait démontrer le concept de “un et deux, deux et un”. Deux tableaux distincts (un et deux) une fois associés forment une oeuvre unique (deux et un).
Le comportement de T’ang Haywen a aussi été profondément influencé par le taoïsme. Il considère la recherche de la gloire et de la fortune comme un obstacle à la poursuite du “Tao”. Il se détache donc des choses matérielles, laissant derrière lui l’argent et la célébrité pour une vie simple. Zhuang Zhou, l’un des textes les plus importants de la philosophie chinoise et porte justement sur la liberté des actions par la libération du monde humain (émancipation des normes, des conventions et des technologies).
Son travail combine l’approche réaliste de la peinture de paysage chinois avec l’approche émotionnelle de la peinture abstraite occidentale. À travers ses peintures, on ressent à la fois l’isolement, la liberté et le plaisir intérieur de l’artiste.
Plus précisément, les peintures de T’ang Haywen sont vives, l’utilisation du blanc et du noir est très présente ainsi que le contraste entre la réalité de l’Homme et la vitalité infinie de l’univers. De surcroît, les idées taoïstes dans ses œuvres sont clairement exprimées : nature, caprice, simplicité. Ces éléments transmettent l’esthétique orientale, tout en s’intégrant dans les techniques modernes de la peinture occidentale.
Propos de Ying MA
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