Quai de la Photo rend hommage à l’œuvre de Kate Barry avec l’exposition “My Own Space”
Du 15 décembre 2023 au 20 mars 2024, Quai de la Photo mettra en lumière l’œuvre de Kate Barry, “une photographe discrète à l’art sensible qui a vécu dans l’ombre des stars, en particulier de sa mère Jane Birkin”*. Quai de la Photo souhaitait lui rendre hommage à travers une rétrospective, l’occasion de faire découvrir l’œuvre parfois méconnue de Kate Barry, pour le 10e anniversaire de sa disparition en 2013 à l’âge de 46 ans. Cette exposition se propose de “montrer la diversité de son œuvre” explique Sylvain Besson, commissaire de l’exposition.
L’ouvrage My Own Space (Mon propre espace) de Sylvain Besson paru cette année aux Éditions de La Martinière a donné son nom à l’exposition de la photographe au musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône, auquel la famille a confié l’intégralité de ses négatifs, ses planches-contacts, ses archives numériques, une large sélection de tirages (le complément étant accueilli par la Bibliothèque nationale de France). Le musée Nicéphore Niépce partage aujourd’hui l’exposition « My Own Space » avec Quai de la Photo pour permettre au public parisien de découvrir l’œuvre fragile et poétique de Kate Barry.
Cette exposition de 80 photos occupera les deux niveaux de Quai de la Photo durant plus de 3 mois et s’articulera en deux temps : du 15 décembre au 5 février puis du 7 février au 20 mars. L’occasion de découvrir toute l’étendue du travail de Kate Barry à travers ses projets emblématiques et ses thèmes de prédilection : les paysages mélancoliques, la mode, les portraits et notamment le regard qu’elle portait sur sa famille…
“Elle doute, on tremble, elle tourne autour, chancelante et téméraire à la fois. Ses décors sont souvent désolés, les poses, les vêtements et la température ne sont pas agréables, cela ne l’intéresse pas, peut-être y a-t-il un désir que cela soit inconfortable.
Elle rit brusquement, elle malmène avec tendresse, elle balaye poses et réflexes usés. On comprend que ce qui se jouera là, si on réussit, nous avec elle, c’est une rencontre, c’est un portrait absolu, c’est notre sensible devenu signifiant. Elle fait table rase des gimmicks, elle efface la caricature.
C’est Vanessa délestée de cheveux, de style, c’est le regard de Laetitia, le corps oublié… C’est le doute d’Emmanuelle. C’est le Fellini d’Amira.
KB nous a révélé à tous ce que nous nous étions caché à nous-mêmes, ne se contentant jamais d’autre chose que simplement l’absolu.” Lou Doillon
L’œuvre de Kate Barry vue par Sylvain Besson
Principalement connue pour ses portraits de figures issues des mondes de la musique, du cinéma et de la mode qu’elle photographie dans le cadre de commandes pour la presse, Kate Barry s’affirme comme une photographe complète, qu’on ne peut circonscrire à cette seule pratique. Surtout, Kate Barry évolue au sein d’un environnement familial où l’image (et en particulier la photographie) est omniprésente.
La photographie est un objet qui nous fascine et nous entoure. Tout le monde “en fait” ou en “croise”, pour différents motifs et sous différentes formes, parfois sans même y réfléchir. La photographie comme acte du quotidien que chacun pratique aujourd’hui avec un smartphone, objet hybride, à la fois téléphone, console de jeu, caméscope, entrée vers des réseaux sociaux, synthèse idéale et fantasmée de l’industrie numérique. Acte du quotidien donc, intime ou destiné à une diffusion en apparence sans contrainte, simple pense-bête ou compilation de traces visuelles de moments importants, tout du moins signifiants. La photographie comme acte professionnel et mercantile, répondant à une commande et voué à une diffusion plus ou moins large : photographies de mariage, de baptême, de famille, de voyage, de presse, destinées à la publicité, à l’édition…
La photographie comme acte artistique enfin, destiné à interroger le monde, à être exposé et/ou vendu, à émouvoir. La photographie comme source de débats sans fin voire irrésolubles (noir et blanc versus couleur, argentique versus numérique, format standard versus format “tableau”) et, disons-le, sans objet, tant cette classification sommaire, arbitraire, voire naïve tombe lorsqu’on considère un fonds de photographe dans sa plénitude, qu’il soit celui d’un amateur, d’un professionnel ou d’un artiste.
À ce titre, le fonds de Kate Barry est exemplaire : en son sein, la porosité entre ces frontières fragiles n’a jamais paru plus flagrante.
À propos de Kate Barry
Kate Barry débute sa carrière de photographe en 1996. Les commandes pour la mode et les magazines font sa renommée et son œuvre participe à la construction de l’imaginaire d’une époque [campagne mère-fille pour Comptoir des Cotonniers en 2003-2006, portraits d’actrices lors de la sortie du film 8 femmes de François Ozon en 2002, etc.].
Jusqu’alors environnée de photographies et de producteurs d’images de toutes sortes, elle-même modèle pour ses propres créations de mode, Kate Barry s’installe rapidement à partir de 1996 comme une photographe qui compte : son accès privilégié à certaines personnalités ainsi que l’univers visuel singulier qu’elle sait créer et qui lui est propre achèvent de convaincre nombre de commanditaires et de modèles de faire appel à elle.
Malgré les contraintes des commandes, la photographe impose son regard, ce qui l’autorise à développer des projets plus personnels. À l’opposé du clinquant des magazines, des impératifs des commandes et de la surmédiatisation de sa famille en tant que fille de John Barry et de Jane Birkin, Kate Barry propose des atmosphères dépouillées, faites de poésie et de subtilité, à la fois mélancoliques et oppressantes. Kate Barry construit une œuvre délicate, fragile, suscitant l’introspection. Ses proches évoquent ses paysages comme étant son « vrai » travail photographique, le plus proche de sa personnalité, celui où ses inquiétudes et ses silences s’expriment le mieux.
“La photo n’a pas été une évidence. Loin de là. […] C’était un plaisir que je ne voyais pas. Je me suis fait plaisir plus tard, quand cette notion a pris de l’importance, quand il a fallu construire à nouveau. J’ai pu créer mon espace, un espace à moi.” Kate Barry, entretien avec Léo Scheer (2005)
*AFP – 19/09/2023Vernissage public le vendredi 15 décembre à partir de 18h
[Source : communiqué de presse]
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