Retour sur quelques acquisitions des musées français en 2023
Vous avez coché tel ou tel autre musée sur la liste de ceux à voir absolument, et vous estimez cette visite suffisante ? Il se peut que vous vous trompiez : les collections évoluent afin que vos découvertes soient infinies.
Les musées réfléchissent en permanence à des façons de rester attractifs, ce qui passe inévitablement par l’enrichissement de leurs collections. Il existe différentes manières de faire entrer de nouvelles œuvres dans les musées : le don de collectionneurs privés, d’artistes eux-mêmes, le soutien de mécènes, ou l’achat. Retour sur quelques acquisitions marquantes de cette année 2023, qui vous donneront peut-être envie de (re)découvrir certains de nos grands musées français.
Un objet remarquable pour le Louvre
Le 28 février 2023 s’est terminée la dernière campagne “Tous Mécènes”, qui a été déterminante dans l’acquisition de la Tabatière Choiseul par le Musée du Louvre. Au lancement de la campagne, le Louvre cherchait 1,2 million d’euros.
Bien que cette tabatière ne mesure que 8 x 6 cm, les représentations (réalisées à la gouache) y sont si fines que l’on regrette presque qu’elles soient dédiées à un ministre finalement disgracié… Cet objet reste tout de même un remarquable témoin des savoir-faire du XVIIIe siècle. En effet, la délicate collaboration entre un miniaturiste et un orfèvre fait de la Tabatière Choiseul l’un des objets d’art français les plus célèbres au monde. Elle est désormais visible au 1er étage de l’aile Sully (salle 609).
Plus récemment et sans appel à la contribution du tout public, le Musée du Louvre aura la chance d’ajouter à ses murs Le Christ moqué de Cimabue. Cette peinture sur bois du XIIIe siècle a été découverte fortuitement dans une maison de l’Oise. Après étude par des experts, le ministère de la Culture en avait promis l’acquisition. Le bruit court d’une exposition pour 2025.
Les achats NFT du Centre Pompidou : précurseurs ou simplement dans leur temps ?
Le monde de l’art est secoué par les questionnements au sujet des intelligences artificielles. Certains se sont donc étonnés qu’au mois de février 2023, le Centre Pompidou ait fait une acquisition assez particulière : 18 œuvres numériques – dont 16 NFT. De quoi alimenter sa collection “nouveaux médias”. Parmi les artistes, treize, dont Claude Closky, Émilie Brout et Maxime Marion, sont français. Le choix a également été fait avec un regard à l’international : la collection NFT du Centre Pompidou contient donc notamment des œuvres de John Watkinson et Matt Hall. Travaillant ensemble, ces deux américains ont largement contribué à la reconnaissance des NFT auprès du grand public. Leurs “Cryptopunk” vous diront sans doute quelque chose…
Le Centre Pompidou devient alors la première institution à posséder des œuvres au format NFT. Avant d’être exposées, la plupart étaient déjà accessibles sur le net. On voit alors transparaître ici l’un des grands enjeux qui se posent pour les musées aujourd’hui : rester attractifs malgré la possibilité de voir les œuvres depuis chez soi. Cela laissera-t-il place à des innovations dans l’espace d’exposition ? Pour le savoir, rendez-vous au 4ème niveau du musée (salles 32 et 33) jusqu’au 22 janvier 2024.
La Biennale d’Art Contemporain : l’occasion de se renouveler pour le Musée d’Art Contemporain de Lyon
À Lyon, chaque édition de la Biennale d’Art Contemporain est l’occasion d’aller à la rencontre des œuvres qui constitueront peut-être l’Histoire de l’Art de demain. Mais que deviennent ces travaux à l’issue de l’événement ? Certains retournent aux mains des artistes, d’autres partent chez des collectionneurs. D’autres encore entrent dans des collections publiques.
C’est ainsi que le MAC Lyon a cette année enrichi ses réserves, non seulement avec des œuvres que lui ont offertes les artistes ou des mécènes, mais également par des acquisitions. De quoi donner envie de retourner déambuler dans les salles du musée. Son parti pris est d’ailleurs attrayant : quoi qu’il en soit de l’enrichissement de ses collections, les œuvres sont présentées au public au gré des expositions temporaires !
La prochaine Biennale d’art contemporain de Lyon aura lieu à partir de septembre 2024.
De l’inspiration littéraire au musée des Beaux-Arts de Bordeaux
Cette année, les bordelais ont eu de quoi entendre parler de Montaigne ! Deux événements notables ont rendu hommage au philosophe. Le 18 mai 2023, “L’exemplaire de Bordeaux” des Essais, conservé à la Bibliothèque Mériadeck, a intégré le registre “Mémoire du Monde” de l’Unesco. Quelques mois plus tard, la ville de Bordeaux a acheté la toile de Fleury Richard Le Tasse en prison visité par Montaigne. Elle est désormais exposée au musée des Beaux-Arts.
Vers 1822, dans son style caractéristique de l’école lyonnaise, Fleury Richard représente la scène de rencontre entre le poète italien Le Tasse et Montaigne. Ce dernier lui rendait visite à l’hôpital de Ferrare, où Le Tasse était enfermé car jugé aliéné. Montaigne lui-même a raconté cette entrevue au chapitre XII de ses Essais – l’occasion de réfléchir aux thèmes de l’amitié et de la folie. Sous les pinceaux de Fleury Richard, la scène nous donne envie de poursuivre notre visite du musée par un détour à la bibliothèque, afin de se plonger dans les écrits des deux auteurs.
Un voyage surréaliste au Musée d’Arts de Nantes
Le Musée d’arts de Nantes remet en question notre perception du réel en acquérant une œuvre surréaliste. Après avoir été visible dans une exposition temporaire, la peinture La Physique amusante de Pierre Roy vient tout juste d’intégrer la collection du musée. Sur la toile, les objets se confrontent sans logique apparente. Nous nous demandons sur ce qui peut bien les lier. Certains nantais sont peut-être déjà familiers du travail de Pierre Roy : le Musée d’arts possédait déjà plusieurs de ses peintures et œuvres sur papier. Un corpus assez représentatif du mouvement surréaliste pour qu’une visite au musée se transforme en exploration de la psyché.
Qu’attendre pour 2024 ?
Vous aimeriez contribuer à l’enrichissement des collections de vos musées préférés ? C’est possible ! Des appels à contributions publiques sont toujours en cours.
Le MAC Lyon se lance par exemple dans l’acquisition d’une peinture que l’artiste Sylvie Selig elle-même n’a pas encore vu dans son intégralité, au vue de ses dimensions considérables (140m de long). Le musée espère donc réunir 100 000 € d’ici le 29 novembre 2023. Vous joindrez-vous à cette aventure pour admirer River of no Return ?
Le Musée du Louvre souhaite quant à lui atteindre les 1,3 millions d’euros avec une nouvelle campagne “Tous Mécènes !”, qui devrait permettre au Panier de Fraises de Siméon Chardin d’entrer dans les collections publiques. En attendant d’avoir obtenu tous les fonds, le tableau est déjà visible au 2ème étage de l’aile Richelieu (salle 831).
Propos de Coralie PERRAULT
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