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À la Villette, “MOMO” la dernière création d’Ohad Naharin

MOMO d’Ohad Naharin © ASCAF

La Batsheva Dance Company est de retour à Paris. Avec “MOMO”, Ohad Naharin, directeur de la compagnie, fait le pari et la surprise de deux chorégraphies imbriquées à l’esthétique radicalement différente.

Alors que, côté salle, les lumières sont encore allumées, quatre hommes, torse nu et vêtus d’un ample pantalon de travail, entrent en scène. D’un pas lent, ils traversent le plateau et cette “simple” déambulation captive déjà l’attention. Le quatuor qui suit une chorégraphie d’Ohad Naharin, extrêmement cohérente et rigoureuse, va former comme le fil conducteur de ce ballet parmi la singularité portée par le second groupe des danseurs.

MOMO d’Ohad Naharin © ASCAF

Ces derniers, cinq femmes et trois hommes, aux costumes tous différents, prennent successivement possession de la scène, avec des solos explosifs. Chaque chorégraphie – autre spécificité de MOMO – a d’abord été conçue par son danseur puis ajustée à la marge par Ohad Naharin pour la finalisation de la pièce. À la fois auteur et interprète de leur partition, les danseurs du second groupe maîtrisent parfaitement le langage chorégraphique d’Ohad Naharin mais y amènent leur propre univers. Ainsi, sur une barre posée au centre de la scène, Londiwe Khoza se livre à un solo de toute beauté, aérienne dans une sorte de pole dance à l’horizontal tandis que des attitudes d’Ohad Mazor nous transportent sur les bords du Lac des cygnes.

MOMO d'Ohad Naharin © ASCAF

MOMO d’Ohad Naharin © ASCAF

À un moment, les danseurs mettent en place des barres sur la scène pour nous donner à voir un cours d’échauffement mené tambour battant. Avec sa force tranquille, le quatuor masculin est un repère de stabilité au milieu du tumulte. Dans MOMO la superposition des chorégraphies se déploie également sur deux dimensions : horizontale, sur le plateau, et verticale avec le fond de scène constellé de poignées permettant aux danseurs de l’utiliser comme support.

MOMO d’Ohad Naharin © ASCAF

La musique, faite de compositions électro d’Ohad Naharin et d’extraits de Landfall de Laurie Anderson et de Metamorphosis de Philip Glass, nimbe l’atmosphère de mystère.

Ce mystère, les danseurs savent le cultiver notamment quand ils se figent, la main levée et le visage impassible, comme pour nous interpeler. Poétique, étonnant, détonnant, dérangeant, fascinant, MOMO est tout cela mais surtout, en résumé, un véritable coup de maître chorégraphique.

Stéphanie Nègre

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