Nikola : le poète maudit des temps modernes
S’inscrivant dans l’univers du rap, Nikola se profile comme un poète maudit actuel, tissant des récits intimes et des confessions musicales qui saisissent droit au cœur.
Au-delà d’une thématique, la figure emblématique du poète maudit imprègne profondément sa musique en insufflant une nouvelle vie à l’art poétique. La diversité de ses chansons témoigne de sa polyvalence artistique, mettant en avant son talent certain à jongler avec les mots. Ces derniers se renouvellent constamment, prenant un nouveau souffle au rythme des rimes et portés par une verve inépuisable.
Dans son premier EP en 2021, Une saison en enfance, le poète moderne se place en héritier de l’âme rebelle et expressive de Jacques Brel. Avec Bohémien, il crée une symphonie de l’existence qui résonne comme un cri du cœur, à l’image d’une lutte intérieure à la fois personnelle et collective. Le morceau est une ode à la liberté ; l’épopée contemporaine d’un vagabond des temps modernes.
“Moi, j’sais pas dire c’que j’ressens, J’sais que parler en poème comme un bohémien”
L’artiste apparait comme nomade, errant entre les régions géographiques, les genres musicaux et les époques. Un voyage mélodieux qui délivre une descente en rappel vers son enfance et ses racines. Cette exploration de soi à travers l’art devient une quête spirituelle. Une danse avec les mots où la vérité se cache dans les recoins de chaque rime.
La quête de l’âme se poursuit de single en single et parmi eux, Zeta MNE émerge comme une mélodie résonant avec la fierté des ancêtres. Nikola, dans un lyrisme percutant, déclare une célébration de l’identité, une reconnaissance des racines tout en appelant à la tolérance et l’affranchissement de l’hostilité.
“Et j’sais qu’on se rencontre que loin de chez soi, j’fais ce que j’ai à faire et je rentre au pays, ce qui me fait tenir c’est l’orgueil de mes ancêtres, donc je te regarde dans les yeux, j’te dis : aime, haineux ! aime, haineux !”
Nikola continue de se frayer un chemin sur la scène musicale avec son deuxième EP 20 hivers et 1 printemps, sorti en ce début d’année. Il offre une perspective singulière sur les thèmes universels de l’existence et n’oublie pas d’aborder les maux de notre siècle avec un EP aux ambiances étonnamment enjouées : un pari risqué très réussi.
D’ailleurs, c’est particulièrement le cas de Madame, un morceau frappant qui transcende les frontières des musiques entraînantes. En effet, en chantant un amour qui plonge dans les eaux troubles d’une santé mentale noyée, il reprend le leitmotiv de la rupture amoureuse sur un air rock surprenant et joyeusement rythmée.
“Puis un jour, c’était plus la même, elle se tapait la tête contre les murs, elle me disait je suis malade, ouais je suis si laide, pis toi, t’façon moi j’te déteste car t’es la seule chose qui m’empêche de me jeter par la fenêtre”
Nikola ne s’arrête pas là puisque dans le même EP figure Y’a rien de plus chiant que la joie. Ce dernier au titre provocateur est pourtant révélateur de la parodie lucide qu’il dépeint du désenchantement actuel. Ce morceau devient une fenêtre ouverte sur l’âme de l’artiste et de son œuvre. Une exploration audacieuse des nuances de la psyché humaine à travers le prisme de la satire musicale. Il sonde ainsi la dualité de l’existence moderne, où même la félicité peut être étouffante.
Ses deux premiers EP parcourent l’humain et ses ressentis avec un lyrisme si particulier et une palette musicale si large qu’il parvient brillamment à se distinguer. Ses chansons sont des tableaux vivants, des poèmes en mouvement, qui affirment sa place en tant qu’artiste dont la voix résonne au-delà des frontières de la musique conventionnelle.
À travers les rues sinueuses de sa créativité, il devient l’héritier légitime d’une tradition artistique qui défie les conventions et élève la poésie du quotidien au rang d’œuvre d’art.
Son récent titre, Papier cigarette, vient de voir le jour et nous persuade de rester attentifs à ses futures créations ainsi qu’à la tournée actuellement en préparation.
Propos de Johanna O’Hayon
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