“Mozart mon amour” : un savoureux hommage au génie de la musique
Wolfgang Amadeus Mozart fut un génie musical très précoce mais aussi celui dont la vie s’acheva le plus tôt. C’est aussi celui qui traduisit le mieux les sentiments et les passions dans des formes aussi variées que limpides, d’une simple sonate à un opéra. Christophe Barbier lui rend un hommage savoureux grâce au talent vocal de la soprano Pauline Courtin et à la virtuosité du pianiste Vadim Sher, à travers le filtre de celui qui fut un grand admirateur du compositeur et son biographe, Georg Nikolaus von Nissen. Un spectacle aussi réjouissant que surprenant.
Une histoire méconnue
En 1791, à l’âge de trente cinq ans, Mozart s’éteint en pleine composition de son Requiem, que son assistant Franz-Xavier Süssmayer, ancien élève d’Antonio Salieri, a finalement achevé. Constanze, sa jeune femme de vingt neuf ans, se retrouve seule avec ses enfants et les dettes familiales, alors que son génie de mari est loin d’être reconnu à sa juste mesure à Vienne. Deux ans plus tard, Georg Nikolaus Von Nissen, un diplomate danois en poste à l’ambassade de Vienne, découvre la musique de Mozart et se passionne pour cette œuvre immense, au point de se lier d’amitié pour Constanze et de l’épouser treize ans plus tard. Cette union, dont l’amour unique reste Wolfgang Amadeus pour tous les deux, aboutira à la première biographie du compositeur que Von Nissen écrira avec l’aide de Constanze et de la sœur aînée de Wolfgang, Nannerl.
Une musique nourrie de beaucoup d’amour et d’humour
Dans cette biographie nourrie de très nombreuses lettres que Wolfgang écrivait à son père et à sa femme, on retrouve ce qui fait l’originalité de la personnalité du compositeur et de son œuvre, un goût ardent pour la vie, pour l’amour et pour les blagues, une manière de brûler l’existence par les deux bouts à mesure que son succès se répandait et que les commandes affluaient. Le journaliste, comédien et auteur Christophe Barbier a composé, autour du trio Von Nissen, Süssmayer et Constanze, un formidable hommage à Mozart dans ce que sa vie et sa musique ont de plus brûlant, de plus immédiat. Il campe un Von Nissen docte, vivace et désireux avant tout de faire connaître la vie et l’œuvre du compositeur. Le diplomate s’adresse à nous comme s’il devait défendre une réputation malmenée à la Cour de Vienne et que le nouveau règne de François Ier, empereur d’Autriche, devrait réparer. A ses côtés, le pianiste et compositeur Vadim Sher incarne le pauvre Süssmayer, malmené et ridiculisé par Wolfgang, tandis qu’il accompagne la soprano Pauline Courtin, qui joue Constanze, dans un florilège d’airs plus joyeux et plus déchirants les uns que les autres.
De “La petite musique de nuit” au “Requiem”
Et voici que dans cette petite salle du Poche-Montparnasse, dont les sièges sont agencés en demi-cercle autour du plateau, l’âme de Mozart se met à chanter, à danser, à vivre. Il faut dire que Pauline Courtin possède la fraîcheur et la grâce d’une toute jeune épouse, amoureuse et excellente cantatrice, dont les aigus clairs, la vélocité et la franchise du timbre ravissent les spectateurs. A ses côtés, le pianiste Vadim Sher est comme toujours un parfait interprète qui mêle la virtuosité du concertiste à la fantaisie de l’acteur. Et nous naviguons en musique de L’Enlèvement au sérail aux Noces de Figaro, de Don Giovanni à Cosi fan tutte en passant par La Flûte enchantée ou l’adagio du Concerto n°23 pour piano, avec comme fil conducteur le récit imagé du narrateur Von Nissen. Un moment de plaisir musical autant qu’une traversée de la vie d’un génie à l’intelligence facétieuse et bouleversante.
Hélène Kuttner
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