L’exposition “Une pierre derrière soi” de l’artiste Fabien Merelle à la galerie By Lara Sedbon
L’héritage. Notion centrale dans le travail de Fabien Merelle, elle scande l’exposition “Une pierre derrière soi”, qui a lieu à la galerie By Lara Sedbon du 5 octobre au 18 novembre 2023. Première exposition personnelle de l’artiste, en galerie, depuis cinq années.
Un héritage multiple puisque cette exposition offre un nouvel écho à l’installation des œuvres de Fabien Merelle au cœur de l’Abbaye Royale de Fontevraud qui s’achève en septembre. Augmentée de dessins, elle propose une lecture enrichie des pierres et sculptures présentées dans le chœur de l’église abbatiale.
Avec cette exposition, la notion d’héritage investit tout l’espace de la galerie en permettant d’accéder, de façon complète et réflexive, à la démarche artistique de Fabien Merelle. Elle débute à travers le mythe de Deucalion et sa femme, Pyrrha, évoqué dans le titre. Ces derniers, seuls survivants d’un déluge ordonné par Zeus pour punir la méchanceté des hommes, sont guidés par les paroles d’un oracle les sommant de « jeter derrière eux les os de leur grand-mère ». Comprenant qu’il s’agit d’un symbole, les deux personnages amassent des pierres qui donnent naissance à une nouvelle génération d’hommes et de femmes, repeuplant ainsi l’humanité en péril.
Ici, la grande sculpture de Samuel, jeune fils de l’artiste, tient précisément, dans le creux de sa main, une pierre, symbolisant peut-être cet avenir réenfanté. Cette pierre, qu’il a trouvée à la montagne, sur le lieu de pèlerinage de ses ancêtres, le sanctuaire de Canneto, enferme aussi l’origine, la matrice, qu’il fait sienne.
Plus loin, Estelle, la femme de l’artiste, enceinte, semble confirmer cette hypothèse, alors que Fabien lui-même, dans un autre dessin, porte une immense pierre sur son dos. Car cet héritage peut être lourd et faire ployer. En effet, une des œuvres se compose de Fabien et Samuel, père et fils, marchant au milieu des ruines. Ce territoire personnel détruit représente le passé italien de Fabien dont il transmet l’histoire douloureuse à ses enfants. Aussi, ces pierres sont-elles autant de capsules mémorielles qu’ils sont invités à saisir pour acquérir la liberté.
Cette liberté à écrire investit les pierres blanches, vierges de dessins et égrenées dans plusieurs recoins de l’exposition. Ces “pierres devant soi” appellent à vivre autre chose, en conscience d’un héritage à réinterpréter, à réécrire de façon vivante à l’image d’Ovide dans ses Métamorphoses. Étrangement, le poète latin est originaire du centre de l’Italie, tout comme Fabien Merelle et l’histoire de cette exposition qu’il appartient à chacun de continuer.
Commissariat d’exposition : Alain Quemin
[Source : communiqué de presse]
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...